La brigade économique et financière relevant du service préfectoral de la police judiciaire a déféré devant le Procureur général du Roi un retraité poursuivi pour trafic d’influence, corruption, escroquerie et utilisation de «faux cachets» de l’ancienne ministre de la Santé, Yasmina Baddou. Le mis en cause, dont le procès est fixé pour ce mois de décembre, a été placé en détention provisoire à la prison locale de Salé. Le prévenu a été interpellé par une brigade de la sécurité à Hay Yacoub Al Mansour à Rabat, après l’arrestation de son complice, fonctionnaire au ministère de la Santé, également incarcéré dans la même prison…
L’affaire a été déclenchée suite à des recrutements fictifs de dizaines de titulaires de diplômes supérieurs dans des centres de santé dans différentes régions moyennant la bagatelle (totale) de 3 MDH. Pour piéger ses victimes, des diplômés chômeurs, le «filou» avait élu domicile dans un café très connu à Rabat, à proximité du Parlement, leur proposant des emplois au sein du ministère de la Santé, après les avoir assurés d’être embauchés directement par le biais d’une personnalité influente au sein du département de la Santé, moyennant des sommes d’argent. De connivence avec un haut fonctionnaire du ministère de la Santé, l’intermédiaire avait touché des montants considérables et est allé même jusqu’à falsifier les cachets de l’ex-ministre de la Santé et établir de fausses décisions de recrutement avant de les transmettre à plusieurs établissements de santé dans différentes villes. Dans les bordereaux d’envoi joints aux fausses décisions de recrutement, le mis en cause ordonnait aux responsables d’accueillir les nouvelles recrues et de respecter à la lettre les décisions du ministère de la Santé, ce qui a amené les plaignants à rejoindre leurs postes de travail. Après huit mois d’exercice, les victimes ont fourni des documents au ministère des Finances pour percevoir leurs émoluments. Grande était leur surprise en apprenant que leurs dossiers n’étaient jamais passés par le ministère des Finances et qu’ils ne disposaient pas de postes budgétaires. C’est là qu’ils ont réalisé avoir été victimes d’une escroquerie. Après l’échec de leur tentative de récupérer leur argent, ils ont déposé plainte au Parquet général. La Chambre criminelle chargée des crimes financiers a condamné le fonctionnaire du ministère de la Santé à 10 ans de prison ferme, alors que l’«intermédiaire», après huit mois de cavale, vient de tomber dans les filets de la police au quartier de Yacoub Al Mansour à Rabat.