Les derniers résultats de la présidentielle sont enfin tombés, dix jours après: selon les projections des grands médias américains, la Géorgie est allée à Joe Biden et la Caroline du Nord à Donald Trump, qui doit s’exprimer publiquement vendredi pour la première fois depuis l’annonce de sa défaite.
Ironie du sort, le démocrate a remporté, en fin de compte, 306 grands électeurs, contre 232 pour le président sortant, soit le score inversé de la victoire du milliardaire républicain face à Hillary Clinton en 2016.
Un recomptage des votes doit avoir lieu en Géorgie, où l’écart est très faible entre les deux candidats, mais son issue ne changera rien au résultat: Joe Biden dispose, quoi qu’il arrive dans cet État, des 270 grands électeurs nécessaires au minimum pour ouvrir les portes de la Maison-Blanche.
Donald Trump, quasiment absent de tout événement public depuis le scrutin du 3 novembre, continue d’en contester l’issue et de crier à la fraude.
Il doit sortir de l’ombre vendredi à l’occasion d’une allocution à 16h00 (21h00 GMT), depuis les jardins de la Maison-Blanche, sur l’opération Warp Speed qui coordonne la stratégie vaccinale du gouvernement sur le virus.
Second mandat Trump?
Le président sortant a encore affirmé, vendredi, être le vainqueur de la présidentielle. «Une élection truquée!» a-t-il tweeté, poursuivant sa remise en cause des résultats, un fait sans précédent dans l’histoire politique américaine.
Et les partisans du président, une marée de casquettes rouges Make America Great Again auprès de qui Donald Trump n’a cessé de s’entourer dans les dernières heures de sa campagne, continuent d’être bombardés de demandes de participation financière pour «défendre l’élection».
Certains parmi les plus radicaux d’entre eux ont prévu de manifester samedi à Washington, même si le camp Trump est dans l’incapacité de produire un seul élément concret prouvant l’existence d’une fraude électorale à grande échelle.
Donald Trump a écrit dans un tweet envisager de se rendre à cette manifestation: «Cela fait chaud au cœur de voir tout cet énorme soutien, surtout ces rassemblements spontanés qui fleurissent à travers le pays, dont un grand samedi à D.C. Je pourrais même essayer de passer dire bonjour».
Comme dans une réalité parallèle, ses ministres et conseillers les plus fidèles assurent aussi préparer le terrain pour «un second mandat Trump».
«Je pense que le président va participer à sa propre inauguration» en janvier, a assuré vendredi sur Fox News la porte-parole de la Maison-Blanche Kayleigh McEnany.
«Transition en douceur»
Félicité par la Chine pour sa victoire, Joe Biden aura réussi, si les résultats se confirment, à faire basculer la Géorgie dans le camp démocrate pour la première fois depuis 1992.
L’Arizona, où il a également été donné vainqueur jeudi à l’issue d’une longue attente, causée notamment par le recours massif au vote par correspondance, n’avait lui plus voté pour un candidat de gauche à la Maison-Blanche depuis Bill Clinton en 1996.
M. Biden a fait de la pandémie la priorité numéro un de son futur mandat. Il a dévoilé, cette semaine, le nom des membres de la cellule de crise consacrée à œuvrer sur le sujet, dès son entrée à la Maison Blanche, prévue le 20 janvier.
Alimentée par une propagation effrénée du virus dans le Midwest, la moyenne des contaminations dépasse désormais les 100 000 nouveaux cas chaque jour.
Une urgence qui nécessite d’accélérer la procédure de transition entre le président sortant et le président élu, affirment les démocrates.
«Il y a actuellement des responsables au sein du ministère de la Santé qui préparent une campagne de vaccination pour février-mars, lorsque Joe Biden sera président», a détaillé jeudi à la chaîne MSNBC son futur chef de cabinet, Ron Klain.
«Plus tôt nous pourrons faire participer nos experts responsables de la transition aux réunions avec les personnes qui planifient la campagne de vaccination, plus la transition pourra se faire en douceur…»
Mais celle-ci est pour l’instant très entravée: seule une poignée d’élus républicains ont reconnu la victoire de Joe Biden.
«L’élection est terminée», a balayé vendredi la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, insistant sur les 78 millions de voix remportées par M. Biden, un record.
LR/AFP