Mon histoire de mère célibataire

Amina, 47 ans, enseignante, est divorcée avec deux enfants. Cette femme a été  profondément touchée par les confidences d’une jeune fille mère célibataire, qu’elle a rencontrée dans un salon de coiffure. Voici ce qu’elle lui a raconté…

«C’est vrai que j’ai l’allure d’une jeune femme de 27 ans. Mais je ne suis pas aussi vieille… A mon âge, beaucoup ont des parents sur qui compter et qui subviennent à leur moindre caprice. En plus, ils trouvent le moyen de geindre et de dire que ce n’est pas assez. Bien sûr que mon visage ne peut être empreint de candeur, après ce que j’ai vécu et la maternité qui laisse des traces. Sans parler de la débauche aussi… Si je raconte un brin de mon existence, ce n’est pas par détresse. Il n’y a rien à craindre, le pire est derrière moi. Je suis vraiment sincère, j’assume les dérives de mon passé qui ne me poussent pas vers des idées suicidaires. Au contraire, j’en tire une force qui me permet de me battre et de continuer  de tenter, coûte que coûte, de me frayer un chemin qui me conduira, -je l’espère- vers un meilleur avenir. J’ai pleinement conscience que c’est très difficile, vu mon niveau d’instruction. Mais j’y crois.

A 12 ans, j’ai quitté l’école, parce que ma mère n’avait pas les moyens de me payer le moindre cahier. Elle s’embourbait dans la misère et le malheur.  Elle était veuve d’un vieillard sans le kopeck qui lui avait laissé sur les bras quatre filles, j’en étais l’aînée. Et puis, je ne savais pas grand-chose de la vie pour assister ma maman. Aucune chance d’aller travailler comme petite bonne chez quiconque, je n’étais pas née dans un douar non plus. Par contre, ça jasait autour de nous, sans ménager les petites oreilles chastes, d’exemples de ce qui semblait être des réussites. Des filles de voisins un peu plus âgées que moi, parties du patelin vers les grandes villes et qui s’en étaient sorties pas mal. Elles dépêchaient chaque fin de mois à leurs famille une enveloppe et le coffre d’un grand taxi plein à craquer de denrées alimentaires, vêtements, couvertures, etc.

Marche pour les droits des enfants!

A cette époque,  j’avais déjà un amoureux, Hicham. Il m’avait repérée dans son secteur, je m’y trouvais par hasard avec des copines. Il m’avait alors suivie jusque dans mon quartier et ne me lâchait plus depuis. Il avait 18 ans, je sus plus tard qu’il vivait seul avec un père sans boulot et accro au haschich. Sa mère avait fui le domicile conjugal pour aller s’installer avec un chauffeur de camion. Pour subvenir à leurs besoins, son père s’était mis à dealer. En vérité, cela lui permettait tout juste de ne jamais se trouver à court de marchandise pour calmer son addiction. Parce qu’il n’avait pas hésité à embarquer son enfant dans le business pour plus de recettes.

J’étais tombée amoureuse de Hicham, parce qu’il était différent des autres gars qui traînaient. Dès nos premières rencontres, il m’avait offert une bague de fiançailles en argent et m’avait promis le mariage.  N’ayant pas de père, ni de frère, je m’étais sentie protégée et adulée. Je trouvais normal d’aller chez lui pour faire le ménage, la cuisine et le linge. Au début, je découchais une fois par semaine et ma mère n’y voyait que du feu. Je mentais comme je respirais plus tard, pour aller passer des soirées plusieurs fois par semaine avec ce jeune homme qui fumait des joints et qui dealait. Avec lui, j’ai connu les sorties nocturnes qui n’étaient pas exemptes d’alcool, de shit et de différents psychotropes.  C’est avec lui que j’ai pris goût à la drogue et à l’argent. Oui et comme si ce n’était pas déjà énorme, mon petit ami m’avait même coachée pour l’aider dans son «taf». Nous étions des petits trafiquants de pacotilles dans le patelin mais, de ça, je n’en avais aucune notion. Surtout pour une personne de ma condition qui n’avait jamais touché de ses doigts un billet bleu de banque. Alors, en avoir deux ou trois dans la poche était synonyme de fortune. Et puis, j’étais tellement heureuse de pouvoir  enfin rapporter aux miens de quoi se nourrir. Je n’oublierai jamais de ma vie ce jour où ce ne fut pas une mince affaire que de faire avaler la pilule amère à ma mère en lui disant la vérité. Elle m’avait battue au sang, mordue et avait failli m’arracher les yeux. Elle avait tant pleuré après et tout tenté pour me retenir, mais c’était trop tard.

Je regrette d’être né homme

Un autre grand malheur s’est abattu sur elle, deux années plus tard, c’est quand elle avait vu que j’étais enceinte. Je lui avais en plus avoué que Hicham, le père de l’enfant, avait été arrêté et condamné à 2 années de prison pour détention de quelques grammes de haschich. J’avais 15 ans et j’avais été capable de dissimuler ma grossesse pour continuer de sortir. Je me prostituais avec un riche agriculteur marié, malgré mon état, parce qu’il me fallait de l’argent pour nous et pour porter de temps à autre le panier à Hicham. Ce salopard, en qui je croyais, une fois sorti du trou, ne m’a pas épousée. Sa mère, avait-il dit, ne le souhaitait pas.  Aussi, pas une seule fois jusqu’à maintenant, il ne vint rendre visite à notre fille que j’ai dû abandonner aux côtés de ma mère et de mes sœurs pour m’en aller ailleurs. Après une année de vie jalonnée de hauts et de bas, c’est dans une boîte de nuit que j’ai connu cet homme avec lequel je vis actuellement dans la stabilité. Il est très généreux, mais il est alcoolique. Il ne parle jamais de mariage. Au moins, lui, il est honnête. Et puis, j’ai plus de plomb dans la tête, aujourd’hui. Même si je n’ai que 17 ans. Il suffit de me regarder pour le comprendre».

Mariem Bennani

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