«Refaçonner l’image du voyage par train au Maroc»
Dans cet entretien accordé au Reporter, à l’occasion du voyage de presse inaugural de la nouvelle voie Casablanca-Marrakech, dont les travaux de doublement complet viennent d’être achevés, le Directeur général de l’Office National des Chemins de Fer (ONCF), Mohamed Rabie Khlie, revient sur les retombées positives du TGV «Al Boraq» et du doublement de la voie Casablanca-Marrakech, tout en s’attardant sur la nouvelle offre «Al Atlas» lancée par l’Office. Pour Rabie Khlie, l’ensemble de ces réalisations vise à donner un nouveau visage et une nouvelle perception au voyage par train dans le Royaume, d’où la nécessité d’un travail de sensibilisation, pour que les Marocains s’approprient l’ensemble de ces réalisations, loin de toute incivilité.
Le doublement de la voie ferrée reliant Casablanca à Marrakech est achevé. Dans quelle mesure ce projet est-il bénéfique pour les usagers des trains au Maroc?
Le doublement complet de la voie Casablanca-Marrakech permet aux voyageurs de gagner une heure et quart sur le trajet entre ces deux villes. En doublant la ligne ferroviaire reliant ces deux grandes cités, l’ONCF ambitionne de mieux gérer le trafic entre Casablanca et Marrakech. Je rappelle que cette opération de doublement s’inscrit dans le sillage de l’inauguration par SM le Roi Mohammed VI du Train à Grande Vitesse (TGV) «Al Boraq». A l’ONCF, notre ambition est de refaçonner l’image du voyage par train au Maroc.
Dans le cadre du doublement de la voie Casablanca-Marrakech, vous avez lancé l’offre «Al Atlas». En quoi consiste-t-elle exactement?
Grace à l’offre «Al Atlas», nous mettons en place 14 trains entre Marrakech et Fès, 32 trains entre Casablanca et Fès et 16 trains entre Marrakech et Casablanca. Il s’agit de trains plus rapides et avec réservation (TRR). Ces trains réaménagés offrent des services de qualité à bord et proposent de nouveaux tarifs plus attractifs et flexibles.
Que gagne un voyageur en optant pour l’offre «Al Atlas»?
Le gain est d’abord temporel. Le trajet entre Casablanca et Marrakech, par exemple, n’est parcouru qu’en 2h32mn, au lieu de 3h35mn, soit un gain d’une heure. Avec cela, nous espérons qu’un grand nombre de voyageurs optent pour le train, pour faire ce trajet. Concernant les tarifs, appliqués dans le cadre de l’offre «Al Atlas», ils dépendent de la classe choisie, de la date de réservation et de la date et l’heure du voyage. Les voyageurs qui vont opter pour un déplacement en groupe, peuvent à leur tour bénéficier de réductions.
Vous avez évoqué le Train à Grande Vitesse (TGV) que le Souverain a inauguré le 15 novembre 2018, en compagnie du président français. Quel regard portez-vous sur ce nouveau moyen de transport?
Je ne vous cache pas ma fierté de voir le Maroc disposer d’un Train à Grande Vitesse et parmi les plus compétitifs au niveau mondial. Le TGV «Al Boraq» constitue une avancée majeure dans le domaine du transport ferroviaire dans le Royaume. Ce projet, qui a nécessité la mobilisation de ressources financières, humaines et technologiques importantes, a été réalisé sur la base d’un montage financier adéquat et des coûts d’exploitation des plus rationnalisés. Cela vient contredire les critiques qui ont accompagné l’annonce de la réalisation du TGV marocain. Comme je l’ai déjà dit, nous devons tous être fiers de la réalisation et du lancement de ce nouveau projet.
L’ONCF est critiqué, concernant le volet lié à la sécurité ferroviaire, surtout après le tragique accident survenu le 16 octobre 2018 au niveau de Bouknadel. Quelles sont les mesures prises pour rassurer les voyageurs à niveau?
L’Office National des Chemins de Fer accorde la plus grande importance à la sécurité des voyageurs. A titre indicatif, je rappelle qu’à fin mai 2017, nous avons procédé à la suppression de 170 passages à niveau. D’ailleurs, nous enregistrons une réduction considérable du nombre d’accidents sur ces passages.
Vous encouragez les voyageurs à acheter leurs billets pour «Al Boraq» via internet. Quels sont les avantages qu’offre ce mode de réservation?
La réservation des tickets de train par internet offre des avantages au voyageur, notamment en matière d’économie de temps. Ce mode de paiement sécurisé permet également de réduire la pression sur les guichets de réservation au niveau des gares.
Les tarifs pratiqués pour le TGV «Al Boraq» sont attrayants. Que conseillez-vous aux voyageurs pour économiser sur leurs tickets?
Plus on se rapproche de la date de voyage, plus les prix augmentent. Un client qui achète son billet la veille, pour faire le voyage le lendemain matin, paiera plus cher que s’il l’achète plusieurs jours ou semaines à l’avance. Aujourd’hui, nous voulons inciter les Marocains à organiser leurs voyages. En optant pour les réservations à l’avance, les prix des tickets du TGV peuvent devenir très avantageux.
Ne craignez-vous pas que, avec le temps, le TGV soit détérioré par les usagers?
Pour éviter cela, nous comptons sur les médias pour sensibiliser les citoyens à la nécessité de préserver ce nouveau moyen de transport, ainsi que les trains conventionnels. Si vous offrez des services de qualité aux Marocains, ils tâcheront d’en prendre soin. Le TGV «Al Boraq» et les autres projets de développement du transport ferroviaire dans le Royaume vont rehausser la mobilité des passagers et du fret.
En quoi consiste la mission des nouveaux agents commerciaux présents au niveau des quais et des gares?
Ces agents ont été spécialement formés pour porter assistance aux passagers qui en ont besoin et ce, dès leur entrée en gare. Il faut dire que notre démarche au sein de l’ONCF repose d’abord et avant tout sur la satisfaction du client.
Un effectif de police ferroviaire renforcé, pour assurer le maintien de l’ordre et la sûreté des voyageurs, aussi bien en gare qu’à bord des trains, a été mis en place par l’ONCF…
En effet, nous avons opté pour une stratégie qui a pour objectif de sécuriser davantage les voies ferrées et les trains, dans le but de lutter plus efficacement et en temps réel contre tout acte de malveillance. Nous mettons en place une équipe de sûreté préventive. Sa mission principale consiste en la gestion, en temps réel, de tout acte de malveillance, ainsi que la coordination des interventions des services de sûreté et de la police ferroviaire dans ce cadre.
Propos recueillis par Mohcine Lourhzal