Le palangrier, qui s’est échoué, mercredi 18 septembre, sur la plage blanche de Tan-Tan s’adonnait-il à un trafic de poisson ? La question a, en tout cas, été soulevée au port de cette ville. Une enquête a été ouverte par la gendarmerie royale et la délégation de pêche maritime (DPM) pour déterminer les circonstances de l’incident, indiquent nos sources au port de Tan-Tan, qui évoquent une «affaire de trafic illégal».
Un palangrier s’est échoué mercredi 18 septembre, aux alentours de 3 heures du matin, sur la plage rocheuse de Tan-Tan. Le palangrier, qui a effectué son dernier voyage, s’est coincé dans des rochers. Les 16 membres de l’équipage de ce palangrier sont sains et saufs. Le bateau a été très endommagé et sa partie inférieure est totalement abîmée. Il ne peut plus reprendre la mer, selon des sources professionnelles. Celles-ci ajoutent que le palangrier ne devrait pas être démantelé.
Les raisons de cet échouage ne sont pas encore connues. Pour l’heure, les circonstances de cet incident ne sont pas encore déterminées. Une enquête vient d’être ouverte par la gendarmerie royale et la DPM à ce sujet.
Toutefois, ce jeudi 19 septembre, les langues se délient dans les milieux de la pêche pour dire que la responsabilité incomberait au capitaine. «Les conditions météorologiques étaient très favorables à l’activité de la pêche. C’est à cause de la négligence du capitaine que le bateau s’est échoué sur la plage. Il dormait au moment de l’incident. Et il semble qu’il a confié la barre à un matelot», soutiennent nos sources au port de Tan-Tan, que nous avons interrogées, ce jeudi 19 septembre.
Dans les milieux de la pêche, on pointe aussi la question de sous qualification du personnel naviguant. «Laisser un simple matelot prendre la barre, alors qu’il n’a pas la formation pour naviguer, c’est irresponsable. Il semble qu’on naviguait près de la côte. C’est ce qui a d’ailleurs fait que le bateau s’est rapidement échoué sur la plage», soulignent des sources au Syndicat des officiers et marins de la pêche hauturière (SOMPH). Et d’ajouter: «L’enquête doit surtout porter sur la question: Le capitaine a-t-il le diplôme qu’il faut pour exercer le métier, ou travaille-t-il par simple dérogation ? En fait, c’est ça le fond du problème».
En tant que capitaine sur tout navire de pêche, on doit maîtriser les règles de conduite du bateau et manœuvrer son navire en toute sécurité, expliquent ces sources. Or, affirment-elles «un certain nombre de patrons de pêches et de marins pêcheurs ne possèdent pas le diplôme qu’il faut pour exercer le métier. Certains d’entre eux travaillent par dérogation».
Question de négligence ou manque de formation ? La question fait en tout cas polémique au sein de la profession. Elle devrait interpeller les responsables du secteur. Car il y va de la sécurité des gens de mer et des navires de pêche.
La situation serait-elle critique? A en croire les dires de nos sources, le secteur de la pêche marocain ne serait pas préoccupé de recruter des gens de mer qualifiés pour armer les bateaux de pêche. «On préfère, de plus en plus, recruter des gens de mer sous qualifiés et qui ne sont pas du tout formés en terme de sécurité et de précaution», affirment ces mêmes sources.
De leur côté, des marins pêcheurs tirent la sonnette d’alarme en pointant également du doigt leurs conditions de travail. «Dans la pêche côtière, les conditions de travail des gens de mer sont très difficiles. Nous travaillons avec un seul chift et pendant toute la journée. Au retour, quand ce n’est pas le capitaine qui navigue, c’est souvent un matelot qui le fait, alors qu’il a travaillé toute la journée», raconte un marin-pêcheur.
Trafic illégal ?
Lorsque le palangrier s’est échoué, il avait à son bord une cargaison qui comprenait une quantité très importante de poisson, selon des sources au port de Tan-Tan.
Plus de 10 tonnes de Corbine et 140 caisses d’une autre espèce de poisson (5 tonnes) à bord du bateau de pêche sont soupçonnées d’avoir été capturées illégalement, détaillent les mêmes sources.
«C’est une prise exceptionnelle. Le bateau ne peut pas pêcher toute cette quantité en une journée ou même en une semaine. D’autant qu’en ce moment, l’eau commence à se refroidir et le poisson n’est pas très abondant. Il y a donc des doutes qui entourent cette quantité», précisent nos sources.
S’agit-il d’une affaire de trafic illégal ? Le palangrier en question s’adonnait-il à un trafic de poisson ? La question a en tout cas été soulevée au port de Tan Tan où une enquête a été lancée pour dévoiler les raisons de cet incident, selon nos sources. Avant de conclure: «des relevés doivent être effectués. Car, après ce genre d’accident, il y a toujours le risque qu’il y ait des traces de pollution à cause de la perte de gasoil».
Naîma Cherii