La désunion de l’Istiqlal et la guéguerre que se font Chabat et El Fassi ne fait pas oublier aux Istiqlaliens qu’ils vont affronter les prochaines échéances électorales en rangs dispersés et qu’il y va de l’avenir et de la crédibilité du parti.
Parce qu’il considère que les dirigeants du courant «Bila Hawada» (Sans Répit) est allé très loin dans sa guéguerre contre lui -en témoigne le recours à la Cour d’appel de Rabat pour faire invalider son élection à la tête du parti de l’Istiqlal-, Hamid Chabat, l’homme à abattre, a brandi l’article 84 du règlement intérieur du parti. Plus encore, il l’a mis à exécution, excluant ainsi ses frères-ennemis du courant «Bila Hawada» pour avoir contesté, comploté contre lui et commandité son départ. L’article 84 énonce que tout membre, qui s’absente trois fois de suite aux réunions du Conseil national du parti (parlement), est considéré comme démissionnaire. L’exclusion du Parti de l’Istiqlal des adversaires jurés de Chabat concerne principalement une liste de 31 noms, dont Abdelouahad El Fassi, candidat malheureux au poste de SG lors du 16ème Congrès de l’Istiqlal, Latifa Bennani Smires portée à la tête du mouvement «Bila Hawada» lors de son premier Conseil national et M’Hamed El Khalifa. Mais ces derniers ne sont pas restés les bras croisés. Ils ont contre attaqué en soutenant que le règlement intérieur ne peut pas être appliqué de façon partielle et sélective et qu’avant d’appliquer l’article 84, il faut appliquer les articles précédents, notamment celui qui énonce qu’il faut notifier la date de la tenue du Conseil national, à tous les membres du parti, 15 jours à l’avance. De plus, ajoutent-ils, rien ne les empêche de se présenter à l’ouverture du Conseil national, de signer et de repartir sans assister aux travaux… Mieux, il serait question pour chaque membre exclu d’intenter un procès à Chabat…
Non à l’éclatement
Si les Istiqlaliens refusent jusqu’à aujourd’hui de parler d’un éventuel éclatement de leur parti, ils avouent cependant que l’Istiqlal vit une crise qui, si elle perdure, menace de le fragiliser davantage. Aussi, certains militants, principalement les parlementaires, en appellent-ils à une médiation des sages du parti de feu Allal El Fassi pour sauver les meubles et sauvegarder la cohésion d’une formation de taille.
Preuve à l’appui
Pour l’entourage de Hamid Chabat, le recours à la justice pour invalider l’élection de l’actuel Secrétaire général du Parti de l’Istiqlal et des vingt-cinq membres du Comité exécutif ne dérange pas outre mesure. Car Chabat argumente que le candidat malheureux, Abdelouahad El Fassi, oublie peut-être qu’il l’a personnellement félicité devant les congressistes du 16ème Congrès et s’est même engagé à le soutenir pour rehausser le parti et ce, en présence de l’ex-secrétaire général, Abbas El Fassi. Un député istiqlalien nous a confié: «Comment alors un député istiqlalien, Abdelouahad El Fassi et consorts peuvent-ils se démarquer de cette reconnaissance de fait qui plus est a été faite devant les membres du Conseil national et les médias?».
Même s’il n’en parle que du bout des lèvres et donne l’impression d’être en mesure de maîtriser la situation, Hamid Chabat sent que ses adversaires ont mis le paquet pour le dénigrer et le faire basculer de son piédestal. Le courant «Bila Hawada», diligenté par les partisans du clan de Abdelouahad El Fassi, n’a pas lésiné sur les moyens pour ce faire, allant jusqu’à mobiliser tout ce qui bouge pour soumettre le litige à l’appréciation de la Justice et obtenir gain de cause.
Chabat soutient que le courant «Sans Répit» a vu le jour et se maintient grâce aux acquis immobiliers, donc financiers, à travers le Royaume qui sont encore sur le compte des héritiers de feu Allal El Fassi. «L’argent, nerf de la guerre, ne manque pas aux adversaires de Hamid Chabat», avoue un membre du Conseil national de l’Istiqlal.
La guerre des clans
La guerre des clans est désormais déclarée au sein du Parti de l’Istiqlal (PI), pour s’assurer du leadership, entre le nouveau patron du parti, Hamid Chabat et le représentant du clan, Abdelouahad El Fassi, fils du charismatique et fondateur du PI, feu Allal El Fassi. Mais cette guerre intestine ne fait pas oublier aux militants istiqlaliens de tous bords la nécessité de sauvegarder la cohésion du parti. «Il n’est pas question que ce duel au sommet entre Chabat et El Fassi nous fasse oublier l’image de marque et l’avenir du parti, alors que nous sommes à la veille des élections et que nous devons y aller unis et non en rangs dispersés, pour pouvoir faire face à un adversaire de taille, le PJD et à d’autres qui ne disent pas leur nom», nous a déclaré un membre du clan «Bila Hawada»; ce qui prouve que les militants istiqlaliens restent conscients qu’il faut tout faire pour serrer les rangs et ne pas faire le jeu des adversaires qui cherchent à décrédibiliser le parti en cette période difficile qu’il traverse.
Non au retour à la case départ
Une chose est cependant sûre: les Istiqlaliens ne veulent plus revenir à la case départ. L’actuelle guerre des courants ou des clans n’a pas pour objectif de remettre en selle le clan El Fassi. «La bataille est ailleurs», nous a confié un député istiqlalien.
Mohammed Nafaa