Soraya a 32 ans. Elle est pharmacienne et vient tout juste de divorcer. Elle qui croyait faire le mariage du siècle, s’est retrouvée vivant aux côtés d’un grand avare. Un enfer ! Elle raconte.
«J’ai gâché une année de ma vie avec un radin. Comment imaginer que cet homme si charmant, si galant, pouvait se révéler n’être qu’un être abject, sans le moindre scrupule ? Il faut bien reconnaître qu’il avait usé de stratagèmes efficaces le fameux soir de notre rencontre. Il ne me lâcha pas, intarissable en mots flatteurs, multipliant les petites attentions…
Hamid, entrepreneur, avait la cinquantaine, mais je le trouvai irrésistible. Il avait beaucoup de charisme, de bonnes manières, de l’élégance, de la douceur, de l’éducation. En romantique «indécrottable» que je suis, je revins chez moi, le cœur battant et la tête dans les étoiles. Dès le lendemain et tous les jours qui suivirent, ce fût lui qui me réveilla. Il insistait chaque jour pour que nous nous revoyions. Sans relâche, il me téléphonait et passait de longues heures à papoter avec moi. Je sortais avec lui dans sa belle limousine et nous ne passions jamais inaperçus, accrochant le regard admiratif de tout le monde. Complètement séduite, j’étais convaincue que mon prince charmant, c’était lui. Comme dans les films, il me demanda en mariage en m’offrant une alliance que je découvris brillant de mille feux au fond d’une coupe, parmi les bulles de la boisson pétillante que je buvais…
Mes parents n’étaient pas du tout emballés par la demande de ce futur gendre qu’ils trouvaient trop vieux et déjà deux fois divorcé. Pour eux, quelque chose clochait dans ses histoires. Je ne leur laissai guère le temps de continuer d’essayer de le dévaloriser à mes yeux ou d’essayer de s’opposer à notre mariage. J’ai tout accéléré pour qu’ils m’offrent un mariage pompeux, parce que mon mari ne voulait pas célébrer de mariage. Je voulais à tout prix exhiber mon bonheur. Et… Qu’est-ce que j’ai pu me délecter d’entendre mes amis et ma famille chuchoter que j’avais une chance inouïe et que mon mari était beau et riche ! J’emménageai donc dans sa belle et somptueuse villa, mais vide de tout ameublement. Nous n’avions pas fait de voyage de noce non plus, parce que Hamid disait qu’il avait du travail. J’étais trop sur mon petit nuage doré pour y déceler une fourberie. Après deux semaines de congé de mariage, contrainte et forcée, je reprenais mon ancien train de vie. J’allais donc travailler et faisais un saut chez mes parents, pour mes repas. Mon mari qui avait plusieurs chantiers revenait très tard le soir et s’en allait le matin très tôt, bien avant que je me lève. Les weekends, il avait toujours des choses très importantes à régler et il ne me laissait jamais le temps d’ouvrir un débat. Peu à peu, je constatai que mon mari cherchait par tous les moyens à ne rien débourser, et qu’il avait même eu le culot de me faire parvenir les factures d’eau, d’électricité et de téléphone fixe, à la pharmacie pour que je me charge de leur règlement. Il avançait toujours la même excuse «qu’il n’avait pas le temps de passer à la banque». Pour me parler, il me «bippait» pour que je le rappelle, il n’avait soit disant jamais assez de solde. J’étais outrée qu’un homme comme lui puisse agir de la sorte, mais la bonne éducation que j’avais reçue ne me permettait pas de lui poser de questions. Il m’avait invitée deux fois au restaurant et il y était arrivé accompagné. Avant la fin, il repartait avec eux en me laissant la facture. Lors de voyages d’affaires, quand je l’accompagnais, il m’ordonnait de ne rien consommer dans les hôtels, parce qu’une misérable petite bouteille d’eau valait de l’or. Il me délaissait tout le temps, en m’expliquant qu’il avait beaucoup d’endroits à visiter –pour le travail- et que je devais me reposer… Les choses ne changeaient pas, pour tous mes achats, mes factures, ma nourriture, je ne devais compter que sur moi-même. Apparemment, pour lui, tout cela était normal.
Il y avait plus grave… Par exemple, le personnel qu’il engageait pour l’entretien de la maison, n’était jamais payé lui non plus. Il promettait en contrepartie des embauches avec contrat fictifs sur ses chantiers. Je découvris aussi qu’il avait réussi à divorcer sans avoir à débourser le moindre sou, ni pour ses enfants ni pour son ex-épouse. Plusieurs fois, devant notre maison, des personnes venaient réclamer haut et fort leur dû: des agents de recouvrement, des maitres d’œuvres, des ouvriers. Mais cela ne gênait aucunement mon ex-mari qui continuait d’acquérir des terrains et de les construire. Ça ne l’empêchait pas non plus de se pavaner dans les soirées mondaines avec son gros cigare (toujours le même qu’il gardait comme un bijou) et de faire le paon en vantant son dernier bolide acquis au prix de… Honteuse et confuse, je le voyais insulter n’importe quel gardien de parking réclamant ses deux sous. Ou marchander à mort avec n’importe quel vendeur de fruits ambulant, pour qu’il baisse son prix de moitié. Ou m’arnaquer, moi aussi, en passant, en plus de ce qu’il me soutirait régulièrement. En quelques mois je ne pouvais plus le supporter. Sans compter que je commençais à avoir de sérieux problèmes financiers puisque j’avais ouvert ma pharmacie grâce à des crédits bancaires que je n’arrivais plus à rembourser, tant il me plumait. Ecoeurée, à la fin, j’ai demandé le divorce dont j’ai payé tous les frais. Sans honte et avec des menaces, il est venu me réclamer la bague et les cadeaux qu’il m’avait offerts. Avec lui, j’aurais bu la coupe jusqu’à la lie ! ».