Municipales françaises | Vague verte dans un océan d’abstention

Municipales françaises | Vague verte dans un océan d’abstention

Europe écologie les verts

60 % d’abstentions. Un record historique. Un revers pour la démocratie locale. Le vote d’autre part a  été très particulier, éloigné d’un  premier tour en pleine épidémie et objet de polémiques sur son opportunité, sans véritable campagne.

Cela rend encore plus périlleux la volonté de tirer les leçons nationales du vote municipal en France. Et pourtant, c’est ce qui a été fait par les analyses et commentateurs. C’est bien sûr lié au fait que le résultat est conforme à l’idéologie dominante dans les médias. Mais c’est aussi indiscutable. Il y a eu dans le cœur des villes grandes ou moyennes une poussée nette de listes  écologistes. A dire vrai il s’agit de listes de gauche avec tête de liste ou forte composante vertes. Pour le Figaro, journal de la droite classique «la vague verte permet un retour de la gauche». C’est vrai pour la bataille emblématique de Paris, où Anne Hidalgo s’impose largement après un accord entre sa liste socialiste et les verts, entre les deux tours. Cela a empêché que la très active campagne de Rachida Dati ne puisse retirer les fruits de ses efforts. Le grand perdant, c’est le parti du président. L’échec cuisant à Paris d’Agnès Buzin en est le symbole aussi cruel qu’humiliant. La seule consolation serait la victoire écrasante du premier ministre Edouard Philippe au Havre. Mais Edouard Philippe n’est pas un marcheur, il est républicain, il reste un homme de droite assumé et n’a pas du tout la fibre écologique. Sa popularité, de plus, fait de l’ombre au président. Restera-t-il premier ministre, il semble sortir renforcé du scrutin mais en fait, plus il est fort plus son poste est fragilisé. Pas assez vert peut être pour la suite ! Ce pourrait être une bonne excuse pour s’en débarrasser.

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 Pour le rassemblement national, les résultats sont décevants par rapport aux espérances. Quand à Mélenchon, il a été totalement absent. Un an après de prometteuses élections européennes, les Verts rêvaient de conquêtes. Seuls ou alliés à la gauche, ils ont relevé leur pari dans les grandes villes. Des écologistes l’ont emporté à Marseille et Bordeaux, bastions de droite, et à Lyon, entre les mains de l’ex-ministre Gérard Collomb depuis 2001. Strasbourg, Tours, Poitiers, Besançon, Colombes, se sont aussi choisi de futurs maires Europe Écologie-Les Verts (EELV). La République en marche (LREM) a raté son premier scrutin local. À Paris et Lyon, ses chefs de file Agnès Buzyn et Yvon Berland ne décrochent même pas de siège au conseil municipal. La majorité et ses alliés conservent notamment Angers, Tourcoing, Mont-de-Marsan, ainsi que Le Havre et Pau, où le premier ministre, Édouard Philippe, et le président du MoDem, François Bayrou, étaient candidats. Mais ils perdent Biarritz, Bourges, ou encore Nancy.

 Mais attention,  ceux qui ont voté sont jeunes, très diplômés, citadins, écologistes et de gauche. Ils restent très minoritaires en France. La France des gilets jaunes et celle de Mélenchon n’ont pas voté. C’est pourquoi le président va verdir sa politique, sans pour autant se convertir à l’écologie radicale qui tombe au plus mal dans un contexte de crise économique et de relance difficile au sortir de l’épidémie.

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Les bascules dans les plus grandes villes masquent une grande stabilité. Sur les 454 communes de plus de 20.000 habitants, seules soixante (13%) ont changé de couleur politique au terme du premier ou du second tour. Les équilibres restent globalement inchangés. La gauche (socialistes, communistes) a gagné autant de villes -Nancy, à droite depuis 1947, Quimper, Chambéry, Saint-Brieuc, Périgueux – qu’elle en a perdu – Metz, Lorient, Bron, Auxerre, récupérés par Les Républicains (LR).

Configuration inédite en France, cinq des dix plus grandes villes seront dirigées par des femmes. Trois socialistes l’emportent dans leur commune : Anne Hidalgo à Paris, Johanna Rolland à Nantes, Martine Aubry à Lille. À Strasbourg, Jeanne Barseghian (EELV) doit succéder à Roland Ries (ex-PS). Enfin, à Marseille, l’écologiste Michèle Rubirola, soutenue par la gauche, est arrivée en tête. Mais aucune majorité absolue en sièges n’est sortie des urnes : en fonction du jeu des alliances, sa concurrente (LR) Martine Vassal pourrait se hisser à la tête de la deuxième ville de France.

Mais pour ces verts le plus dur commence maintenant. Ils vont se heurter à la réalité. Ils vont devoir concilier leur idéologie de décroissances à l’indispensable lutte contre la crise économique et le chômage. Ils devront le faire avec une légitimité qui sera toujours mise en doute en raison de la seule vraie vague de ce scrutin local : l’abstention.

Patrice Zehr

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