Winnie Byanyima, responsable d’Oxfam International
Elle a voulu intervenir très vite, alors que les questions fusaient déjà vers Mark Goldring, directeur général d’Oxfam au Royaume-Uni. «Permettez-moi de dire une chose. J’ai passé ma vie à me battre pour le droit des femmes. J’ai honte. J’ai mal», a déclaré Winnie Byanyima, responsable d’Oxfam International.
L’état-major de l’organisation caritative britannique a passé deux heures difficiles. Un comité parlementaire exceptionnel avait été convoqué en urgence, après les révélations du Times sur des abus sexuels perpétrés par des membres de son personnel en Haïti, en 2010. Depuis la publication de l’enquête, vingt-six autres cas d’abus, dont seize à l’étranger, ont été mis au jour, a reconnu la direction d’Oxfam.
Au fil des minutes, on a perdu le compte des excuses. Mark Goldring, à la tête de l’organisation depuis mai 2013 -donc après les faits rapportés dans le Times-, a commencé par s’excuser de s’être emporté dans une interview donnée au Guardian, dans laquelle il jugeait que ses employés n’avaient tout de même pas «tué des bébés dans leurs berceaux». Il a reconnu que sa remarque était inappropriée et liée au niveau de stress auquel il est soumis depuis le 9 février. Ce jour-là, le Times révélait que des membres du staff d’Oxfam avaient eu recours à des prostituées, parfois mineures, lors de leur programme d’aide mis en place après le tremblement de terre en Haïti, en 2010. Le rapport d’enquête interne détaillé, rédigé en 2011 et qui indique que certaines des victimes ou des lanceurs d’alerte dans cette affaire ont reçu «des menaces», a finalement été publié. L’ONG, qui emploie quelque 5.000 salariés et 23.000 volontaires dans 90 pays, est aux abois. Environ «7.000 particuliers ont suspendu leurs donations depuis les révélations et les entreprises sont en phase de réflexion» sur leur soutien futur, a révélé Goldring. La réputation et l’efficacité de l’ONG, mais aussi de tout le secteur humanitaire, sont en jeu.
PZ