Présidentielle algérienne : Et le Maroc, bien sûr, au cœur de la campagne !

Présidentielle algérienne : Et le Maroc, bien sûr, au cœur de la campagne !

Abdelmajid Tebboune

Que traduisent les propos calomnieux des candidats à l’élection présidentielle en Algérie à l’égard du Maroc ? Le peuple algérien n’est pas dupe, quelle que soit la volonté du régime autoritaire, de contourner la volonté de changement radical exprimée par les manifestants. 

C’est un secret de polichinelle. Le Maroc a toujours été un sujet de prédilection pour les politiques et responsables algériens, surtout en période préélectorale. A quelques jours de la présidentielle algérienne programmée pour le 12 décembre 2019, certains candidats pour un scrutin de plus en plus contesté par la rue, ont une nouvelle fois brandi l’épouvantail de la menace extérieure, notamment celle du Maroc. Il s’agit là d’une vieille tactique adoptée par le régime militaire en place depuis l’indépendance du pays en 1962. Vieille, vieille tactique qui ne trompe plus personne…

Epouvantail de la peur et déni des réalités

Suivant cette logique, le chef de file du parti  Al Binaa Watani, Abdelkader Bengrina, a déterré une vieille accusation du pouvoir algérien à l’égard du Maroc. «Les exportations marocaines de drogues se chiffrent en milliards de dollars», a-t-il déclaré, le 15 novembre 2019, sans crainte du ridicule.  Selon cet ancien ministre du tourisme, «ces exportations équivaudraient aux revenus pétroliers de l’Algérie» (Sic). Faut-il rappeler que  les psychotropes (Karkoubi) introduits au Maroc proviennent principalement d’Algérie? Pas plus tard que le 29 novembre 2019, le service préfectoral de la police judiciaire d’Oujda a procédé, sur la base d’informations précises fournies par les services de la Direction Générale de la Surveillance du Territoire (DGST), à l’arrestation de quatre individus, dont un ressortissant algérien, pour leurs liens présumés avec un réseau criminel actif dans le trafic international de drogue et de psychotropes ?

L’ambassadeur du Maroc en Afrique du Sud déconstruit l’argumentaire de Pretoria sur la question du Sahara marocain

Emboitant le pas à Abdelkader Bengrina, l’ex-premier ministre Abdelmajid Tebboune s’est, à son tour, violemment attaqué au Maroc. Questionné, dimanche 24 novembre 2019  par un journaliste algérien dans le cadre du Forum «Hiwar» organisé dans le cadre des préparatifs du scrutin présidentiel, le bonhomme est allé jusqu’à exiger que le Maroc présente des excuses au peuple algérien, comme condition sine qua non à la réouverture de la frontière terrestre entre les deux pays. En démagogue populiste, Tebboune a affirmé que «la frontière algéro-marocaine a été fermée le jour où le peuple algérien a été humilié». Alger continue de s’opposer à la réouverture de la frontière terrestre (Zouj Bghal) avec le Maroc, provoquée par l’attentat terroriste perpétré le 24 août 1994 par deux Algériens contre l’hôtel Atlas-Asni, à Marrakech. Suite à cet attentat ignoble, le Maroc avait imposé un visa pour les Algériens désireux de se rendre au Royaume. L’Algérie, elle, a choisi de réagir de manière disproportionnée en fermant sa frontière terrestre avec le Maroc. Pour Ali Benflis, également candidat au scrutin présidentiel du 12 décembre prochain, la réouverture de la frontière terrestre entre l’Algérie et le Maroc est «une question qui doit être posée dans le cadre d’un dossier complet entre les deux pays». C’est ce qu’a répondu l’ancien premier ministre à une question d’un journaliste algérien. Et le chef du Parti Talaie Al Hourriyat (Avant-garde des libertés) de préciser que «les Algériens ne sont ni les ennemis du Maroc, ni les adversaires du peuple marocain (…) ce sont  nos frères et nos voisins mais quand il y a des dossiers délicats et des divergences, il faut ouvrir le dialogue et se rencontrer en vue de trouver des solutions». Benflis est l’un des rares à tenir des propos censés… Mais que peut-il face à un pouvoir qui a fait de sa guerre contre le Maroc sa garantie de survie ?  

Algérie | Les règlements de compte internes se poursuivent !

Le 6 novembre 2018, SM le Roi Mohammed VI avait proposé la mise en place d’ «un mécanisme conjoint de dialogue et de concertation» afin de dépasser «les différends conjoncturels», entravant le développement des relations bilatérales entre le Maroc et l’Algérie. Près de huit mois après cet appel royal à tourner la page de la discorde avec l’Algérie, le Souverain a réaffirmé, le 29 juillet 2019 à l’occasion de la fête du Trône, l’engagement du Royaume à «garder la main tendue» envers le peuple algérien et à «œuvrer, avec espoir et optimisme, à la réalisation des aspirations à l’unité, à la complémentarité et à l’intégration» portées par les peuples des deux pays. A ce jour, la main tendue du Maroc à l’Algérie est restée sans suite.

Mohcine Lourhzal  

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