La composition du nouveau gouvernement marocain n’a pas vraiment apporté du nouveau. Du sang neuf peut-être… Et, surtout, des niveaux d’instruction assez élevés… Le gouvernement compte des Docteurs en science politique et en gestion, des centraliens et des polytechniciens. Des têtes pensantes regroupées dans de grands pôles. Mais le caractère hétérogène demeure l’aspect frappant de cette nouvelle formation. Chose tout à fait normale quand on pense que Saad Eddine El Othmani a dû faire beaucoup de géométrie pour parvenir à satisfaire les convoitises de six partis politiques. D’où, cette démultiplication des valises ministérielles. C’est le résultat logique d’un système électoral qui ne permet pas à un parti d’acquérir une majorité confortable et donc de créer un gouvernement homogène et ramassé.
En fait, estiment les analystes, le gouvernement compte moins de ministres que le précédent. On a opté plutôt pour les ministres délégués et les Secrétaires d’Etat. Quant à la parité, elle a pris un sacré coup, en ce sens que sur les 39 membres de la formation gouvernementale, il n’y a que 9 femmes dont une seule est ministre, alors que les huit autres sont Secrétaires d’Etat.
Pour ce qui est de la répartition, le PJD hérite de 12 départements ministériels sur les 39 que compte ce gouvernement. Hormis l’Équipement et l’Énergie, il s’est contenté de portefeuilles à caractère sociaux. Signe que les négociations avec les autres partis ont été difficiles et qu’il a dû faire beaucoup de concessions.
Pour diriger l’Emploi, le parti a choisi Mohamed Yatim, ancien secrétaire général de son aile syndicale, l’Union nationale du Travail du Maroc (UNTM), qui sera aux prises avec les autres centrales syndicales. Sa tâche ne sera pas facile dans ce département à problèmes.
Mustapha Ramid, ministre d’État chargé des Droits de l’homme, a gagné en grade mais il a perdu le ministère de la Justice.
Le RNI est, fait-on aussi remarquer, incontestablement, le grand vainqueur des tractations. Le trio Akhannouch, Boussaid et Elalamy, s’est adjugé les départements ministériels les plus importants (Agriculture, Commerce et industrie, Économie et finances), sans parler de la Justice, revenue à Mohamed Aoujjar.
Autre caractéristique de ce gouvernement: si, sur les 39 ministères, 12 ont un seul maître à bord, les autres devront composer avec des Secrétaires d’Etat qui, dans la plupart des cas, sont de tendance politique autre que celle du ministre. D’autre part, Mohammed Hassad, Aziz Akhannouch et Mohamed Sajid, ont hérité de gros portefeuilles ministériels annonçant le retour des méga-ministères. Cette équipe gouvernementale voit aussi l’entrée de quelques jeunes qui vont faire leurs classes auprès des seniors. Rkia Derham, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Industrie, chargée du commerce extérieur, Lamia Boutaleb, secrétaire d’État, chargée du tourisme, Othmane El Ferdaous, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Industrie, chargé de l’investissement et Nezha El Ouafi, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Énergie, chargée du développement durable. Enfin, le secrétariat général du gouvernement a été attribué à Mohamed El Hajoui, ancien secrétaire général de la Primature.
Hamid Dades