Pourquoi l’Etat s’endette-t-il?

Boussaid ministre finances maroc

«La structure de la dette du Trésor est en ligne avec le portefeuille benchmark, ce qui permet de contenir les risques relatifs au refinancement de la dette, aux taux d’intérêt et aux taux de change», a relevé Mohamed Boussaid, ministre de l’Economie et des Finances, lors d’une conférence de presse à Rabat en présence d’Idriss Azami Al Idrissi, ministre délégué chargé du Budget.

Se voulant rassurant et optimiste, Mohamed Boussaid, qui tenait ce point de presse pour expliquer les mécanismes de financement du Trésor et le poids de la dette dans ce processus, est parti de la comparaison du Maroc avec d’autres pays pour démontrer que le pays «se compare plutôt favorablement avec les autres pays en termes de poids de la dette, avec une dette extérieure publique estimée à 25,4% du PIB en 2012».
Le ministre a fait savoir que les indicateurs de coût de la dette du Trésor se sont globalement inscrits en baisse durant la dernière décennie, précisant que les charges en intérêt sont passées de 3,2% en 2006 à 2,7% en 2013 et que la dette du Trésor s’est établie à 4,4% en 2013, contre 5,1% en 2008.

Ceci étant, «la dette commencera à se stabiliser en 2015 pour être régulée en 2016. Une situation qui sera tributaire de la conjoncture internationale», a prévenu Boussaid, notant que ce sera la conséquence directe de l’émission obligataire sur le marché financier international d’un montant de 1 milliard d’euros, d’une maturité de 10 ans et un coupon de 3,5%.
Rassurant, certes, mais très vigilant, le ministre a aussi souligné l’absence, au Maroc, de toute politique d’endettement, estimant que la question n’est pas de s’endetter ou non, mais qu’il est plutôt très important de savoir bien gérer l’endettement.
«Les équilibres macroéconomiques permettront de surmonter l’endettement. D’ailleurs, un retour progressif vers ces équilibres est constaté à partir de 2013», a-t-il ajouté. D’autant plus que la dette marocaine, dont la structure est saine, selon Boussaid, est raisonnable par rapport à d’autres pays. La dette totale du Trésor a pourtant connu une hausse pour atteindre 63,5% en PIB en 2013, le seuil étant de 60%, contre 47,3% en 2008.
Cette dette est essentiellement à moyen et long termes (82%) avec une durée de vie moyenne de 6 ans à fin mai 2014. «La structure de la dette du Trésor est en ligne avec le portefeuille benchmark, ce qui permet de contenir les risques relatifs au refinancement de la dette, aux taux d’intérêt et aux taux de change», a-t-il expliqué dans ce sens.
Parallèlement, les indicateurs du coût de la dette du Trésor se sont globalement inscrits en baisse durant la dernière décennie. Ainsi, les charges en intérêts sont passées de 3,2% en 2006 à 2,7% en 2013 et la dette du Trésor s’est établie à 4,4% en 2013, contre 5,1% en 2008. Par ailleurs, le niveau de développement du secteur financier permet au Trésor, selon le ministre, de disposer d’une base d’investisseurs très diversifiée avec 35% de compagnies d’assurance et de caisses de retraire, 29% de banques et 25% d’OPCVM, entre autres. Quant à la dette extérieure publique, elle s’est établie à 25,4% du PIB en 2012. D’où le recours à l’endettement qui s’explique par l’accélération du déficit budgétaire (-5% du PIB entre 2009-2012), la masse salariale (96,7 MMDH en 2012), la charge de la compensation (144 MMDH entre 2009-2012) et l’effort de l’investissement (653 MMDH entre 2009-2012). Concernant les recettes, elles ont connu un ralentissement à partir de 2008 comme conséquence de la baisse des recettes de privatisation et du rendement de la fiscalité, vu le ralentissement économique et la réduction des résultats fiscaux des contribuables.
Malgré cela, le ministre a relevé que le besoin de financement net pour le 2ème semestre de 2014 est estimé à environ 16 MMDH, dont près de 10 MMDH seront couverts par des ressources internes.

