La régionalisation avancée au Maroc est en bonne voie
Interview
Qu’attendez-vous de cette 8ème édition du Colloque international des finances publiques?
J’attends que nous arrivions à définir, en tout cas dans ses grandes lignes, ce que j’appelle un Etat territorial, c’est-à-dire non pas seulement un Etat déconcentré ou un Etat centralisé, mais un Etat qui réunit les deux à la fois et qui doit définir le secteur local et le secteur public d’Etat, donc les administrations au niveau territorial. Il faudrait faire en sorte que, d’abord, il y ait une mutualisation des services -en fait, on fait des économies- et, d’autre part, que se crée une dynamique, des synergies entre l’Etat et les collectivités territoriales sans qu’il y ait, comme c’est souvent le cas, d’affrontements entre les deux ou de négligences de l’un par rapport à l’autre. Par conséquent, c’est une véritable construction qui point à l’horizon.
Vous avez appelé à une nouvelle gouvernance financière, à bâtir également ce que vous avez appelé un nouvel ordre des autonomies. Qu’entendez-vous par là, surtout que vous paraissez tellement pessimiste?
Je suis effectivement assez pessimiste, car si nous ne nous engageons pas dans cette direction, je pense que nous ferons un retour en arrière. Et puis, nous retrouverons les théories qui sont celles du 19ème ou du 20ème siècle.
Donc, il faudrait bâtir le 21ème siècle…
C’est justement aujourd’hui qu’il faut bâtir ce 21ème siècle et pas demain.
Que veut dire bâtir ce 21ème siècle?
Bâtir ce siècle, c’est rebâtir un Etat qui correspond à la réalité internationale technologique d’aujourd’hui.
Qu’est-ce qui cloche aujourd’hui?
Ce n’est pas tout à fait le cas encore. C’est déjà comme je l’ai dit un Etat latent et il faut arriver à le faire ressortir. C’est l’objectif que nous nous sommes tracé.
Que conseillez-vous alors au Maroc pour sortir de cette léthargie?
Je pense que le Maroc est d’ores et déjà en bonne voie. Il a entamé depuis longtemps la décentralisation.
Et pour ce qui est de son ambitieux projet de régionalisation avancée?
Actuellement, la régionalisation avancée est aussi sur la bonne voie. Je crois que le Maroc va être en mesure de bâtir cet Etat territorial.
Avant la France ou après?
Je ne peux pas me prononcer sur le temps, mais je dis que cette construction devient une nécessité au niveau international. Tous les Etats sont aujourd’hui dans cette situation-là. Ils doivent donc arriver à conjuguer les efforts des collectivités locales et des administrations centrales.
A quel niveau ?
Au niveau territorial, parce que c’est là que nous sommes plus près des réalités, des besoins surtout des populations.
Que peut apporter dans ce sens la coopération franco-marocaine?
Je pense que la coopération décentralisée entre les deux pays marche déjà très bien avec la France.
Quel est l’état des rapports?
Il y a de très bons rapports entre les collectivités territoriales marocaines et françaises qui font de la coopération décentralisée et, par conséquent, il y a beaucoup à apprendre, les uns et les autres.
Et du côté marocain?
J’estime que nous avons beaucoup de leçons à apprendre du Maroc. Nous n’avons pas la bonne parole, ça se saurait si on l’avait.
Interview réalisée par Mohammed Nafaa