«Il ne faut pas s’attendre à une avancée notable lors de la table ronde Genève III»
Pour Naoufal Bouamri, spécialiste des questions sahariennes, la deuxième table ronde de Genève a permis au Maroc de réaffirmer ses constantes dans tout processus de négociations devant aboutir à une solution au conflit du Sahara. Notre interlocuteur a précisé, en outre, qu’il ne faudrait pas s’attendre à un sursaut de conscience de la part de l’Algérie, tant que ce pays reste dirigé par le régime actuel.
En quoi la table ronde Genève II a-t-elle été différente de la précédente?
Cette deuxième table ronde a été, pour le Maroc, l’occasion d’exprimer sa disposition, sa bonne foi et son adhésion au processus de règlement politique, relancé par le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, en collaboration avec son Envoyé personnel pour le Sahara, Horst Köhler. Aussi, le Royaume a-t-il participé à la deuxième table ronde de Genève avec une délégation composée, en plus du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Nasser Bourita et de l’Ambassadeur du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, de membres originaires des provinces du sud du Maroc. Ces membres jouissent de la légitimité électorale et sociale et d’une grande crédibilité dans ces provinces. Ce qui leur a permis de jouir du statut de représentants de la population sahraouie. Ceci a balayé d’un revers de main les allégations du polisario qui prétend être le représentant des populations du Sahara.
Côté algérien, c’est le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, qui a représenté l’Algérie à la table ronde Genève II sur le Sahara, non en tant qu’observateur, mais en tant que partie prenante à ce dossier. Selon-vous, y a-t-il un quelconque changement de la position algérienne qui se profile à l’horizon?
La participation de l’Algérie à cette deuxième table ronde, en tant que partie prenante au processus onusien, dans le cadre de ce dossier, a levé le voile sur son attitude clamant, depuis le début, sa neutralité par rapport au dossier du Sahara, mais tout en soutenant politiquement, diplomatiquement, militairement et financièrement le mouvement séparatiste du polisario, pour la création d’un «Etat» factice dans la région du Maghreb. Ce double jeu de la part du régime algérien a bloqué tous les efforts de la communauté internationale pour une solution définitive à ce dossier. Aujourd’hui, il faut que l’ONU, à travers l’action de son Secrétaire général et de son Envoyé personnel pour le Sahara, fasse pression sur l’Algérie et les deux autres parties de ce dossier, afin qu’ils prennent leurs responsabilités et œuvrent, à l’instar du Maroc, pour une solution à ce différend autour du Sahara.
A l’issue de la deuxième table ronde de Genève, Horst Köhler a annoncé la tenue d’une troisième rencontre, selon le même format. A quoi faut-il s’attendre?
Face à l’intransigeance de l’Algérie et de son protégé le polisario, il ne faut pas s’attendre à une avancée notable lors de la table ronde Genève III. Comme je l’ai déjà souligné, tout dépendra du développement de la situation en Algérie. Si le peuple algérien parvient à détrôner le régime qui le gouverne depuis des décennies, il sera possible de parler d’un changement de position de la part de l’Algérie, en faveur d’une solution au conflit du Sahara. Quoi qu’il en soit, le Maroc, fort de la justesse de sa cause et de sa position réaliste et constante, restera fidèle à ses engagements vis-à-vis du Conseil de sécurité, dans le cadre de ce dossier.
Propos recueillis par Mohcine Lourhzal