L’Afrique est appelée à se doter de mécanismes de gestion des crises et des conflits plus efficaces, ont affirmé, jeudi à Tanger, des responsables et hommes politiques africains dans le cadre de leur participation au Forum MEDays 2022 (2-5 novembre).
Durant un panel de haut niveau placé sous la thématique des « crises sécuritaires et instabilités en Afrique : Quelle architecture de paix, de sécurité et de stabilité pour le continent ? », les différents intervenants ont exhorté les Etats membres de l’Union Africaine (UA) à œuvrer pour la consolidation des acquis de l’organisation et d’opérationnaliser les différents mécanismes déjà inscrits dans la charte de l’UA. S’exprimant lors de cette discussion, l’ancien président malien, Dioncounda Traoré, a mis en lumière le besoin d’identifier et de faire face aux causes structurelles d’instabilité sur le continent, rappelant que la paix et la stabilité sont des conditions sine qua non au développement.
« Les différentes crises qui traversent l’Afrique, à l’instar de la crise climatique, de la crise de l’Etat et de la gouvernance et d’un développement à deux vitesses, contribuent à la prolifération des conflits dans les Etats africains, mais aussi à la prolifération et au renforcement des mouvances terroristes », a-t-il indiqué, notant que des mécanismes liés à l’UA existent et s’attellent déjà à la résolution de nombreux conflits, avec des succès variés. M. Traoré a ainsi appelé à consolider les acquis démocratiques et privilégier les dialogues constructifs pour enrayer la machine conflictuelle, tout en adoptant une démarche inclusive et solidaire de la part de tous les Etats membres de l’UA, les incitant à une coopération plus renforcée.
Dans cette même veine, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération rwandais, Vincent Biruta, a rappelé que l’UA compte plusieurs mécanismes pour la promotion de la paix et des pratiques de bonne gouvernance, citant, à titre d’exemple, l’intervention de l’UA dans certaines régions africaines pour stopper les mouvements terroristes.
M. Biruta a défendu un renforcement du développement des ressources humaines et financières au sein des différents organes de l’UA afin d’élargir son champ d’action pour pouvoir prendre en charge la sécurité et les processus de paix de manière intracontinentale, rappelant que « la bonne gouvernance et la paix sont concomitantes et l’une ne peut être effective sans l’autre. »
De son côté, l’ex-ministre des Affaires étrangères et ancien ministre de la Défense du Cap-Vert, Luis Felipe Lopes Tavares, a mis l’accent sur les avancées et les réalisations importantes de l’Union Africaine, jetant la lumière sur « la large gamme d’instruments juridiques et de moyens d’actions, allant des mécanismes de coopération, aux forces régionales d’intervention » mis en place afin d’endiguer la menace terroriste sur le continent.
« Malgré des expériences réussies, les mécanismes de lutte contre la violence en Afrique pâtissent d’un manque de financement et de coordination, » a-t-il déploré, soulignant la nécessité pour l’UA de mettre en place une stratégie innovante de lutte contre le terrorisme.
Ce panel, qui a servi de Session plénière d’ouverture de cette 14ème édition des MEDays, a aussi été marqué par la participation de l’ancien ministre des Affaires étrangères de Somalie, Mohamed Abdirizak, le ministre des Affaires étrangères de Gambie, Mamadou Tangara, le Directeur adjoint du cabinet du président de la Commission de l’Union africaine, Tordeta Ratebaye, et le secrétaire exécutif du G5 Sahel, Yemdaogo Eric Tiare. Organisé par l’Institut Amadeus sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, les travaux de la 14ème édition du Forum MEDays se poursuivent jusqu’au 5 novembre, sous le thème, « De crises en crises : vers un nouvel ordre international ? » et seront marqués par de nombreux débats et interactions, à travers plus de 50 sessions et tables rondes.
LR/MAP