Polisario-Algérie : Et si c’était un cheval de Troie ?

Un dicton populaire marocain dit: «celui qui a été mordu par un serpent, prend peur à la vue d’une corde»… C’est une autre façon de dire qu’une mauvaise expérience installe forcément la méfiance.

Or, la méfiance… Difficile de ne pas en être saisi en lisant -jusqu’au bout- l’information que livre l’agence MAP, lundi 18 mars, au sujet d’un capitaine déserteur du Polisario.

Que nous apprend cette information de la MAP qui a aussitôt enflammé les sphères politico-médiatiques nationales ?

Concise, la dépêche de l’agence compte deux paragraphes seulement.

Un 1er, où la MAP écrit: «Un cadre rebelle du Polisario, déclarant être de grade Capitaine et assurant la fonction d’Officier adjoint du « commandant d’une Katiba » de la soi-disant « Gendarmerie du Front séparatiste », s’est présenté, dans la matinée du lundi 18 mars, au niveau de la Ligne de défense dans la zone de Farcia (Région d’Oued Draa), avec l’intention déclarée de rallier la mère-patrie».

Et un second, où elle ajoute: «Âgé de 29 ans, l’intéressé, qui était à bord d’une jeep bariolée, a déclaré qu’il y a encore d’autres rebelles qui désirent retourner dans le pays». L’agence précise tenir ces deux renseignements «de source militaire».

Il est bien évident que ce n’est pas la crédibilité de l’information qui est en jeu, mais, les faits en eux-mêmes. Car, passée la 1ère réaction de surprise, l’on ne peut s’empêcher de faire immédiatement le lien avec ce qui se passe ces derniers jours en Algérie, principal soutien du Polisario… Et de se poser quelques questions.

Peut-être, n’y a-t-il pas lieu de mettre en doute les intentions du capitaine déserteur, qui peut compter parmi les centaines de rebelles de Tindouf, désormais prêts à en découdre avec ceux qui les privent de tout, y compris de la possibilité de quitter les camps…

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Les autorités, qui l’interrogent en ce moment, en sauront sans doute davantage sur ses motivations… Au mieux, il aura réellement pris conscience de la grande supercherie dans laquelle le Polisario et le pouvoir d’Alger l’ont maintenu jusqu’à présent. Au pire, il aura agi en opportuniste qui, voyant les jours du régime algérien comptés, aura préféré anticiper avec son ralliement à la mère-patrie…

Mais, à supposer que ses intentions soient douteuses, à lui seul, il ne constituerait pas une véritable menace.

Le danger serait plus probable dans ce qu’annonce le 2ème paragraphe de la dépêche de la MAP. Car la perspective «d’autres rebelles qui désirent retourner dans le pays» ne peut manquer de susciter la méfiance de ceux qui ont suivi les évènements de Gdim Izik. C’est par dizaines qu’alors, les groupes d’individus se disant sahraouis avaient prétendu rallier le Maroc en réponse à l’appel de «la patrie, clémente et miséricordieuse». En réalité, c’était –pour la plupart- des brigades du Polisario et de la Sécurité militaire algérienne, envoyés en «cheval de Troie». La suite, on la connaît… Cela a donné lieu à la tragédie de Gdim Izik, où ont déferlé des pratiques d’une violence jamais vue au Maroc auparavant (des agents d’autorité égorgés ; des dépouilles de victimes profanées ; la ville de Laâyoune saccagée, brûlée).

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Certes, dans les camps de Tindouf, la grogne a commencé à monter bien avant les manifestations qui ont actuellement cours en Algérie. Elle se poursuit toujours, les familles l’exprimant tantôt devant les locaux de la Minurso (mission de Mijik), tantôt par lettres adressées à l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Horst Köhler, aux organismes internationaux, à la présidence du sommet de l’UA (dernière lettre envoyée par le courant Khat Achahid)…

La rébellion, dans les camps de Tindouf, grossit. Oui. Et les manifestations, pacifiques mais déterminées, du peuple algérien visant à déboulonner le régime, ne sont pas pour calmer cette rébellion.

Les plus audacieux, parmi les habitants des camps, pourraient en effet penser à en profiter pour fuir Tindouf et rallier le Maroc…

Pour autant, le «syndrome du serpent et de la corde» incite à la vigilance. Le régime algérien, gagné par l’inquiétude face au soulèvement de son peuple, accuse déjà le Maroc d’avoir une responsabilité dans ce soulèvement. Le ministère des Affaires étrangères marocain a réagi, rejetant ces accusations (quel pouvoir aurait donc le Maroc sur les jeunes Algériens qui se révoltent ?).

Que certaines parties, au sein du contesté «Système» algérien pensent à vouloir étendre la déstabilisation au Maroc, pour faire diversion, ou pour généraliser le désordre, n’étonnerait personne. Aussi, avant de se réjouir de tous les «autres qui veulent regagner le pays», après le déserteur du lundi 18 mars, il faudrait attendre de voir plus clair dans ce qui se déroule en Algérie.

Bahia Amrani

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