Lamia, 27 ans, étudiante, est fiancée. Cette jeune femme n’aime plus son fiancé. Ce dont elle souffre est confus. Elle tente de l’expliquer…
«Ce que je vais raconter n’est certainement pas concevable. D’ailleurs, je suis la première à ne pas le comprendre, ni le vouloir et j’en souffre. Ce que je m’imaginais être éternel est en train de s’évaporer. Je suis totalement désemparée! C’est affreusement dramatique de ne plus ressentir quoique ce soit pour un homme, alors qu’il était tout.
Cela fait près de 6 ans que je suis en couple avec un jeune homme, dont je suis tombée follement amoureuse. Nous étions alors en fin d’année d’études et nous devions quitter le Royaume pour aller nous spécialiser dans une branche que nous avions choisie. Nous nous fréquentions déjà régulièrement depuis deux années tout en vivant, chacun de son côté, avec les parents.
Le jeune homme dont je parle est issu d’une famille très aisée. Lui avoir plu et le voir prêt à tout pour exaucer le moindre de mes caprices, c’était quelque chose! Cela en continu et plus encore. Cette alchimie entre nous était tellement singulière que je n’ai jamais eu besoin de me compliquer l’existence pour contrecarrer les attaques des concurrentes jalouses. C’est qu’il y en avait dans notre classe et ailleurs, très puissantes et infatigables en machination diaboliques, pour m’exterminer. Du genre sans gêne qui pouvaient se permettre d’incessantes provocations exagérément suggestives. Pourtant, mon amoureux ne craquait pas, il les ridiculisait plutôt en plein public. Le temps d’oublier et cela recommençait encore et encore.
Sans mentir, être vénérée de cette façon me grisait de satisfaction tout en rafistolant mon ego. Parce que je n’oubliais pas mes anciens supplices de ce côté-là. J’en avais tant pris pour mon grade et pas qu’une fois. J’adorais afficher mon bonheur au nez de ceux qui m’avaient fait souffrir en ameutant un giga poulailler qui convoitait un seul coq. Tous les épisodes de cette guéguerre féminine avaient expiré quand nous nous sommes envolés vers d’autres cieux.
Une fois installés à l’étranger, nous n’avions pas vécu ensemble. Mes parents ne le souhaitaient pas, je leur en avais tellement voulu. Je ne m’imaginais jamais changer d’avis sur ce qui me semblait être une bénédiction. Il faut être fou pour ne pas le saisir. J’étais en couple avec le meilleur des jeunes hommes qui m’adorait et qui n’avait pas de problème au niveau financier. Toutes les facettes de mon avenir avaient l’air d’être ficelées, assurées. Au bout de six mois, je fus d’ailleurs invitée de manière très solennelle à emménager chez lui. Il avait ordonné à ses parents de se présenter chez les miens pour une demande de fiançailles officielle que nous avions par ailleurs fêtées un peu plus tard, tous les six, sur le sol étranger.
Franchement, j’ai toujours été bichonnée par mon fiancé et je doute que quiconque un jour puisse en faire autant pour moi. Il me couvre de cadeaux, je suis comblée dans la vie de tous les jours en petits soins. Il est le genre d’homme protecteur et responsable qui se charge de tout, mais vraiment tout. A tel point que j’ai l’impression d’être un bijou précieux et fragile. Il s’arrange inlassablement pour que nous ayons les meilleurs plans d’escapades, de voyages, de soirées, etc. J’aime cette vie, je l’adore même, mais un grave problème s’est ancré en moi. Je n’éprouve plus aucun sentiment d’amour pour celui qui me l’offre.
Cette flamme s’est éteinte subitement. Je jure que je ne cesse d’essayer de la raviver, mais il n’y a plus rien. Qu’est-ce qui s’est passé? Impossible pour moi de trouver une explication. Ce que j’éprouve pour mon fiancé maintenant, c’est une profonde tendresse, mais plus aucune passion, ni attirance physique.
Je sais que je dois lui faire des aveux, mais je ne m’en sens pas capable pour le moment. Pour être honnête, j’ai tellement honte de moi, de mes pensées.
Je suis terrorisée à l’idée de ce que va devenir ma vie sans tous ces privilèges et atouts. Serais-je capable d’arriver par mes propres moyens à m’offrir le même standing de vie, la même estime des uns et des autres? J’en doute! C’est sûr que je redeviendrai la jeune fille quelconque que j’ai été, mais avec des défauts. J’ai pleinement conscience que le luxe et les mondanités m’ont totalement corrompue. Ce sont eux qui me retiennent encore aux côtés de ce jeune homme qui m’aime».
Mariem Bannani