Après la galerie, les éditions, le centre d’art de Marsam: «L’Usine», un musée de l’estampe devrait voir le jour.
Pour célébrer ses 40 ans, Marsam, galerie d’art contemporain, organise une exposition intitulée: «Une vie». Du 10 au 30 juin, la galerie Marsam à Casablanca accueillera cette exposition, fruit de 50 ans de collection réunissant les œuvres de 12 artistes naïfs: Mohamed Benallal, Chaïbia, Fatna Gbouri, Fatema Hassan, Ait youssef Said, Ait Youssef Mohamed, Fatema Najem, Bannour, Bachir Ben Allal, Sidi Ali Bahaddi, Fatima Louardighi et Cherrad. Pour Zineb Abderrazik Chraïbi, l’adjectif «naîf» est réducteur, voire impropre: «Il s’agit, me semble-t-il de présentation première, libre de toute norme ou contingence académiques, pure expression de l’artiste autodidacte, de sa vision du monde et de ses propres émotions. Et l’art contemporain, dans sa quête de vérité et de liberté crédibilise, respecte et va jusqu’à sublimer le spontané spécifique, quasi originel. Rappelons aussi qu’à l’aube des temps, l’homme a toujours été soucieux de laisser des traces, de marquer l’espace. Les peintures rupestres, les gravures sur les roches calcinées, ou au cœur des grottes humides, sous les sables mouvants, attestent de ces gestes initiatiques spontanés permettant la relecture du monde, déterminant la communication, forgeant l’écriture.
Et la thématique qui nous préoccupe maintenant se situe dans le droit fil de ce désir impérieux de perpétuer une mémoire, de chanter un mode de vie, de pérenniser un quotidien. Quoi de plus universel et de plus spécifique à la fois, selon des facteurs historiques, anthropologiques ? Et pour illustrer le propos, référons-nous à quelques artistes, prédécesseurs: Mohammed Ben Ali R’bati, Mohammed Ben Allal, Abbes Saladi… Et bien d’autres. La liste ne saurait être exhaustive. Tous autodidactes, plus amoureux de la couleur et plus poètes que techniciens. Ces peintres dits « naïfs » durent tâtonner et se hisser progressivement, d’enchantement en ivresse, à la conquête des traits et des formes…», précise Zineb Abderrazik Chraïbi.
Centre d’art/ Usine
Après 4 années de chantier, ce projet de réhabilitation est en train de se développer. Il s’agit du Centre d’Art/ L’Usine/ situé à Aïn Sebaâ, initié par la fondation Chraïbi Abderrazik. C’est une ancienne fabrique de construction métallique des années 40, réhabilitée en espace d’art, de réflexion, de création artistique, mais aussi en lieu de rencontre. Une reconsidération de l’espace à permis de doter la nouvelle structure d’ateliers d’estampes, d’un centre d’exposition, d’un laboratoire de recherche et d’une résidence d’artistes. Les initiateurs de ce projet ont veillé à garder l’âme de cette usine en maintenant présentes son architecture et ses ambiances. Les machines ont également été préservées à leur place, comme pour servir de témoins ou de relai. Le hangar et les différents postes sont demeurés tels quels et servent aujourd’hui à abriter les différentes expositions et activités culturelles. Considéré comme plateforme de transmission de savoir entre professionnels, ce centre ne se limite pas à l’univers des arts plastiques mais se veut accessible aux autres formes de disciplines, telles que la photographie, la sculpture, la vidéo, l’art numérique, le design, l’architecture, la mode, les arts de la scène et la musique… A rappeler que la fondation Chraïbi Abderrazik est initiée par Zineb Abderrazik et Rachid Chraïbi qui ont fondé en 1975 la galerie Marsam ainsi que les ateliers d’estampes et la maison d’édition.
Bouchra Elkhadir
Le Projet pédagogique «Mes personnages»
La Galerie d’Art Marsam et la Fondation Chraïbi-Abderrazik ont organisé récemment des Ateliers pédagogiques au Centre d’Art / L’Usine autour de leur collection d’art naïf marocain. Cette expérience organisée, en partenariat avec les écoles Anatole France, Massignon et Jules Verne, a permis à plus de 400 élèves de quatre à quatorze ans de rencontrer les œuvres de Mohamed Benallal, Chaibia, Fatna Gbouri, Fatema Hassan, Ait youssef Said, Ait Youssef Mohamed, Fatema Najem, Bannour, Bachir Ben Allal, Sidi Ali Bahaddi, Fatima Louardighi et Cherrad. Puis ils se sont exprimés à leur tour, sur la thématique «Mes personnages», avec un matériel et un encadrement professionnels. Leur travail a été photographié et filmé. L’expérience s’est clôturée les 12, 13 et 14 mai par une exposition de leurs œuvres à la galerie d’art Marsam, côte à côte avec celles des artistes confirmés.