Un vent de changement soufflera sur le secteur de la pêche artisanale au Maroc. Désormais, toutes les barques artisanales ne seront autorisées à pêcher que si elles sont équipées de puces électroniques. Le projet, déjà approuvé et adopté par le ministère de tutelle, est au centre d’une polémique.
Le projet, qui consiste à lutter contre les barques illégales, est déjà validé et adopté par le département de Aziz Akhannouch. Dès les prochaines semaines, le ministère passera à l’action, pour l’équipement des premières barques de ce nouveau système électronique, a-t-on appris de sources professionnelles. Le projet qui, d’après ces mêmes sources, a été finalisé il y a près de six mois, a été au menu d’une rencontre au département de la Pêche maritime, jeudi 28 septembre, en présence de Bouchta Aichane, directeur de la pêche maritime et de l’aquaculture, des membres des quatre Chambres de pêches maritimes, de la fédération des Chambres des pêches maritimes et de la Confédération nationale de la pêche artisanale. Objectif: en faire l’annonce aux professionnels du secteur et les informer de la mise en œuvre incessamment de ce chantier. Au total, quelque 17.000 barques artisanales devront être dotées de ce système électronique, dont le budget alloué est de 3,4 millions de dirhams. D’après des sources officieuses au ministère, l’appel d’offres relatif à ce projet a déjà été lancé et remporté par une entreprise marocaine pour l’équipement des barques de pêche artisanale en puces électroniques. «Il s’agit d’un système électronique permettant de suivre et de contrôler toutes les barques à travers le royaume. Ce système informatisé a pour but de lutter contre toutes les barques illégales. C’est un bon outil de contrôle», se félicite-t-on au ministère.
Mais le satisfecit des responsables de tutelle n’est pas partagé par les professionnels, du moins ceux de la pêche artisanale. En effet, depuis l’annonce, la semaine dernière, de ce nouveau projet par le département d’Akhannouch, ces derniers sont sur le pied de guerre. Un bras de fer pourrait même s’installer dans les jours qui viennent entre l’administration et la Confédération nationale de la pêche artisanale, chez qui la colère atteint son paroxysme.
Ce que reprochent les professionnels
En effet, selon des sources bien informées, la question de l’«illégalité» de la mise en œuvre du projet fait l’objet d’une grande polémique. Et elle pourrait planer sur la mise en application de ce projet, nous confie Abdullah Elblihi, président de la Confédération nationale de la pêche artisanale, qui regrette que «la profession n’ait pas été associée dans l’élaboration de ce projet».
«Nous ne sommes nullement contre ce système qui vise à lutter contre les barques non réglementaires. Car, il y a effectivement des barques qui exercent dans l’illégalité et qui doivent se plier à la loi. Mais le problème, c’est que l’on vient nous annoncer la mise en œuvre de ce projet, en l’absence d’un décret d’application», lance, non sans colère, le président de la Confédération nationale de la pêche artisanale. Or, tient-il à préciser, «pour casser une barque se trouvant dans une situation illégale, il faut d’abord un texte juridique. Il faut un décret d’application validé au parlement. Ce qui n’est pas encore le cas pour le moment pour ce projet, dont la mise en œuvre restera illégale sans un décret d’application».
Au ministère de tutelle, on indique que l’on est conscient de l’urgence qui consiste à faire aboutir les textes d’application de ce nouveau système. «Un travail est d’ailleurs en cours pour la préparation du texte juridique. C’est tout un processus, avant que le projet de décret d’application soit envoyé aux Chambres de pêches maritimes, au Secrétariat général du gouvernement, puis au parlement pour son adoption finale et sa publication au Bulletin officiel», déclare au Reporter Bouchta Aichane, directeur de la pêche maritime et de l’aquaculture.
Naîma Cherii