Le rideau est tombé sur la session d’automne du parlement. Une session qui s’est clôturée sur un bilan mitigé. Certains la jugent pourtant bonne, quand d’autres estiment qu’elle est loin d’être à la hauteur des attentes… Pour eux, le travail n’a pas été bien fait et, pour preuve, tout le retard enregistré sur certains dossiers, notamment les lois électorales.
Un bilan satisfaisant peut-être, mais comment peut-il l’être totalement alors que s’impose une session extraordinaire, à tenir en mars, pour boucler les lois organiques relatives aux élections avant la session d’avril? Et puis, à quoi est dû ce retard? A des débats houleux sur d’importantes questions de fond? A une divergence de points de vue très aiguë qui ne permet pas de juger qui de la majorité ou de l’opposition a raison? A des calendriers pas très favorables aux initiatives des partis et des groupes parlementaires? A… A… Et à…? La liste des raisons peut encore s’allonger et on peut en imaginer une multitude, mais la réalité est autre. C’est en tout cas le message qu’envoie aux citoyens, qui font l’effort de suivre les «travaux» du parlement, l’élite politique dont les mœurs laissent à désirer ces derniers temps.
Entre accusations, insultes qui atteignent parfois la vulgarité et coups tordus en prévision des élections, cette élite semble avoir la tête ailleurs, si bien que beaucoup de travail reste sur la planche… Sans compter que la mise en accusation systématique du gouvernement et de son chef, Abdelilah Benkirane, ne donne pas toujours le résultat escompté.
HD
Séances parlementaires : De mal en pis!
Parler aujourd’hui d’égard et de retenue relève de la fiction. Il n’y a qu’à voir le niveau des débats sous la coupole du parlement. Et si seulement ça ne tenait qu’à des échappées de langage…
Les parlementaires et néanmoins chefs de partis politiques sont allés très loin et ont amélioré leurs performances à tel point que les spectateurs ont commencé à suivre de très près ces fameuses séances, espérant voir une séquence qui meublera leurs discussions du mois.
Des députés se présentant sous la coupole la bouche scotchée, à la vraie bagarre entre Chabat et Lebbar assistés par leurs sbires, en passant par un député qui s’est montré quasiment torse nu, découvrant son «gros» ventre tout simplement pour prouver qu’il a «les mains propres»! On se croirait dans une bien piètre «Halka» de «Jamaâ Lefna» (tout en nous excusant auprès des gens qui font de la Halka, du vrai art qui leur sert au moins à vivre)… C’est donc à cela qu’ont été réduites les séances de débat au parlement marocain!
Dans son histoire, ce parlement a toujours connu des frictions, au point même qu’une fois feu SM Hassan II avait traité ces séances de cirque… Aujourd’hui, même ce cirque, on s’en est éloigné et de beaucoup. Au cirque, au moins on rigole. Là, c’est plutôt la désolation et le dégoût qui s’emparent des pauvres citoyens que nous sommes. Quand on voit par qui et comment nous sommes représentés! Si vraiment nous le sommes et si ces gens le croient vraiment ou se considèrent ainsi… Ceci est bien entendu loin d’être vrai car, autrement, les représentants auraient au moins eu la décence de respecter l’intelligence et l’éthique de ceux qu’ils représentent. Ils auraient cessé de verser dans les insultes et les accusations passibles de poursuites judiciaires, mais qui ne connaissent aucune suite… Ce ne sont, explique-t-on d’ailleurs, que les ingrédients nécessaires à l’exercice de la fonction. Attitudes qu’effacent vite des accolades et des «salamalecs» conviviaux post-séance…
Et le pire…
Pire qu’un geste mal placé, il y a eu, lors de la dernière séance de cette session d’automne, la mauvaise interprétation. Une interprétation issue d’une mauvaise foi déclarée. Détrompons-nous vite. Il ne s’agissait pas de l’interprétation d’une loi ou d’un texte, mais de mots, qualifiés de «gros», du chef de gouvernement. Là, les Marocains ont eu leur dose. Et comprennent mieux aujourd’hui quel niveau intellectuel et éducationnel ont les «respectables» députés…
Irrité par la députée du PAM, qui disait à Benkirane que son parti (à elle) était «très grand», c’est-à-dire que Benkirane n’a pas le niveau de ce parti, le chef de gouvernement s’est senti dans l’obligation de défendre, à son tour, le sien grâce auquel il est là où il est aujourd’hui. Il a alors répondu: «Le mien (c’est-à-dire mon parti, le PJD) est plus grand que le tien»! Il n’avait pas idée de la suite, alors que cette phrase allait vite être comprise en dehors de son contexte et que ses mots allaient prendre une dimension «sexuelle». Une pensée aussi vicieuse et tordue naît sous la coupole du parlement! Il faut vraiment n’avoir la tête qu’à cela pour penser de la sorte… Défendre son parti est certes légitime, mais ne faut-il pas le faire d’une manière civilisée? Ne faut-il pas donner l’exemple, le bon, à tous ces citoyens qui ont cru à telle ou telle personne laquelle, grâce leur voix, est là?
