Messieurs les responsables, appelez Oprah !

Ce n’est pas un gag. C’est du vrai de vrai !

Cette semaine, la célèbre animatrice de télévision américaine, Oprah Winfrey (celle qui vient d’obtenir les aveux du cycliste américain 7 fois champion du tour de France, mais déchu pour dopage), a simplement envoyé un tweet pour dire que la friteuse sans huile SEB avait changé sa vie et le titre Seb a fait un bond de près de 4 points en Bourse !

«Cette machine… T-Fal Actifry a changé ma vie», a écrit la vedette des talk-shows, vendredi 15 février, sur son compte tweeter, accompagnant cela d’une photo d’elle avec la friteuse. «Et ils ne m’ont pas payée pour le dire», a-t-elle ajouté.

Payée ou non, elle l’a dit et en le disant elle a créé l’événement en France et aux Etats Unis.

Dans son pays, pas moins d’un million de tweets se sont aussitôt échangés sur la friteuse en question.

Ne parlons même pas de la France où, dès mardi 19 février, les marchés financiers ont réagi au tweet, permettant à l’action SEB de clôturer ce jour-là en hausse de 3,98% à 62,38 euros. Soit son cours le plus haut de l’année. Une véritable bouffée d’oxygène pour SEB au moment où le groupe faisait état du recul de ses ventes enregistré en 2012.

Cette information, bien que quelque peu anecdotique, nous inspire trois réflexions.

D’abord, il est tellement agréable de constater que la Bourse, dans ces pays, réagit. Un bon mot d’une star sur un produit et le produit voit son titre en Bourse grimper considérablement. Une appréciation négative l’aurait peut-être fait dégringoler… Cela aussi est possible… Mais il y a réaction ! Ce qui peut faire pâlir d’envie tous ceux, chez nous, qui ne savent plus à quel saint se vouer, tant la dé-corrélation entre la Bourse et ce qui l’entoure est grande. Une entreprise affiche ses résultats, ces résultats sont en forte hausse, mais l’action de l’entreprise pique du nez. Allez comprendre ! Une autre entreprise signe l’accord du siècle, ses financiers se précipitent sur les cours de la Bourse croyant voir leur action monter en flèche, mais rien ne se passe ! Nos politiques, nos stars, nos experts, peuvent tenir les propos qu’ils veulent, «l’encéphalogramme» de la Bourse de Casablanca reste désespérément plat. «Cause toujours, tu m’intéresses…», semble être la devise de la place financière casablancaise. Et dire qu’on ambitionne de créer une place encore plus importante, un hub régional, avec Casablanca Finance City…

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Ensuite -deuxième conclusion vers laquelle ce petit tweet d’Oprah Winfrey nous conduit- il est regrettable que, d’une façon générale, les mots, chez nous, aient perdu tout impact utile, que ce soit dans le domaine politique ou dans le domaine économique… Et cela, sous un double effet. D’une part, trop de mots a tué les mots. Cette propension à la «politique show» qu’ont nos décideurs politiques et économiques, leur tendance à dire tout et n’importe quoi, a déprécié leur parole. D’autre part, le pays n’aime pas vraiment «fabriquer» ceux dont la parole pourrait avoir un impact. Quand cela arrive, les intéressés ne le doivent qu’à eux-mêmes. On le voit, pour ne prendre que cet exemple-là, dans le domaine des médias audiovisuels. Nos télés n’ont pas réussi à créer de véritables icônes: des modèles qui feraient rêver le public, qui capteraient son attention et par le biais desquels la parole pourrait trouver son chemin jusqu’à lui.

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Enfin, la troisième pensée concerne les responsables qui ont des difficultés à promouvoir leur produit. On est tenté de leur dire: «messieurs-dames, appelez Oprah». Si elle consentait à dire qu’un séjour à Ourzazate a «changé sa vie», le Président Chirac n’y serait plus seul à y séjourner muet comme une carpe et, faute de cours boursier qui ferait un bond, c’est le tourisme qui serait boosté dans cette région. De même que si un tagine marocain «changeait la vie» d’Oprah, ce serait les potiers et, au-delà, le secteur de l’artisanat, qui seraient tirés d’affaire (voire même la balance des paiements, si les exportations de tagines explosaient)… On en rit, on en rit, mais l’idée est à méditer… En tout cas, l’exercice donne apparemment toujours de bons résultats. Et cela, avec ou sans les réseaux sociaux. Le groupe SEB le rappelait, cette semaine, dans les années 60, Jackie Kennedy avait fait l’éloge d’une poêle Tefal. Aussitôt, un million d’exemplaires en avaient été vendus.

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