A quelques mois de la tenue de la prochaine réunion de l’ICCAT (Commission Internationale pour la conservation des Thonidés de l’Atlantique) à Marrakech, le sujet défraye la chronique dans le secteur de la petite pêche au Maroc, notamment dans le nord…
Les opérateurs de la pêche artisanale «ne sont pas responsables de la surpêche du thon rouge. Et pourtant, ils ne profitent que d’un quota très faible», est-il souligné à la Confédération nationale de la pêche artisanale. C’est la raison pour laquelle les professionnels de la pêche artisanale militent pour obtenir un quota conséquent dans ce secteur du thon rouge, notamment dans la région d’Al Hoceima, a-t-on précisé auprès des mêmes sources. Le jeudi 30 juin, plusieurs associations et représentations professionnelles ont engagé, à Tanger, des discussions au sujet de la répartition des quotas de thon rouge accordé aux professionnels de la zone allant de Larache à Al Hoceima pour l’année 2017.
Les résultats de cette réunion, dont les travaux se sont déroulés en présence d’un représentant du ministère de tutelle, sur la répartition des quotas, ont été bien accueillis par les opérateurs de la pêche artisanale d’Al Hoceima, bien que ces derniers estiment que les quotas recommandés pour leur secteur restent en-deça de leurs attentes. «Globalement, nous sommes satisfaits de la répartition des quotas de thon rouge pour cette année», a déclaré au Reporter Abdellah Lablihi, président de la Confédération nationale de la pêche artisanale, à propos du quota destiné à la pêche artisanale. Mais, estime-t-il, «un effort doit être engagé pour permettre d’établir des conditions de répartition de quotas plus équitables dans le futur. Nous espérons que notre demande soit entendue par les responsables. Car certaines interrogations restent posées dans ce secteur de thon rouge qui connaît une certaine économie de rente et profite seulement à certains professionnels propriétaires de madragues». La Confédération n’a pas manqué, d’ailleurs, de le souligner, dans un communiqué diffusé récemment et dont Le Reporter détient copie. Dans ce document, les professionnels demandent au département de tutelle de revoir la date de la pêche au thon rouge au Maroc et d’augmenter le quota de la pêche artisanale.
Sur les quelque 2.350 tonnes allouées au Maroc par les scientifiques de l’ICCAT, près de 94% sont distribués à des navires de pêche hauturière, dont la majeure partie (75%) va à 18 madragues opérant dans la pêche de thon rouge. Soit près de 1.800 tonnes. Le reste de ce quota est destiné à la petite pêche.
Ainsi, selon les professionnels, le quota accordé à la petite pêche a été fixé à 196 tonnes pour 2017, soit un pourcentage de 6% du quota global (2.350 tonnes), contre 1% en 2016. «Nous demandons à ce que ce quota soit augmenté à 25%. Car c’est un secteur vital pour beaucoup de pêcheurs, notamment à Al Hoceima qui connaît actuellement un mouvement revendicatif sur le plan social», souligne Lablihi dans une déclaration au Reporter. Le quota accordé à la petite pêche de la région d’Al Hoceima est de 50 tonnes, contre 26 tonnes pêchées en 2016. Pour rappel, lors de la réunion de l’ICCAT en novembre dernier, au Portugal, la délégation marocaine a réussi à conserver les acquis du Maroc dans ce secteur de thon rouge. En effet, elle a pu faire valoir la spécificité de la petite pêche dans la région d’Al Hoceima, dont les pêcheurs rencontrent plusieurs difficultés avec le dauphin noir dit «nigro».
Notons enfin que, le samedi 1er juillet, les opérateurs de la pêche artisanale ont commencé la pêche au thon rouge. Sur le marché national, cette espèce a été vendue à 40 dirhams le kilo. Elle sera vendue en Espagne et au Japon, les deux principaux importateurs, à plus de 150 dirhams le kilo, selon des professionnels au port de Ksar Sghir, qui est le premier à avoir entamé la pêche au thon rouge, depuis le lancement de l’actuelle de campagne.
Naîma Cherii