Les pénuries s’amplifient, les visites provisoires se font attendre avec des délais qui s’allongent chaque jour, les retards se multiplient dans la livraison des marchandises, etc. Et bien entendu, ces problèmes se répercutent sur toute la filière des pièces de rechange, déplorent les importateurs.
Les importateurs des pièces de rechange tirent la sonnette d’alarme sur l’éventualité d’une crise née du blocage de leur marchandise au port de Casablanca. Selon eux, ce blocage a provoqué, entre autre, une pénurie dans la plus grande ferraille de Salmia, à Casablanca.
Cette ferraille, qui compte quelque 1043 locaux et 60 sociétés d’import, approvisionne toutes les régions du royaume en pièces détachées automobile d’occasion, qui sont à 60% importées de l’étranger. Mais, « les stocks constitués depuis le confinement commencent maintenant à se vider», lancent nos sources, qui préviennent que ce blocage pourrait porter un coup considérable au secteur dans les jours qui viennent si rien n’est fait pour la libération, sans délai, des marchandises importées.
Blocage au port de Casablanca…
A la fédération nationale des importateurs et vendeurs de pièces de rechange d’occasion, on confirme que cela fait plusieurs semaines que 52 conteneurs de pièces de rechange sont bloqués au port de Casablanca en raison du relèvement des droits de douane sur certaines pièces de rechange, est-il souligné. Parmi les produits visés figurent la Culasse et le Groupe dont les droits ont considérablement doublé. Au centre des contestations, les importateurs déplorent également la décision, il y a deux mois, de la direction régionale des douanes de les priver de procéder à la visite provisoire de leur marchandise avant sa déclaration.
Pour ravitailler leurs stocks de pièces détachées, depuis le confinement, les ferrailleurs entrent en contact avec un ferrailleur basé à l’étranger. Celui-ci leur envoie un chargement de pièces de rechange d’occasion dans un conteneur qui est ensuite ouvert au Maroc, avant d’être trié et vendu au détail. Certains ferrailleurs, qui sont en même temps des importateurs, semblent être très remontés contre les autorités concernées, qui les ont ainsi privés de procéder à l’inspection de leur marchandise avant la déclaration en douane. Déjà qu’ils ont vu les droits de douane sur certaines pièces de rechange augmenter, maintenant, pour les conteneurs ne contenant pas les pièces en question, il arrive souvent que les délais soient beaucoup plus importants pour procéder à la visite provisoire. Les importateurs doivent attendre une quinzaine de jours pour récupérer leurs marchandises, un processus qui prenait auparavant une journée, souffle un importateur. «Ce mardi, je devais faire la visite provisoire de ma marchandise, mais elle a été retardée», dit-il, non sans colère.
Certains importateurs ont fait la visite provisoire, il y a une semaine mais, à ce jour, ils n’ont pas encore récupéré leur marchandise, déclare, ce lundi 8 novembre Soufiane Aziz, Président de la fédération nationale des importateurs et vendeurs de pièces de rechange d’occasion. Il avance que «les visites provisoires se font avec des retards dans les délais et dans la livraison des marchandises, qui peuvent aller jusqu’à 10 voire 15 jours».
Le Président de la fédération a indiqué qu’une réunion a été tenue, mercredi 3 novembre, au siège de la direction générale de l’Administration des Douanes et Impôts Indirects, en présence des importateurs membres de cette fédération affiliée à l’Union générale des entreprises et professions (UGEP). A l’ordre du jour, figurait toutes les contraintes et problèmes que connait actuellement le secteur ainsi que le nouveau régime douanier d’importation instauré depuis deux mois au port de Casablanca, indique notre importateur, soulignant que la direction générale des Douanes a promis de traiter les marchandises en souffrance dans des délais précis et convenus. «A cause de ce nouveau régime, il y a ce problème de conteneurs qui sont bloqués au port en raison de la hausse des droits de douane sur certaines pièces de rechange qui composent un moteur (Culasse et Groupe). Ces pièces sont deux pièces de base dans un moteur et elles sont importées séparément. Mais, depuis deux mois, on les considère comme étant un moteur, et donc elles ont vu leurs frais douaniers flamber», explique le Président de la fédération.
Joint par téléphone, cet importateur, concerné par ce blocage, soutient que le secteur fait actuellement face à une situation difficile au moment où le gouvernement tente de relancer l’économie nationale après près de deux ans de repli, à cause de la pandémie de Coronavirus. Il dénonce les conséquences de ce blocage sur l’activité des ferrailleurs, mais dit attendre mardi 9 novembre pour voir ce qu’il en est sur le terrain, après la visite d’une commission des douanes qui a été décidée lors de la réunion du mercredi 3 novembre. «On espère qu’après cette visite au port de Casablanca, on va soulager un nombre important d’importateurs qui se sont retrouvés dans une situation très difficile», dit-il. Ce blocage, qui dure maintenant depuis plusieurs semaines, entraînera encore d’importants retards de livraisons pour certaines pièces de rechange, lance notre importateur, qui confirme qu’il y a un manque de pièces de rechanges pour les véhicules anciens. Une crise se profile donc, selon lui, et les mécaniciens comme les importateurs craignent cette pénurie. Les frais de douane, qui ont connu une hausse de 40%, y sont pour beaucoup. Et si les pièces de rechange se font rares, les prix, eux, ont par conséquent augmenté, constate un consommateur à Casablanca.
Naîma Cherii