“Si le criminel a commis un meurtre, il doit mourir”, lance explicitement le philosophe allemand Emmanuel Kant dans “La Métaphysique des mœurs”. En face, Victor Hugo écrit dans son fameux plaidoyer “Le dernier jour d’un condamné” que “la peine de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie …”
Cette dichotomie “pour/contre” autour de la peine capitale a fait couler beaucoup d’encre au fil des temps, mais aucune partie ne semble posséder autant d’arguments pour faire prévaloir sa cause au détriment de l’autre.
Et ainsi, la grande question qui se pose est: devant des crimes aussi abjects qu’abominables, doit-on appliquer la peine capitale comme moyen dissuasif contre toute “barbarie” ? ou plutôt montrer une certaine clémence vis-à-vis de ces auteurs, qui ne cessent de semer horreur dans les sociétés ?
Pour la communauté internationale, qui célèbre le 10 octobre de chaque année la Journée mondiale contre la peine de mort, depuis 2003, le choix est déjà fait et la balance penche complètement vers l’abolitionnisme.
Pour elle, le droit à la vie, un des principes sacrés par le système des droits de l’Homme, est nullement indiscutable.
C’est dans ce sens que cette journée a été instaurée pour encourager et renforcer la dimension internationale du combat pour l’abolition auprès des opinions publiques et des décideurs publics, exercer une certaine pression sur les États qui conservent la peine capitale pour qu’ils l’abolissent et réclamer l’arrêt définitif des condamnations à mort et des exécutions dans le monde et promouvoir et élargir la Coalition mondiale contre la peine de mort pour renforcer sa représentativité internationale.
Au Maroc, ce débat a fait récemment les unes de publications et tout un chacun de sa part n’hésite pas à donner son avis d’une manière claire et directe, surtout lorsqu’il s’agit d’un enfant de 11 ans.
En effet, l’émoi qu’a suscité le viol et homicide de l’enfant Adnane à Tanger et toute une autre série d’attentats à la pudeur et infractions liées à la sexualité à l’égard d’autres enfants innocents a fait beaucoup jaser. Réseaux sociaux, chroniques, TV et Radio… ce sujet a dominé les débats et encore une fois, personne n’a pu échapper à la règle du Pour/contre.
A ce sujet, le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) et sa présidente Mme Amina Bouayach ont réitéré leur position de principe visant l’abolition de la peine de mort.
Dans un article publié sur le site officiel du CNDH, Mme Bouayach a indiqué que le Conseil a sollicité, à plusieurs reprises, le gouvernement à voter en faveur de la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies appelant à un moratoire sur la suspension de l’exécution de la peine de mort, dans la perspective de son abolition et à adhérer au deuxième Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques visant à abolir la peine de mort.
Elle a rappelé les actions quotidiennes menées par le Conseil auprès des condamnés à mort, qui vise en partenariat avec la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion, et le ministère de la Justice, à améliorer leurs conditions de vie et à prendre en compte certaines situations particulièrement vulnérables.
La présidente du CNDH a également réaffirmé son engagement à poursuivre le plaidoyer auprès des autorités (parlement, gouvernement), notamment en mettant en avant la position abolitionniste du Conseil dans le cadre du débat autour de la réforme du Code pénal.
LR