A moins que de nouvelles actions ne soient menées pour le relogement des habitants de l’Avenue royale, ces derniers continueront de vivre les mêmes cauchemars. Leurs habitations n’arrêteront pas de s’écrouler sur leurs têtes.
Dans le quartier, beaucoup évoquent des irrégularités qui suscitent des inquiétudes parmi les habitants et pas seulement. Des associatifs soulignent que le plus grave, c’est que certains bénéficiaires partent et reviennent au quartier, à cause d’un problème de proximité ou des difficultés à réunir l’argent pour acquérir un logement dans le cadre des opérations de relogement de l’Avenue royale. Selon ces mêmes sources, des bâtiments, concernés par des arrêtés de démolition et vidés de leurs occupants ont été rouverts. «La situation est très grave, puisque des familles continuent de vivre dans des bâtisses menaçant ruine. Pis encore, certaines familles, déjà relogées ailleurs et dont les anciennes habitations à la médina sont concernées par des arrêtés de démolition, reviennent pour occuper leur ancien logement ou d’autres bâtisses, lesquelles sont elles aussi concernées par une décision de démolition», confie Moussa Sirajeddine, président de l’Association Awlad L’Mdina. Et de poursuivre: «Les autorités ont choisi de fermer les yeux sur bon nombre d’irrégularités ayant accompagné cette opération de relogement des familles. Elles ne bougent que lorsqu’une catastrophe est annoncée».
Pour cet associatif qui ne mâche pas ses mots, une grande part de responsabilité, concernant la mort de plusieurs personnes dans la majorité des effondrements, est à imputer à l’implication de certains agents d’autorités corrompus. «Une enquête judiciaire doit être ouverte pour définir la responsabilité des personnes impliquées dans ces affaires de retour des familles ayant déjà bénéficié du programme de relogement», lance-t-il.
Rencontrés sur le lieu du drame, des habitants soutiennent aussi que la corruption semble être derrière la réoccupation de ces immeubles. «On propose aux gens des logements sociaux de 45 à 48 m2 à 200 mille dirhams. Sachant que le prix réel de ces unités est de seulement 100 mille DH. Les gens sont contraints de payer une mensualité de 1.800 DH, alors que la majorité d’entre eux n’a pas un salaire fixe. Beaucoup d’entre eux sont aujourd’hui poursuivis en justice par la banque pour non-paiement de leurs traites; sachant qu’après l’expropriation de l’Avenue royale, le mètre carré coûtera près de 200 mille dirhams. C’est dire que la SONADAC porte aussi une responsabilité dans ce qui se produit dans ce quartier. «Nous sommes là, face à un ‘‘relogement forcé’’ des habitants de la médina», conclut le président de l’association.
Quelles que soient les raisons pour lesquelles des familles se retrouvent à occuper, à nouveau, les habitations menaçant ruine de la médina, la faute en revient à ceux qui les laissent faire… Cette famille sur laquelle s’est effondré l’immeuble de 3 étages, dimanche dernier (17 septembre) avait été relogée ailleurs. Mais, après s’être installés dans leur nouveau logement, le père, la mère et les deux enfants sont revenus à leur ancienne demeure menaçant ruine. Les voisins expliquent que l’homme (qui a été tué dans l’effondrement) avait décidé de revenir, avec sa petite famille, pour des raisons d’éloignement du nouveau logement. A la médina, il était proche de ses clients commerçants auxquels il vendait des verres de thé chaud. C’était le commerce dont il vivait. La question est: qui a fermé les yeux sur ce retour et sur tous les squats de ces vieilles habitations ? Car il est impossible que cela passe inaperçu, alors que les Moqaddems savent tout de tout le monde, dans leur secteur. Il n’y a donc que deux hypothèses. Soit il y a corruption pour fermer les yeux. Soit il y a laxisme. Et cela serait grave, en ces temps où les terroristes cherchent à se fondre dans les milieux populaires pour passer inaperçus.
On voit clairement de quelle catégorie relève la tragédie de cette semaine.
Naîma Cherii