Les Éditions Orion viennent de publier un ouvrage collectif très attendu sur le Maroc. 54 auteurs, des sensibilités différentes, philosophes, écrivains, poètes, artistes, sociologues, anthropologue, historiens… chacun apporte son éclairage et son analyse du Maroc d’aujourd’hui et celui de demain. Un ouvrage réalisé par amour pour ce cher Maroc que nous aimons.
L’objectif de cet ouvrage collectif, signé par 54 auteurs différents, chacun selon son vécu, selon sa sensibilité, selon son parcours et ses convictions, est très clair, comme le précise, l’écrivain et journaliste, Abdelhak Najib qui en a assuré la direction avec le sémiologue, Noureddine Bousfiha: «Le but final de ces écrits étant très clair: lever le voile sur certaines vérités, dire ce qu’il faut dire, sans langue de bois et sans retenue. L’objectif est noble. Nous voulons tous apporter notre pierre à l’édification d’un autre Maroc. C’est parce que nous aimons ce pays, c’est parce que nous respectons les fondamentaux de cette nation, que nous avons décidé de nous lancer dans cette réflexion collective sur le futur de notre pays. Qu’on n’y voie aucune charge sur notre cher Maroc, qu’on ne tente pas de sortir les paroles des uns et des autres de leurs contextes pour juger ce travail sur des détails et non sur la vision d’ensemble qui verse dans un unique sens: manifester notre amour pour notre pays en mettant le doigt là où ça fait mal, sans concessions, sans compromis et surtout sans intérêts». En effet, cette vision est partagée par tous les intervenants de cet ouvrage qui connait un très grand succès depuis sa parution fin mai. On peut citer parmi les figures qui ont pris part à ce travail de fond, marquant par son sérieux et par l’acuité des questions posées et des éléments de réponse proposés par les uns et les autres: Jean-Marie Heydt, Mustapha Kebir Ammi, Dr Imane Kendili, Najib Bensbia, Ahmed Bouchikhi, Souad Mekkaoui, Abdelhay Sadiq, Mustapha Guiliz, Mohamed Mouftakir, Mohamed Chouika, Sahraoui Faquihi, Said Chakri, Mohamed Cherfaoui, Mohamed Drioeuch, Jamal Antar (le grand acteur marocain qui vit à Los Angeles), El Mehdi El Kourti, Mohamed Nyaim, Yousra Tarik, Rachida Belkacem, Nadia Chellaoui (qui a participé avec trois peintures fort importantes), Dr Hynd Bouhia, Mustapha El Hadaoui, Aziz Bouderbala, Naji Benaji, Mae Najib et d’autres visages importants, sans oublier la préface signée par le grand anthropologue, Docteur Faouzi Skali: «Le titre de cet ouvrage collectif résume d’emblée ce qui semble faire obstacle à notre société marocaine, voire à chaque individu au sein de celle-ci, de progresser vers un avenir meilleur, par une émotion négative et confuse, la peur. J’ai toujours été frappé par la façon dont les économistes, alors même qu’ils cherchent à faire valoir des modèles qui se rapprochent autant qu’il est possible de sciences exactes, parlent pour décrire un contexte favorable du retour d’un climat de confiance».
Quand on lit tous les textes de cet ouvrage, dans leur variété, nous sommes d’abord touchés par le sens de la responsabilité de chaque intervenant. La question est très sérieuse: quelles sont nos peurs aujourd’hui et comment les dépasser pour donner corps à un Maroc meilleur pour les générations futures ? Philosophes, sociologues, anthropologues, écrivains, poètes, artistes, sportifs, enseignants, universitaires, journalistes…Toutes ces sensibilités si diversifiées apportent ici un regard sans compromis sur leur Maroc. Comment ils le vivent au quotidien ? Comment ils vivent les blocages qui handicapent sa bonne marche ? Comment ils jugent les différents virages pris par le pays, parfois sans aller au bout de tant de réformes qui auraient pu faire gagner du temps au Royaume ? Comment ils se projettent dans l’avenir, dans une société cohérente, une société qui donne toute sa place à la femme et à la jeunesse, qui sont le nerf vital du pays ? Comment ils décortiquent la question de l’éducation, qui reste pour tous l’urgence numéro 1 pour édifier un Maroc fort ? Comme le précise Jean-Marie Heydt, qui a signé le préambule de cet ouvrage: «Ces auteurs savent et mesurent à quel point la population a des raisons de désespérer, et ils ne veulent le taire, car ils savent également qu’au Maroc, « (…) nous avons aussi de nombreuses raisons de nous réjouir, il faut le dire» (…) Ils n’hésitent pas un instant à souligner l’importance d’avoir «un Souverain éclairé qui pousse au progrès (…) » et qui « (…) œuvre pour l’État de droits. Les lois [certes] œuvrent à garantir un état de droits. Mais l’homme, dernier pilier nécessaire à la concrétisation et au respect de cet état de droit, [quant à] lui, est faillible»». Alors, cette affirmation vient du fond du cœur: «Non, je n’ai pas peur !», comme le dit haut et fort, l’acteur Karim Saïdi. Dès l’instant où je suis capable de positiver, où je veux résolument me tourner vers le futur, je suis convaincu, comme l’exprimait Stendhal, que «les peuples n’ont jamais que le degré de liberté que leur audace conquiert sur la peur». Et cette audace vient bien souvent des femmes qui détiennent les clefs du changement. Le Maroc est cette voix qui invite sans cesse à réinventer et à construire le modèle de nation. Rien d’étonnant alors que ce proverbe arabe décrive cette vision du monde, cette ouverture d’esprit, lorsqu’il affirme «quand on éduque une femme, on forme la société, quand on éduque un homme, on forme seulement un individu», comme le souligne Mohamed Cherfaoui.
«Maroc, de quoi avons-nous peur ?» Éditions Orion. Juin 2020. 610 pages