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Une stratégie adéquate

Pour Boussaid, l’Etat a mis en place une stratégie de financement qui sauvegarde la capacité d’endettement de l’Etat, réduit le coût du financement et les risques (risque de taux, risque de change, etc.), optimise les conditions de financement, diversifie la base d’investisseurs… Ainsi, la structure de la dette montre que celle-ci est dominée par la dette intérieure qui représente 76,3% de la dette globale, contre 23,7% pour la dette extérieure. De même, le marché des adjudications des Bons du Trésor (BDT) reste la principale source de financement de l’Etat avec des flux nets de 37,3 MMDH en 2011, 46,3 milliards en 2012 et 57 milliards en 2013. Sur le marché financier domestique, le Trésor dispose d’une base d’investisseurs assez diversifiée comme le montre la structure des détenteurs des BDT à fin 2013, notamment les compagnies d’assurances et les caisses de retraite (35%), les banques (29%), les OPCVM (25%) et autres (11%).
Concernant la dette extérieure, sa répartition par devises d’emprunt montre qu’elle est libellée à hauteur de 77,2% en euros (objectif cible de 80%), de 16,8% en dollars (et devises liées) et de 6,0% dans d’autres devises. Pour ce qui est des créanciers, 50,6% (65,68 MMDH) de la dette extérieure est contractée auprès des créanciers multilatéraux (Banque Mondiale, BAD, BEI, etc) et 23,7% (30,78 MMDH) auprès des créanciers bilatéraux (France, Japon, Fonds arabes, USA, Allemagne…).
Pour ce qui est du débat sur la soutenabilité ou non de la dette, Boussaid a noté: «La règle d’or voudrait que l’endettement net sur l’année budgétaire soit inférieur ou égal au budget d’investissement». Et le ministre d’expliquer encore: «En termes de poids de la dette, le Maroc se compare plutôt favorablement avec les autres pays». Il a ajouté qu’en 2012, la dette rapportée au PIB ressortait à 59,6% pour le Maroc, contre 70,5% pour l’Espagne, 79,2% pour la Hongrie, 85,8% pour la France et 108,2% pour le Portugal. Toutefois, ce niveau est élevé comparativement à des pays plus semblables. Ainsi, ce ratio ressortait à 58,7% pour le Brésil, 45,8% pour la Tunisie, 40,1% pour l’Afrique du Sud et 36,2% pour la Turquie. Toutefois, en ne tenant compte que de l’endettement extérieur, le ratio de la dette extérieure marocaine rapportée au PIB ressortait à 25,4%, contre 36,4% pour la Turquie, 42,3% pour l’Afrique du Sud, 44,5% pour la Tunisie et 80,2% pour l’Egypte.

Hamid Dades
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Emission obligataire : Sacrée réussite!


Lors de la conférence de presse, Boussaid s’est longtemps arrêté sur la dernière réalisation d’une émission obligataire sur le marché financier international qu’il a qualifiée de «réussie» et même de «grand succès». «D’un montant d’un milliard d’euros, d’une maturité de 10 ans et avec un taux d’intérêt de 3,5%, cette émission obligataire vient suite à un roadshow qui a été mené par le ministère de l’Economie et des Finances à Londres, Paris, Francfort, Munich, Zurich, Genève et Amsterdam. Cette importante opération marque aussi le retour du Maroc sur le marché de l’euro après une absence de 4 ans». «Nous avons fait le pricing pour cette opération ayant permis au Maroc de mettre en avant les réformes économiques et financières, ainsi que ses perspectives prometteuses de croissance», a précisé le ministre qui soulignait à l’occasion l’engouement des investisseurs étrangers qui se sont inscrits massivement à ce nouvel emprunt à l’international. Et de noter: «La liste des souscripteurs, qui est composée de profils différents et de palette diversifiée (Europe, Amérique et pays du Golfe), comprend notamment des gestionnaires de fonds de pensions et des banques privées et centrales, ainsi que des compagnies d’assurances, outre les fonds souverains».

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Flashs

Rating : La confiance internationale

Le succès qu’a connu l’émission obligataire du ministère de l’Economie et des Finances sur le marché financier international, sursouscrite deux fois, confirme la confiance dont jouit le Maroc auprès de la communauté des affaires, des agences mondiales de notation «Standard & Poors» et «Fitch Ratings» et des grandes institutions financières internationales. En effet, l’agence Standard & Poor’s (S&P) a récemment relevé la perspective de la note attachée au Maroc de «négative» à «stable». De plus, elle a confirmé les notes «BBB-/A-3» attribuées au Royaume pour ses dettes à long et à court termes en devises et en monnaie locale. Dans le même sillage, la stabilité économique du Maroc a joué favorablement pour le maintien de la note BBB- avec perspective stable de l’agence de Fitch Ratings. Pour celle-ci, la stabilité économique et surtout politique a permis au Maroc de se démarquer dans sa région et ainsi inspirer une confiance internationale.

FMI : Une 2ème LPL pour le Maroc

Le Fonds monétaire international (FMI) a donné son accord de principe pour l’octroi d’une nouvelle ligne de précaution et de liquidité en faveur du Maroc. Cette nouvelle ligne de crédit, d’un montant de 4 milliards de dollars, sera débloquée dès août prochain. Cette décision vient parer les dangers potentiels liés à l’instabilité des prix de l’énergie et du pétrole, conséquence de la situation actuelle au Moyen-Orient, explique le FMI. Pour rappel, la 1ère ligne de précaution et de liquidité (inutilisée) dont avait bénéficié le Maroc en 2012 portait sur un montant de 6,3 milliards de dollars.

ONU : Un sacré champion pour l’Afrique

Le Maroc, à travers le ministère de l’Economie et des Finances, a été sacré par l’ONU «Champion du service public» 2014 pour la région Afrique, dans la catégorie «Promouvoir une prestation de services publics tenant compte du genre». Le Maroc a lancé en 2002 une réforme fiscale intégrant la dimension genre dans les budgets des départements ministériels. Cela a conduit au développement et à la mise en œuvre de la budgétisation sensible au genre au Maroc, (BSG-Maroc) qui a été rendue possible grâce à un partenariat entre le MEF et l’entité «ONU-Femmes».

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