Les travaux de la Rencontre sur le « Judaïsme marocain : pour une marocanité partagée », initiée par le Conseil de la Communauté marocaine à l’étranger (CCME) en partenariat avec le Conseil des Communautés Israélites du Maroc (CCIM), se sont ouverts, mercredi à Marrakech, en présence d’un aréopage de personnalités issues de divers horizons.
Placée sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, cette Rencontre inédite réunit quelque 250 Marocains juifs, du Maroc et de l’étranger, parmi lesquels des personnalités de la société civile, des enseignants, des universitaires, des multiplicateurs d’opinions, des leaders du monde des affaires, des journalistes, des chercheurs et des artistes.
La séance d’ouverture de ce conclave a été rehaussée par la présence notamment du ministre de la Culture et de la Communication, Mohamed El Aaraj, du Secrétaire Général du CCIM, Serge Berdugo, du Secrétaire Général du CCME, Abdellah Boussouf, et de l’ambassadeur itinérant de SM le Roi, Ahmed Herzenni.
Elle a été aussi marquée par l’interprétation de l’Hymne national par le chanteur David Serero ainsi que par des prières élevées par le Grand Rabbin de Casablanca, implorant le Tout-Puissant de préserver SM le Roi Mohammed VI et l’ensemble des membres de l’illustre Famille Royale et de perpétuer sur le Royaume les bienfaits de la quiétude, de la paix et de la prospérité.
Selon les organisateurs, « au cours des 20 dernières années, de nombreux colloques ayant pour objet les Juifs originaires du Maroc se sont tenus sur le thème de l’histoire et de la mémoire. Jamais n’a-t-on vu autant d’universitaires marocains réfléchir sur les moyens d’assurer la résilience et la persistance du Judaïsme marocain ».
Et d’ajouter que ces rencontres apparaissent nécessaires et salutaires car le judaïsme marocain est à la croisée des chemins, estimant que pour en assurer la pérennité, les recommandations vont généralement dans le même sens: multiplier les chaires d’études, accroître les occasions d’échanges entre universitaires, créer ou consolider des bibliothèques, tisser une toile virtuelle permettant de lier les archives communautaires des originaires du Maroc, réhabiliter les lieux de culte ou de mémoire, créer des archives sonores afin de recenser tous les témoignages qui pourraient servir de matériau de base pour de futures recherches, développer le tourisme mémoriel, entre autres.
Or, à leurs yeux, « nous devons également, Juifs et Musulmans, nous réapproprier notre histoire commune, assurer la transmission aux nouvelles générations, en faire un levier pour un agir collectif et lutter contre toutes les exclusions et toutes les stigmatisations ». « Nous avons peut-être trop célébré nos différences et investi sur nos spécificités sans nous préoccuper d’une dimension essentielle qui nous unit et nous réunit : notre marocanité », précisent-ils.
En effet, « nous vivons aujourd’hui, au Maroc, une période unique dans l’histoire de notre communauté, marquée notamment par la nouvelle Constitution, dont le préambule rappelle que « l’unité du pays (…) s’est nourrie et enrichie de ses affluents africain, andalou, hébraïque et méditerranéen » et par l’initiative de SM le Roi Mohammed VI visant la restauration des synagogues et des cimetières juifs, une opération lancée en 2010 et qui concernait 167 sites dans 12 régions du Royaume, alors qu’une deuxième phase des travaux a été lancée et concerne les synagogues, les lieux Saints et la création de musées, indique-t-on.
Cette période unique est aussi marquée par la totale liberté et sécurité des membres de la communauté juive dans la pratique de leur foi, l’existence en terre marocaine d’un Musée du judaïsme, un monument sans pair dans le monde arabe et islamique, le rôle assumé par le Maroc pour un règlement pacifique du conflit au Moyen-Orient, le discours Royal du 20 août 2016, enjoignant musulmans, chrétiens et juifs à « s’ériger contre la prolifération des obscurantismes et à dresser un front commun pour contrecarrer le fanatisme, la haine et le repli sous toutes les formes », expliquent les organisateurs.
A l’actif de cette « exception marocaine » du vivre en commun, figurent également le soutien exemplaire de SM le Roi Mohammed VI au projet Aladin contre le racisme, l’antisémitisme et le négationnisme, et les accords de coopération inédits entre les Archives du Maroc, le Musée de l’Holocauste de Washington et l’Alliance israélite universelle, confirmant l’engagement du Maroc pour la préservation de la mémoire et du patrimoine juifs, se félicitent-ils.
A travers tous ces exemples et bien d’autres, le Maroc constitue une « exception » au sein du monde arabe, et « notre ambition est de célébrer ensemble cette exemplarité et d’en assurer la pérennité, dans une perspective de partage », relèvent-ils.
Ainsi, cette Rencontre de Marrakech ambitionne de prolonger et d’approfondir la réflexion, et non pas d’apporter des réponses, sur des questionnements tels que : Que signifie, au XXIème siècle, être Marocain lorsqu’on vit loin de sa terre natale ou d’origine? Comment préserver notre spécificité dans nos pays d’accueil ? Comment les communautés marocaines à l’étranger peuvent-elles assumer un rôle de trait d’union, de force de proposition pour une consolidation des rapports entre pays d’origine et terre d’accueil ? Ou comment préserver et promouvoir l’exception marocaine ?, surtout qu’en diaspora, la communauté est interpellée par le souci de préserver et d’assumer une composante essentielle de son identité : sa marocanité.
Pour ce faire, les débats lors de ce conclave graviteront autour de plusieurs questions dont: »Décryptages : Réalités et défis du Maroc contemporain », »L’écriture de l’histoire des Juifs du Maroc », »Perceptions et représentations du Juif dans la production littéraire, cinématographique et médiatique au Maroc », »Séquence jeunesse : Côte à Côte, face à face, ensemble et séparément, comment construire l’avenir ? », »Juifs marocains : force de proposition-force de mobilisation ».
Au menu figure également une conférence autour du thème »Le Maroc dans le monde: défis et perspectives ».
A noter que la Rencontre de Marrakech sur le judaïsme marocain est également organisée avec la collaboration de plusieurs institutions notamment, le ministère de la Culture et de la Communication, la Fondation du patrimoine judéo-marocain, le Musée du Judaïsme marocain, l’Association des Amis du Musée du Judaïsme Marocain et l’Alliance Israélite Universelle.
Avec MAP