Nairobi L’horreur et les mystères

Westgate narobi

Le temps mis pour reprendre le contrôle du centre commercial de Nairobi, l’incertitude sur le nombre de victimes et l’identité des assaillants, tout cela fait de cette action terroriste une action hors norme.

Certes, cela s’inscrit dans la mondialisation par alliances des actions d’Al-Qaïda, dans une offensive en Afrique, du Mali à la Somalie, même si les groupes sont très différents. L’horreur a été absolue, filmée et diffusée dans le monde entier pendant des jours et des jours. Il faut se rendre à l’évidence: la société de communication est une alliée objective du terrorisme. La mondialisation est également un facteur de plus en plus important.
La ministre kényane des Affaires étrangères, Amina Mohamed, a confirmé les informations de presse selon lesquelles deux ou trois Américains d’origine somalienne ou arabe, âgés de 18 à 19 ans et originaires du Minnesota, ainsi qu’une Britannique figurent parmi les attaquants. Selon la presse américaine, le FBI enquête depuis 2008 sur une filière de recrutement d’islamistes Shebab somaliens sur le sol américain.
«Le Figaro» rappelle que «l’un d’entre eux, Omar Shafik Hammami, alias Abou Mansour al-Amriki (Mansour l’Américain), a été tué dans un affrontement avec d’ex-compagnons d’armes avec lesquels il s’était brouillé. Abou Mansour, né dans l’Alabama il y a 29 ans, était l’un des combattants étrangers de Somalie les plus connus. Le département d’Etat offrait 5 millions de dollars pour sa capture. Abou Mansour était en fait la vitrine occidentale des Shebab, celui qui devait attirer d’autres étrangers vers la rébellion islamiste somalienne».
A cela s’ajoute le fantôme de la «Veuve blanche». C’est l’une des principales suspectes de l’attaque du centre commercial de Westgate, à Nairobi, qui a fait au moins 62 morts et près de 200 blessés. «Sherafiyah Lewthwaite aka Samantha est une femme courageuse! Nous sommes heureux de l’avoir dans nos rangs», a annoncé sur Twitter l’organisation islamiste somalienne Al-Shebab qui a revendiqué l’assaut, avant que son compte ne soit supprimé par le réseau social.
Elle rencontre Mohammad Sidique Khan, un Britannique d’origine pakistanaise. L’homme est considéré comme le cerveau des attentats de Londres du 7 juillet 2005, qui ont fait 56 morts. Un an plus tard, son mari, Jermaine Lindsay, se fait exploser dans un métro de la ligne Piccadilly, en plein centre de Londres. L’attaque sanglante fera 27 morts, dont le kamikaze de 19 ans. Celui-ci laisse une veuve enceinte de son deuxième enfant. Sa fille voit le jour deux mois plus tard, en septembre 2005. Placée sous protection policière après avoir «collaboré» avec Scotland Yard, Samantha Lewthwaite parvient pourtant à échapper à sa vigilance. La jeune femme disparaît littéralement de la carte… avant de refaire surface en août 2011 au Kenya.
Voilà qui change le combat des Shebab de dimension, du nationalisme islamiste au terrorisme international. Le groupe a émergé comme aile militaire radicale de l’Union des tribunaux islamiques en Somalie et s’est fait connaître en 2006 en combattant les forces éthiopiennes venues soutenir le gouvernement somalien de transition et en chassant les islamistes du pouvoir et des principales villes.
Le groupe djihadiste a occupé Mogadiscio avant que les forces de l’Union Africaine ne le chassent de la capitale, mais il contrôle toujours les campagnes du sud et mène régulièrement des attaques dans la capitale. Les Shebab ont pris pour cible le Kenya depuis l’envoi de soldats kényans dans le sud de la Somalie en octobre 2011. Ces soldats ont ensuite été intégrés dans la force de l’Union africaine.
Les Shebab ont formé une alliance avec Al-Qaïda. Selon plusieurs sources, de nombreux djihadistes étrangers ont voyagé en Somalie pour prêter main forte aux Shebab. Leur nombre est estimé à entre 5.000 et 9.000.
Dans une vidéo commune, le leader des Shebab, Ahmed Abdi Godane, a prêté son allégeance au chef d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri. Les deux groupes travaillent ensemble et des combattants étrangers combattent aux côté des Somaliens, venus notamment du Kenya, d’Ouganda, de Tanzanie ou de l’Occident. Les responsables américains pensent qu’étant donné le repli d’Al-Qaïda en Afghanistan et au Pakistan depuis la mort d’Oussama Ben Laden, ses combattants se réfugient de plus en plus en Somalie.
La corne de l’Afrique, qui se prolonge au Yémen, est l’autre front africain, après celui du Sahel, d’un mouvement à recrutement mondialisé qui veut créer partout des sanctuaires et des «Afghanistan» de remplacement.

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