Laenser a réussi à désamorcer la crise qui menaçait son parti au lendemain du scandale du complexe My Abdallah.
Le secrétaire général du Mouvement Populaire (MP), Mohand Laenser, a obtenu à l’unanimité du Conseil national (parlement du parti), réuni samedi 17 janvier 2015 à Rabat, un mandat inconditionnel pour mener les négociations avec le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, concernant le remplacement de l’ex-ministre de la Jeunesse et des Sports et un éventuel remaniement ministériel (information de dernière minute, c’est Laenser qui occupera le poste en attendant le remaniement). De même qu’à l’unanimité, le Conseil national, à qui Laenser a dit lors de son discours d’ouverture que si les Harakis décidaient de claquer la porte du gouvernement, il ne s’y opposerait pas, a décidé à l’unanimité de ses membres de rester au sein de la coalition gouvernementale.
Fronde déjouée
Dans son discours inaugural, Mohand Laenser s’est voulu rassembleur. Ses messages au Conseil national ont donné lieu à une salve d’applaudissements, un signe de soutien au secrétaire général contre ceux -minoritaires- qui avaient planifié de profiter des retombées de l’affaire du complexe My Abdallah pour monter les Harakis contre lui. Il s’agissait bien sûr de Abdelkader Tatou qui a pris la tête d’«Al Haraka Tasshihiya» (Mouvement de redressement), une manoeuvre que Laenser, soutenu par l’unanimité des militants, a vite fait de déjouer, criant haut et fort de son perchoir du Conseil national que le Mouvement Populaire ne pouvait tolérer ce genre d’agissement et qu’il prendrait s’il le fallait des mesures disciplinaires, référence faite au gel de l’adhésion au MP de Abdelkader Tatou.
Précurseurs dans la démission
Laenser, qui a réussi à gérer son auditoire, a mis en garde ceux qui ont parié sur l’échec du 12ème Congrès du MP, mais qui se sont heurtés à l’harmonie et à la solidarité des membres qui ont donné une image honorable de la maison harakie. Sous une salve d’applaudissements et de Youyous, Laenser a réussi à défendre Mohamed Ouzzine, désamorçant la bombe: «Le Mouvement Populaire, a-t-il dit, a été précurseur. Jamais un ministre n’a demandé à être démis de son poste. Ouzzine a reconnu sa responsabilité politique, alors que l’enquête demandée par SM le Roi Mohammed VI ne fait état d’aucune responsabilité matérielle. Il restera donc membre du Bureau politique du MP jusqu’au prochain Congrès national». Et de conclure: «Personne n’a le droit de faire de la surenchère politique».
La culture de l’expulsion
Les Harakis et autres observateurs n’ont pas manqué de relever que Laenser, tout en se voulant conciliateur, a durci le ton à l’égard de ceux qui menacent la cohésion du parti à la veille des échéances électorales décisives. «Il est temps, s’est-il écrié, de mettre en œuvre la culture de l’expulsion que nous n’utilisions que rarement, ainsi que la mise en œuvre des institutions disciplinaires (la commission thématique de discipline et d’arbitrage) pour sévir contre tout Haraki qui aurait fauté à l’égard de son parti».
Le malaise de la «Chabiba Harakia» était présent à la 102ème session du Conseil national. Les jeunes ont marqué leur présence et rappelé leurs doléances par des slogans et banderoles qui en disaient long sur leur ras-le-bol. On pouvait y lire: «Aziz Dermoumi (membre du Bureau politique), pas en mon nom».
Mohand Laenser, serein, a réussi à désamorcer la bombe en promettant de trouver une solution dans les plus brefs délais et de faire en sorte que le parti tienne son congrès à l’occasion des prochaines élections.
Maâmora, DNES: Mohammed Nafaa