Moi, je crois en la sorcellerie

Habiba, 43 ans, commerçante et mère de famille, a été la fille d’une chrifa, une guérisseuse. Elle affirme que la sorcellerie existe et qu’elle a vu un nombre impressionnant de personnes souffrir de ce fléau.

«La sorcellerie, j’y crois dur comme fer. Elle existe. Beaucoup de personnes sont dans l’erreur la plus absolue en s’obstinant à contredire ce que j’affirme. Et ce sont ces personnes qui, malheureusement, sont les plus vulnérables. Il y a aussi celles qui font semblant de ne pas y croire, par pure hypocrisie. Je suis commerçante et, heureusement pour moi, j’ai eu une mère guérisseuse, connaissant les secrets du désenvoûtement. Sinon, il y a bien longtemps que j’aurais été complètement anéantie par les œuvres machiavéliques de ce petit monde qui m’entoure et plus exactement dans cette galerie où se trouve mon commerce. J’aurais été obligée, comme quelques naïfs, de vendre mon local à perte, parce qu’aucun client n’en aurait jamais poussé la porte.

Dans ma vie de couple aussi, je fais très attention pour que ni mon mari, ni mes enfants, ni moi ne soyons victimes d’agissements de personnes jalouses et sans scrupules. Ma mère passe sa vie au service de personnes envoûtées. Surtout les personnes qui ont ingéré de la sorcellerie. Elle n’est pas une «chouafa», ni une «sehara». C’est une femme pieuse, une «chrifa» qui a eu la révélation de son don dès son plus jeune âge. Elle nous racontait qu’étant jeune, elle avait des visions précises sur pas mal de choses, notamment des révélations concernant des personnes de sa proche famille. Les siens taisaient ce secret pour la préserver. Mais elle souffrait terriblement de ne pouvoir aider ceux qu’elle pouvait aider. Finalement, elle s’est peu à peu mise au service des autres. Elle leur portait assistance sans jamais demander d’argent en contrepartie. Elle devenait la planche de salut pour toutes les personnes qui venaient désespérées se plaindre de sorts jetés ou de talismans démoniaques. Elle, qui n’a jamais été à l’école et qui ne savait ni lire, ni écrire, mais récitait le Coran par cœur du début jusqu’à la fin. C’est ainsi que j’ai ouvert les yeux dans un monde différent de celui des autres.
Dans notre immense domaine, il y avait mon père qui adorait ma mère et quelques tantes qui s’occupaient de nous. Ma mère n’avait guère de temps à nous consacrer. Nous avions une maison qui ne désemplissait jamais. Dès l’aube, presque toute l’année, sauf pendant les mois de Chaabane et du Ramadan, des gens venaient solliciter le don de ma mère et s’alignaient devant notre porte; des milliers de personnes venues de partout, qui avaient entendu par oui-dire parler des miracles que ma mère avait accomplis. Nous avions plusieurs salons pour accueillir les gens, car on ne pouvait se permettre de les renvoyer, ni de les rudoyer. Il nous était interdit, à nous les enfants, d’approcher tout ce monde, mais il était impossible de ne pas les rencontrer et les voir. J’ai vu des personnes venir dans de piteux états, gravement atteints et repartir complétement guéries. Je me souviens de plusieurs jeunes femmes très belles ou de jeunes hommes qui venaient frappés de paralysie, de folie, de faillite, qui se plaignaient de divorce, de stérilité, de perte d’emploi… Il y avait des milliers de personnes -jeunes et vieux- qui étaient sous l’emprise de maléfices et magie noire. Chacune était un cas. Il arrivait parfois à ma mère de nous raconter le malheur qui avait frappé telle ou telle personne. Comme, par exemple, ce jeune homme qui n’arrivait pas à quitter une femme dont il avait été le petit ami. Il se sentait complètement à sa merci pour tout ce qu’elle lui ordonnait de faire. Parfois, elle le battait et il en avait une peur terrible, alors que rien ne les liait. Il ne voulait pas en faire son épouse légitime, pour la simple raison qu’il n’en était pas amoureux. Mais elle claquait des doigts et il s’exécutait. A la fin, son état était devenu critique. Il ne pouvait plus fermer l’œil et restait ainsi éveillé jour et nuit. Il avait des douleurs à l’estomac qui l’empêchaient de manger et aucun médecin n’avait pu déceler l’origine de ses maux. La sorcellerie l’avait réduit à néant.
Autre cas: une jeune femme avait subitement vu sa peau du visage se ternir et prendre l’aspect d’une peau de lézard. Elle avait été victime d’une cousine qui la jalousait pour sa beauté et qui lui avait fait ingurgiter une potion douteuse… Allez savoir quel poison la pauvrette a avalé à son insu! Des cas, j’en ai vu à la pelle.
Il y avait tant de victimes de collègues de travail qui avaient bu du café ou du thé au bureau et qui avaient vu aussitôt leurs cheveux tomber ou leur santé dépérir de jour en jour. Il y avait aussi des jeunes filles, victimes de rivales jalouses, qui avaient des comportements de folie soudaine, allant jusqu’à vouloir déchirer leurs vêtements. Il y avait même des bébés et des enfants mourants, victimes de personnes de leur proche entourage qui voulaient rendre leurs parents fous. Il y avait des couples désunis et dans des états de santé inimaginables, victimes de leurs propres parents possessifs jusqu’à la folie. Souvent, les raisons de cette folie tenaient à des problèmes d’héritage, de biens, de titres, de disputes, de rancunes ou d’envie.
J’ai grandi dans cette atmosphère, côtoyant des gens complètement désespérés, souffrant de maux dont ils ne comprenaient l’origine que tardivement… Quand ils avaient fait le tour des médecins, sans succès… Ma mère nous a appris à ne pas faire confiance à n’importe qui. Elle a toujours essayé de nous faire comprendre qu’il existait des personnes malintentionnées, de nous apprendre à en repérer les agissements, si on croisait leur chemin, pour les déjouer avec diplomatie. Connaître son ennemi et ne pas le lui faire savoir est l’arme la plus efficace. Parce qu’il est vrai qu’être totalement à l’abri est très difficile, voire impossible.
Je trouve honteux et révoltants ces agissements dont toutes ces personnes innocentes sont victimes. Mais j’en ai tant vu et j’ai tant vu ma mère tenter d’y remédier que je peux vous dire que ça existe. Et qu’on ne vienne pas me dire que je fais de la parano!».

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4 Commentaires

  1. Bjr.je cherche l’adresse de la guerrisseuse lalla cherifa a Casablanca merci

    • Bjr. moi aussi suis intéressé par Lalla cherifa
      Merci Hocine de me contacter si tu la trouve.
      Merci encore

  2. Connaître son ennemi et ne pas le lui faire savoir est l’arme la plus efficace. C’est la règle… Toujours faire croire que tu es bete, que tu ne vois rien …. La confiance de ton ennemi grandi alors qu’en faite on connait tous son jeu… C’est une base de vie que je me fixe, aucune confiance !!! J’y croix aussi et certains passages cités je les ai vu grâce aux récits et je peux vous dire que ca fait peur

  3. Et oui malheureusement ça existe!
    D’ailleurs même notre prophète Mohamed ( swt) nous a mis en garde contre la sorcellerie. Donc elle existe belle et bien

    La sorcellerie est l’ouvre de certaines personnes qui travail avec des démons pour faire du mal à autrui suite à une demande formulé par un homme ou une femme à ce sorcier

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