«Le Maroc a quitté l’OUA, pas l’Afrique»
L’ancien président de la Chambre des conseillers et député du PAM, le Sahraoui Mohamed Cheikh Biadillah, est intervenu lors de la séance de vote de l’Acte constitutif de l’UA. Il nous livre ses impressions.
Que représente pour vous cette séance à la Chambre des conseillers?
C’est une séance historique. Le Maroc a quitté l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) en 1984, suite à une situation particulière qui était le produit de la guerre froide. Certains pays étaient dirigés par des régimes dictatoriaux, issus d’un coup d’Etat et qui ont violé le règlement intérieur de l’organisation panafricaine en admettant une entité fantoche, sous l’impulsion d’un certain Edem Kodjo qui aurait été, lui aussi, payé pour faire cette sale besogne, dans des conditions particulières.
Et le rôle du Lesotho?
Le quorum de cette fâcheuse intrusion a été obtenu grâce à l’achat d’une voix supplémentaire, en l’occurrence celle du Lesotho. Le Maroc n’avait pas d’autre choix à l’époque et donc, feu SM Hassan II a décidé de claquer la porte de cette organisation. Pour moi, personnellement, ça a été incontestablement une décision historique pour sauver l’honneur de la défunte OUA.
Pour ce qui est de la sauvegarde des relations avec l’Afrique?
Bien entendu, à l’époque, le Maroc avait quitté son siège à l’OUA, mais il n’a pas quitté l’Afrique.
Qu’est-ce à dire à ce sujet?
Que les relations bilatérales entre le Maroc et ses frères africains ont été renforcées et que nos écoles et universités ont été ouvertes aux jeunes étudiants du continent. Le Maroc a participé à toutes les opérations de maintien de la paix en Afrique avec les Forces des Nations Unies.
Actuellement?
Actuellement, SM le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste, a été l’architecte d’une procédure de retour avec plusieurs dimensions, dont l’une est économique. Vous remarquez qu’aujourd’hui, l’investissement en Afrique est en nette hausse: nous sommes le deuxième investisseur en Afrique.
Les relations avec les gouvernements africains sont on ne peut plus renforcées. Des centaines de conventions ont vu le jour et ont été signées lors des visites et périples du Roi Mohammed VI en terre d’Afrique.
Vous évoquiez le transport aérien?
La RAM assure des vols réguliers vers les capitales africaines. Elle a, d’ailleurs, assuré des vols vers l’Afrique quand l’épidémie d’Ebola sévissait et au moment où d’autres compagnies ont préféré rester loin des pays affectés par cette terrible maladie. La RAM a été la seule compagnie qui a eu, à l’époque, le courage de braver la maladie en continuant de s’ouvrir vers les pays africains atteints de cette épidémie.
Pour ce qui est de la question de l’intégrité territoriale du Maroc?
Je dirais que la politique africaine du Maroc, qui ne date pas d’hier, n’est d’ailleurs ni conjoncturelle, ni liée à la gestion du dossier de notre intégrité territoriale.
Oui, mais les adversaires de la marocanité du Sahara?
Je leur dirais que la politique du Maroc, dans ce sens, n’est dirigée contre personne. Le Maroc a d’ailleurs œuvré pour l’Union du Maghreb Arabe et pour la non-ingérence dans les affaires des autres Etats. Je lance donc un appel au voisin algérien pour qu’il mette fin à sa politique hostile envers le Maroc. Il y va des intérêts politiques et économiques de l’ensemble de la région, dans le but de consacrer un modèle de coopération Sud-Sud que SM le Roi a prôné lors de tous ses périples africains en consolidant les relations de partenariat du Maroc avec ses frères africains.
Interview réalisée par Mohammed Nafaa