Nabil Ayouch, qui est loin d’échapper aux mille tracasseries judiciaires dues à son dernier film «Zine li Fik» (Much Loved), se retrouve dans le collimateur de l’Istiqlal et ce, à la veille des élections locales où les politiques deviennent «subitement» très vigilants. En effet, un député istiqlalien a annoncé devant la Commission de l’enseignement, de la culture et de la communication, le 8 juillet 2015, que Nabil Ayouch a bénéficié d’un soutien financier conséquent du Centre Cinématographique Marocain (CCM) équivalent à 30 MDH, sans pour autant remplir «ses engagements financiers, ni prendre le soin de rendre compte à l’organisme public de tutelle, le CCM», a affirmé le député. Et d’ajouter: «Ayouch n’avait pas rempli ses engagements par rapport à cette grosse somme… et le gouvernement n’a pas assumé ses responsabilités liées à ce grand scandale. Comment le gouvernement peut-il se permettre de poursuivre les petits voleurs et de laisser filer les grands? Il ne fait ainsi qu’ancrer la corruption qu’il dit combattre», proteste le député qui faisait allusion à une série de films produits par Ali n’ Productions pour le compte de la SNRT en 2005, 2006 et 2007.
Il est même allé jusqu’à demander l’ouverture d’une enquête et des poursuites judiciaires. A en croire les dires du député, Nabil Ayouch a pris l’argent du contribuable, mais n’aurait pas justifié ses dépenses. Un communiqué de Ali’n Productions, envoyé à la rédaction, précise qu’il s’agit d’une série de mensonges qui ne sont basés sur aucun fondement: «En réponse à ces allégations, nous tenons à apporter les précisions suivantes:
– Ces films n’ont pas été confiés en production à Nabil Ayouch intuitu personae – qui n’a donc touché aucun centime – mais à la structure de production, Ali n’ Productions.
– Les conditions d’attribution de ce marché sont strictement identiques à celles qui prévalaient à l’époque entre la télévision et tous les producteurs marocains. Aucun traitement de faveur n’a donc été octroyé.
– Le montant de ce contrat avec la télévision est de 15 MDH sur 3 ans, soit 5 MDH par an, auxquels s’est ajoutée une subvention allouée par le Ministère de la Communication de 7,5 MDH. Soit un total de 22,5 MDH et non pas 3 milliards de centimes, comme il a été annoncé.
– En échange, la société Ali n’ Productions a produit 30 films, chacun en darija, tashelhit, tarifit et tamazight, soit 120 films au total. Ce qui correspond à des prix très en dessous des prix du marché pour ce type de productions.
– La totalité de nos engagements contractuels a été remplie».
Le communiqué ajoute: «De notre côté, nous nous déclarons donc tout à fait favorables à l’ouverture d’une enquête de la part de l’autorité compétente. Cette enquête permettrait de démonter un à un tous les arguments avancés par ce député. Elle permettrait également de mettre en lumière le bilan de cette opération de production appelée ‘‘La Film Industry’’. Elle permettrait de lister les centaines de talents révélés dans le cadre de la production de ces films, scénaristes, équipes techniques, comédiens, réalisateurs qui font la fierté de notre industrie audiovisuelle aujourd’hui, parmi lesquels Brahim Chkiri, Yassine Fennane, Hicham Lasri, Ali Elmejboud, Younès Reggab, Salah Ben Salah, Kalila Bounailate, Hassan Badida, Mustapha Elhouari et tant d’autres. Elle permettrait de remettre en lumière également tout le travail de formation accompli. Elle permettrait enfin et surtout de révéler au grand public qu’Ali n’Productions a reversé à l’issue de cette opération à la télévision publique un chèque de près de 5 millions de dirhams correspondant aux bénéfices engendrés par la distribution de ces films!… Nous regrettons d’avoir ainsi à nous justifier, mais la bassesse de ces attaques nous oblige à protéger notre réputation et celle de Nabil Ayouch. Nous regrettons également que certains hommes politiques, dans le but évident de créer un amalgame avec le dernier film de Nabil Ayouch, «Much Loved», usent de leurs pouvoirs comme bon leur semble pour tenter de nuire à des personnes ciblées et servir ainsi leurs propres intérêts politiciens», souligne le communiqué de Ali’n Productions.
Bouchra Elkhadir