Le musée Yves Saint Laurent de Marrakech a rouvert, le week-end dernier, ses portes au public après une période de deux mois et demi de fermeture en vue de préparer une nouvelle exposition temporaire.
Cette structure muséale, qui avait ouvert ses portes à l’automne 2017 à proximité du célèbre Jardin Majorelle, a choisi de lancer sa nouvelle saison culturelle de la plus belle manière, avec au menu une exposition inédite intitulée « Une amitié marocaine ».
Dans sa salle d’expositions temporaires, pensée comme une vitrine culturelle et artistique, le Musée Yves Saint Laurent Marrakech poursuit ainsi une programmation qui met particulièrement à l’honneur la création moderne et contemporaine, notamment au Maroc.
Le public est donc invité à découvrir pendant près de six mois, une exposition qui explore l’amitié et les sphères d’inspiration communes à trois couturiers de renommée internationale : Tamy Tazi, Fernando Sanchez (1935-2006) et Yves Saint Laurent (1936-2008), qui partagent une même passion pour le Maroc, ses couleurs, son exubérance et le foisonnement de ses richesses.
Dans une déclaration à la MAP, la commissaire de l’exposition, Mouna Mekouar, a souligné que cet événement artistique se veut un témoignage de l’amitié entre ces trois artistes, qui ont partagé un même intérêt et une même passion pour le savoir-faire et le patrimoine marocain.
Il s’agit aussi de montrer comment Tamy Tazi les a introduits dans ce patrimoine en leur montrant de la broderie et tous les savoir-faire marocains et comment ensemble ils vont transformer le vestiaire masculin (jabadour, bournous, saroual et autres vêtements masculins marocains) pour en faire des vêtements féminins pour donner une place plus importante à la femme au sein de la société marocaine et occidentale, a-t-elle expliqué.
Et de poursuivre que l’exposition témoigne également de l’importance de la broderie ancienne, le renouvellement des codes de la broderie marocaine, notamment le caftan, dans lequel Tamy Tazi va énormément puiser et montrer comment la couleur va jouer un rôle très important pour les trois puisque c’est grâce à la couleur qu’ils vont transformer leurs manières d’appréhender le caftan, la robe, et de créer finalement tout un nouveau vocabulaire.
Selon les responsables de ce musée, cette exposition, la première à confronter les regards de ces trois artistes et à évoquer les moments clefs de ce dialogue qui a commencé dès la fin des années 1960, réunit un ensemble d’œuvres maîtresses parmi les plus représentatives de leurs recherches comme de leur complicité.
L’exposition souhaite ainsi refléter cette amitié et cette passion marocaine qui les anime.
En hiver 1966, Yves Saint Laurent visite Marrakech pour la première fois; le coup de foudre est immédiat. Dès lors, il s’y rend plusieurs fois par an et ce, jusqu’à la fin de sa carrière, pour se ressourcer mais aussi pour y dessiner ses collections.
Tamy Tazi, consacrée un an auparavant comme un symbole de modernité et d’élégance marocaine dans l’influente revue « Vogue », est l’une des toutes premières amitiés que Yves Saint Laurent noue au Maroc.
Quant à Fernando Sanchez et Yves Saint Laurent, ils se sont connus, jeunes hommes, à l’École de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne, et sont restés proches toute leur vie.
Alors que les trois amis vivaient respectivement à Casablanca, New York et Paris, ils se retrouvaient régulièrement à Marrakech, partageant la même fascination pour la richesse du répertoire décoratif marocain.
En effet, Yves Saint Laurent a revendiqué haut et fort l’influence du Maroc dans sa création. Il a su s’approprier mais aussi réinventer le burnous, le saroual, et d’autres vêtements traditionnellement masculins, pour dessiner de nouvelles silhouettes féminines.
Il a su aussi emprunter au Maroc ses couleurs mélangeant des tons vifs et chauds à d’autres plus sobres.
« On ne peut comprendre l’itinéraire riche et foisonnant de l’œuvre de Yves Saint Laurent sans tenir compte de son amitié avec Tamy Tazi et Fernando Sanchez, entretenue pendant 40 ans », lit-on dans une note de présentation de ladite exposition. Leurs œuvres, qui entrent souvent en résonance les unes avec les autres, en témoignent. Tamy Tazi a, de son côté, su réinventer le caftan, en lui donnant une silhouette plus élancée et plus affinée, offrant aux femmes une aisance nouvelle, tout en soulignant leurs lignes. Elle en élargit le répertoire, en jouant tant des codes vestimentaires que de la variation des formes et des couleurs.
LR/MAP