Oui, mais… Il y a un hic !

Les ministres de ce gouvernement –qu’ils soient du parti majoritaire (PJD) ou non- semblent tous très doués pour mettre le feu aux poudres dans leur secteur. Ils lancent «une bombe». Le microcosme politico-médiatique en est secoué. L’opinion publique s’émeut. La polémique s’enflamme… Et on a l’impression d’avancer, alors que dans la plupart des cas, aucune décision n’est finalement prise.

Le 4 septembre dernier, c’était au tour de Mohamed Louafa, ministre de l’éducation nationale, de créer l’événement médiatique en décidant que les enseignants du secteur public ne pourraient plus dispenser de cours dans les établissements privés.

La décision a été rendue publique via un arrêté ministériel annonçant la «suspension temporaire de l’application des dispositions de la circulaire ministérielle N°109 du 3 septembre 2008» qui autorisait les enseignants du secteur public à enseigner également dans les établissements privés, dans le cadre d’heures supplémentaires.

En clair, les écoles privées ne pourraient plus avoir recours aux enseignants des écoles publiques. Ce qu’avait autorisé la circulaire de septembre 2008 est désormais interdit par l’arrêté ministériel de septembre 2012.

L’arrêté ministériel menace même de «mesures judiciaires» tout établissement d’enseignement privé qui ne se plierait pas à cette nouvelle décision.

Bien évidemment, les réactions ont été vives et immédiates.

L’arrêté ministériel de Louafa retire aux écoles privées les cadres enseignants qu’elles puisaient jusque-là tranquillement et à moindre frais dans le secteur public, au lieu d’en avoir à elles, déclarés et titularisés. En même temps qu’il retire à ces mêmes cadres le pain béni des «heures sup» dont ils ont été de plus en plus nombreux à user et abuser.

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Car, c’est bien là que le bât blesse ! La circulaire de septembre 2008 n’autorisait les enseignants du secteur public qu’à 8 heures supplémentaires par semaine. De même qu’elle ne permettait aux écoles privées de recruter que 20% des effectifs dans le secteur privé. Or, les «heures sup» ne se comptent plus et ce sont près des deux tiers des enseignants du public qui émargent auprès du privé !!

Résultat: et l’enseignement public et l’enseignement privé en sortent affaiblis.

Les abus ont atteint des proportions telles que la situation est devenue alarmante. Les réclamations de parents et interpellations des élus au parlement n’ont cessé de fuser tout au long des derniers mois, rapportent les médias.

Alors, le ministre Louafa a-t-il eu raison de réagir ?

A priori, oui, bien sûr. Il fallait bien que le département en charge de ce secteur trouve une solution au problème et la fasse appliquer. On peut le lui reconnaître, il a eu le courage de donner un coup de pied dans la fourmilière… D’ailleurs, les syndicats le soutiennent, eux qui estiment à juste titre que nombre de diplômés chômeurs pourraient trouver dans les écoles privées une belle filière d’emplois.

Il y a juste un hic. Et ce hic porte un nom: l’improvisation.

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Personne n’a compris pourquoi le département de Louafa s’est tout à coup réveillé à une semaine seulement de la rentrée scolaire ?!

Comment pouvait-il imaginer qu’une telle décision avait des chances d’être appliquée, sur le champ, par les écoles privées dont la plupart n’a d’autres effectifs que ceux «empruntés» au secteur public ?

Quelles solutions avait-il envisagées pour que les plus de 700.000 élèves des écoles privées ne se retrouvent pas sans enseignants, cette semaine, à la rentrée ?

En menaçant d’une année blanche si l’arrêté devait leur être imposé immédiatement, les établissements d’enseignement privé ont demandé –tenons-nous bien- 5 ans pour constituer leurs propres effectifs. Les diplômés chômeurs, oui, mais il leur faut une formation… Le secteur privé demande donc à l’Etat de prendre en charge cette formation…

Louafa s’est bien vu obligé de mettre de l’eau dans son… breuvage… (Eh oui, on a un gouvernement islamiste, même si Louafa ne l’est pas. Donc, pas de vin)… Au final, l’arrêté sera appliqué mais il ne sera pas appliqué… Certaines de ses dispositions seront maintenues, mais les écoles privées pourront continuer de recruter dans le secteur public, à condition de communiquer au ministère la liste des enseignants qu’elles auront engagés et le ministère délibèrera au cas par cas.

Compliqué ? C’est le résultat de l’improvisation…

Les parents des élèves des écoles privées n’ont plus qu’à se croiser les doigts.

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