Mon pire cauchemar avec ma voiture…

Jalil, 35 ans, cadre bancaire, est marié et père de deux enfants. Pour ce jeune homme, le pire des cauchemars est celui qu’il vit au quotidien, quand il doit quitter sa voiture… Et il ne comprend pas pourquoi l’Etat et les élus ne font rien!

«Qui oserait actuellement se passer d’un permis de conduire ou d’acheter une voiture? Il s’agit d’une nécessité, surtout lorsqu’on connaît les problèmes des usagers des transports en commun. Et puis, s’inquiéter du surnombre des chauffards, c’est bien et je ne dirais jamais le contraire. Mais il faudrait également s’alarmer du surnombre des guimbardes, minibus, motos et tripoteurs qui a atteint son paroxysme. La circulation est devenue infernale, pour tous, en heure de pointe. Quant au stationnement, c’est vogue la galère!

Chaque début de semaine, jusqu’au vendredi soir, est devenu pour moi synonyme de calvaire. Cette bagnole, que j’ai achetée à crédit et qui engloutit à elle seule, chaque mois, plus du quart de mon salaire, me cause d’énormes soucis. Evidemment, qu’elle nous transporte, ma famille et moi; elle nous permet de voyager quand nous le pouvons. Mais franchement, la conduire et la parquer deviennent un challenge qui me pompe mon moral et mon énergie.

Et pas seulement, parce que maintenant, on vient me dire que je suis poursuivi pour fraude. Il semblerait que je me sois endetté et à mon insu de quelques trois mille dirhams auprès d’une société qui gère le parking où je dépose ma bagnole. Une vraie histoire de fou dont je ne suis pas la seule victime, apparemment. J’en suis presque à vouloir me débarrasser de ce tas de ferraille si cela est possible.  Je suis complètement dégoûté de ce qui m’arrive à cause d’elle.

Dernièrement, alors que je devais accompagner mon fils de 3 ans chez le médecin, il m’a fallu près d’une heure pour enfin trouver une place où stationner. Je jure qu’à force de tourner et vu l’absence d’une once d’espoir de me garer, j’étais à deux doigts d’abandonner ma voiture en plein milieu de la chaussée. J’étais dans un tel état de stress que j’ai failli flanquer une volée à mon fils qui pleurnichait. Je n’en suis pas fier, d’autant que mon petit gars était au plus mal avec sa rhinopharyngite. Seulement, cette journée avait déjà mal démarré pour moi.

En effet, déjà le matin, avant de pouvoir prendre une demi-journée de congé pour m’occuper de mon petit, il fallait que je passe au boulot. J’avais des instances à remettre à la hiérarchie. J’étais en retard et me dépêchais de me garer à l’endroit déniché depuis trois mois. C’est alors que je fus accosté par un gars qui me prévenait que j’étais en infraction depuis trois mois.

Selon lui, je ne m’acquittais jamais du péage de ce parking du centre-ville, près de la gare. J’avais beau lui dire que je payais un gardien et que  je n’avais jamais été avisé qu’il s’agissait d’un parking privé payant. D’ailleurs, aucun panneau ne le signalait. J’hurlais  que je versais chaque semaine au gardien son dû. J’aboyais mes paroles comme un chien enragé. Il haussa les épaules et tourna les talons en me lançant que tout le monde par ici rabâchait le même refrain, que de toute façon, ça ne servait à rien que je m’emporte contre lui et son job… Que désormais, j’étais prévenu et que ma plaque d’immatriculation était bel et bien enregistrée chez eux…

A peine avais-je avancé de quelques pas qu’un jeune mendiant habitué de la place vint m’expliquer l’incroyable. En fait, chaque jour, des contrôleurs (que je n’avais jamais aperçus) passent effectivement. Ils collent les tickets du parking sur les voitures et le gardien, tranquille, les récupère. De cette manière, il récolte la cagnotte que lui versent chaque semaine tous ceux qui parquent leur automobile à cet endroit.

Ce qu’il me révélait a failli me faire tomber à la renverse de stupeur. Etait-ce vrai ou une arnaque, ou peut être un problème entre gardiens de parking? Je n’avais pas le temps de m’occuper de cette affaire qui allait me porter devant les tribunaux, selon l’agent. Néanmoins, en mon for intérieur, je fulminais encore une fois contre le fléau du stationnement. Et à juste titre, il ne sera pas inconvenant -je présume- de crier haut et fort que trop, c’est trop. Sérieusement, il vaut mieux pour tout le monde -Etat et élus- de penser en urgence à revoir l’infrastructure urbaine, son organisation et ce, dans quasiment toutes les grandes villes du Royaume. Parce que si le futur c’est demain, le préparer, c’est maintenant! Alors qu’ils nous font miroiter de grands projets de smart city, ils ne sont même pas capables de nous trouver où nous garer?!».

Mariem Bennani

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