Pour ce qui est de l’exemple, les Marocains sont loin aujourd’hui d’en trouver au parlement, si ce n’est en matière de disputes et d’échange de propos inadéquats… Benkirane semble épouser cette thèse puisque, encore plus irrité par l’interprétation de ses paroles, il ne trouvera pas mieux à dire que de traiter les autres de «soufahae» (voyous), comme s’il voulait leur montrer que même si le rideau est tombé sur la session, il est loin de l’être sur les hostilités… «Vous ne me faites pas peur», avait-il dit auparavant. L’approche des élections fait que le «ton» monte d’un cran, sinon un peu plus. Normal, la «bataille» va bientôt commencer. Il reste à savoir avec quel niveau les partis politiques vont l’entamer.
Si c’est avec le «si» bas niveau qu’ils montrent aujourd’hui, cette bataille sera perdue d’avance. Ce qui promet bien d’autres disputes, de piètres performances, de vils comportements et encore plus de retard…
Hamid Dades
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Quiproquo ou manip ? La séance mensuelle du chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, consacrée aux questions des députés relatives à la politique générale, a tourné au vinaigre entre Benkirane et les composantes de l’opposition. Et ce, lors de la prise de bec du chef de gouvernement avec la présidente du groupe PAM, Milouda Hazeb. |
Mohamed Nafaa
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Vie politique : Partis hors de la partie «Les partis politiques œuvrent à l’encadrement et à la formation politique des citoyennes et citoyens, à la promotion de leur participation à la vie nationale et à la gestion des affaires publiques. Ils concourent à l’expression de la volonté des électeurs et participent à l’exercice du pouvoir, sur la base du pluralisme et de l’alternance par les moyens démocratiques, dans le cadre des institutions constitutionnelles». Cet extrait de l’article 7 de la Constitution explique ce qu’est un parti politique et ce qu’est sa mission. Voyons un peu, dans la réalité des faits, si cette définition s’applique aux partis politiques marocains. Œuvrer à la formation politique des citoyens soit, mais pour former, il faut d’abord l’être. Cette notion de formation est loin d’exister chez les partis qui lui préfèrent les guerres intestines, les clans, l’insolence et l’arrogance. Pour former, il faut disposer d’une élite en mesure d’assurer cette mission auprès d’une solide base. Quel parti politique marocain dispose aujourd’hui de ces éléments? Pour s’en rendre compte, il n’y a qu’à voir leurs «élites» effritées, anéanties et profondément affectées soit par des démissions de cadres de taille, soit par la disparition de ceux-là, soit encore par la montée en puissance de «sous-fifres» dont le rêve a toujours été de devenir Secrétaire Général, à la place du SG et dont l’action ne porte que sur ce qui intéresse leur «petite» personne. Puis, il y a ces centaines de milliers de fantomatiques «adhérents». Ces opportunistes qui profitent bien du temps des campagnes électorales, mais qu’on ne voit plus après… |
HD
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Attitude : Le débat et pas le ton La dernière séance des questions-réponses au Parlement restera à jamais marquée par des écarts de langage et un débat houleux où le ton était monté de plus d’un cran. Ce n’est plus la peine de se poser trop de questions sur la raison, puisque tout un chacun sait aujourd’hui que les politiciens sont malades. Ils ont tous chopé un sérieux virus manifesté par une fièvre incontrôlable: la fièvre des élections. |
HD