Repenser le logement économique et social sera au cœur des discussions durant les prochaines semaines. La ministre de l’Urbanisme, de l’habitat et de la Politique de la Ville, Nezha Bouchareb ouvrira le bal d’ici une à deux semaines, déclare à Le Reporter une source bien informée.
Selon notre source, le département de l’habitat s’apprête à lancer des consultations avec les principaux partenaires (publics et privés) concernés pour revoir le produit économique et social.
Ce ministère reconnaît ainsi «les limites» de ces produits. Il rejoint le constat émis par certaines institutions nationales depuis plusieurs années.
Réfléchir à un nouveau produit pour redynamiser le secteur immobilier sera au centre des débats lors des prochaines réunions au ministère.
Les débats seront focalisés sur le segment du logement à faible valeur immobilière (FVI, 140.000 DH) et celui du logement social (250.000 DH). Le but étant d’établir de nouvelles pistes de réflexion pour asseoir un nouveau produit.
L’idée c’est de concevoir un nouveau produit devant apporter une réponse aux besoins des populations qui ne sont pas encore couvertes ni par le logement à FVI, trop peu attractif pour que les promoteurs immobiliers s’y engagent, ni par l’économique dont le prix est de 250.000 DH, expliquent nos sources. Pour relancer ce programme, poursuivent celles-ci, certains ajustements doivent y être apportés.
Toujours selon celles-ci, «plusieurs pistes d’amélioration sont déjà sur la table afin d’aboutir à un produit qui aura l’accord de tous les partenaires avant de le soumettre pour approbation et de le mettre en œuvre d’ici le début 2021». L’objectif, précise-t-on, c’est surtout de mettre en place une série de nouvelles mesures destinées à corriger certaines contraintes.
Il faut souligner que le programme du logement à 140.000 dirhams lancé en 2008 et destiné aux familles, dont le revenu mensuel ne dépassant pas deux fois le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), avait fait l’objet de plusieurs critiques.
En effet, il existe encore des familles dont le revenu mensuel ne dépasse pas le SMIG et qui ne sont pas concernés par ce programme, lequel a bien du mal à trouver son rythme de croisière. Puisque, le but initial de réaliser quelque 130.000 unités à l’horizon 2020 affiche à ce jour un taux de réalisation d’à peine 22,1%.
Côté réalisation, la production de logement économique a pris un sérieux coup, soutiennent des promoteurs de la place. Car les incitations fiscales accordées dans le cadre de la production de logements économique et social arrivent à terme en 2020, expliquent ces mêmes promoteurs qui se disent inquiets.
«Il y a un ralentissement au niveau des ventes. Aujourd’hui, il y a 30% de moins de ventes qu’auparavant», affirment ces mêmes promoteurs immobiliers. Pour ces derniers, les avantages fiscaux liés au logement social doivent être révisées et orientées davantage vers les acquéreurs.
A noter enfin qu’une étude relative aux programmes de logement a été lancée, en octobre dernier, en partenariat avec la Banque Mondiale pour accompagner le ministère de tutelle dans le processus de réforme de la politique du logement.
Cette étude, intitulée «Quels programmes de logements après 2020?» est actuellement menée par des experts de la Banque Mondiale. Elle s’appuie sur la consultation des principaux partenaires concernés afin d’aboutir à la proposition commune d’un nouveau programme de logements adapté au contexte marocain, ainsi que la définition de nouveaux types d’appuis, innovants permettant de poursuivre les programmes de logements conventionnés avec l’Etat, après leur échéance en 2020. L’ambition étant d’initier une stratégie innovante, à travers des mécanismes permettant de fournir aux Marocains des unités de qualité et de répondre à une demande de plus en plus croissante».
Cette étude a également pour but d’atteindre plusieurs objectifs, dont l’établissement d’un état des lieux des aides publiques pour le secteur de l’immobilier et l’évaluation de leur portée. Il est aussi question de proposer des mesures pour améliorer leur efficacité, en particulier avec l’arrivée à échéance du dispositif d’avantages fiscaux durant l’année 2020.
N. Cherii