Les salons de la chancellerie marocaine à Paris ont abrité, mardi soir, une rencontre-débat sur l’entrepreneuriat féminin au Maroc et à la nouvelle dynamique enclenchée suite au lancement récemment, sous l’impulsion de SM le Roi Mohammed VI, d’un programme intégré d’appui et de financement des entreprises.
Organisée par l’Ambassade du Maroc en France à l’occasion de la célébration de la journée internationale des droits des femmes, en partenariat avec TV5, la rencontre a été l’occasion de mettre en lumière les procédures d’accompagnement de l’entrepreneuriat au Maroc particulièrement pour les jeunes entrepreneures femmes dans le cadre de cette nouvelle dynamique et de faire un état des lieux des acquis en matière d’égalité des droits et des réformes enclenchées au Maroc qui ont engrangé un changement social et culturel radical dans la société.
La rencontre a permis aussi aux différents intervenants d’analyser la dimension économique de l’entrepreneuriat féminin au Maroc en questionnant le marché de l’emploi, du crédit et de l’investissement, et de s’arrêter sur certains écueils qui freinent encore cet entrepreneuriat en proposant des solutions et des recommandations qui seront portées à la Commission chargée du nouveau modèle de développement.
Animée par Asmâa Morine Azzouzi, ancienne présidente de l’Association des Femmes chefs d’Entreprises du Maroc AFEM et membre du CA de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc CGEM, Lamia Allouli, Expert-comptable, Commissaire aux comptes, inscrite aux Ordres de Paris-IDF et de Casablanca, Fouzia Smouhi-El Hilali, Directrice Générale chez CEREVIA Union de coopératives agricoles françaises, et Amal Kenbibe, avocate au barreau de Paris, et Amine Anaguay, la table-ronde a été l’occasion pour un représentant de la Caisse Centrale de Garantie CCG de présenter le nouveau programme d’appui et de financement des entreprises qui, à travers l’accompagnement des TPME, va faire émerger un écosystème entrepreneuriat plus innovant et plus dynamique où les femmes entrepreneures auront leur place.
Ouvrant la rencontre, Saad Bendourou, Chef de mission Adjoint à l’Ambassade du Maroc en France, a affirmé qu’au Maroc, sous l’égide de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, les droits des femmes marocaines connaissent une réelle avancée, comme en témoigne les différentes réformes adoptées et mises en œuvre code de la famille, code de la nationalité, accès aux différents postes de responsabilités politiques, économiques et administratifs.
S’ajoutent à ces réformes qui engrangent un changement social et culturel, les réformes à dimension économique, qui interpellent le marché de l’emploi, du crédit, de l’investissement et surtout de entrepreneuriat, a indiqué le diplomate marocain, qui a rappelé, dans ce contexte, l’importance de l’entreprise, vecteur de croissance et de création d’emploi, qui assure l’inclusion sociale et la modernisation de l’économie marocaine avec la pleine implication des femmes.
L’entrepreneuriat des femmes est aujourd’hui reconnu comme l’une des sources de croissance, de la création d’emplois, d’innovation et de richesse. Le Maroc développe et améliore d’année en année l’environnement des affaires pour les entrepreneurs et encourage celles et ceux qui ont du talent et de l’ambition, a-t-il dit.
Après avoir souligné que l’entrepreneuriat féminin dispose d’une grande marge d’amélioration possible, il a relevé que le potentiel dans l’économie sociale et solidaire n’est pas pleinement activé, alors que nombreuses sont celles qui souhaitent lancer un projet. L’on constate que les femmes sont moins présentes que les hommes, en termes de participation et d’égalité des chances en matière économique. Les derniers rapports font état d’un certain recul et indiquent que la femme marocaine n’est pas vraiment positionnée au cœur de l’entreprise et que l’entreprenariat féminin reste timide, a fait observer Bendourou. Ainsi, en 2014-2015, les femmes marocaines entrepreneurs ne représentaient que 12 pc du nombre total des entrepreneurs au Maroc.
S’agit-il d’un phénomène culturel ou social qui découragerait les femmes dans leurs actes d’entreprendre ? Est-ce que les femmes seraient plus réticentes à l’idée de courir des risques en créant leur propre entreprise ? Est-ce que ce serait le manque de moyens et de financement pour se lancer dans l’entreprenariat ? Comment insuffler une plus grande dynamique féminine qui fait développer les entreprises ?. Ce sont là des questions qu’il est légitime de poser, a-t-il dit.
Comment dès-lors faire de l’entrepreneuriat féminin un levier de croissance ? Comment et avec quel accompagnement mobiliser davantage la participation et l’inclusion des jeunes et des femmes ? Autant d’interrogations qui ont été évoquées tout au long de la rencontre-débat au cours de laquelle les différentes intervenantes ont exalté la nouvelle dynamique enclenchée pour l’entrepreneuriat au Maroc sous l’égide de SM le Roi Mohammed VI, qualifiant le programme intégré d’appui et de financement des entreprises de révolution qui enclenche une véritable rupture.
Ce nouveau programme, est un signal très fort, qui ne peut que booster les idées et les initiatives. Il doit cependant accorder une grande importance à la question de l’accompagnement des entreprises, ont-elles souligné, relevant la nécessité de le vulgariser auprès de la population notamment les jeunes et les femmes, à travers des campagnes médiatiques surtout dans le monde rural.
Ce nouveau dispositif est « une révolution qui marque l’alliance entre le gouvernement, la banque centrale et toutes les banques », ont-elles considéré, soulignant que le fait de plafonner le taux d’intérêt ne peut que redonner confiance de l’entrepreneur (e) dans le secteur bancaire.
S’agissant des freins qui font qu’au Maroc, nous avons si peu de femmes entrepreneurs et comment y remédier, les différentes intervenantes ont cité l’importance de l’éducation et de la sensibilisation qui commence à la maison et se poursuit à l’école et dans la société, la lutte contre les stéréotypes dans la société…
D’autres freins sont d’ordre matériel, ont-elles pointé, comme l’absence de services sociaux crèches, cantines scolaires… surtout dans les villes, qui font que les femmes se sacrifient pour se consacrer à leur famille. Les intervenantes ont souligné dans ce contexte l’importance d’un registre national de la population pour identifier les femmes éligibles aux programmes d’aide sociale.
Elles ont également relevé l’importance de trouver une passerelle entre formation et entrepreneuriat et proposé de faire appel à la discrimination positive question du quota pour permettre aux femmes d’entrer de plain pied dans le monde entrepreneurial. Elles ont appelé aussi à accorder une grande importance à la question de l’accompagnement des femmes entrepreneures pour ne pas se retrouver avec des entreprises qui crashent au bout de trois ans.
Les recommandations et autres observations issues de cette rencontre-débat vont êtres soumises à la Commission chargée du nouveau modèle de développement.
Par ailleurs, cette rencontre-débat a été marquée par des trophées remis par TV5 à cinq femmes de la diaspora marocaine.
Avec MAP