Présidentielle américaine | Qui est Joe Biden, 46ème président des Etats-Unis ?

Qui est Joe Biden 46ème président des Etats-Unis

Le candidat démocrate Joe Biden a été déclaré samedi 7 novembre 2020, vainqueur de la présidentielle américaine au terme d’une course qui a tenu le pays et le monde en haleine et ce, pendant plusieurs jours.

A 77 ans, Joe Biden de son vrai nom Joseph Robinette Biden Junior, a réussi à franchir le seuil des 270 grands électeurs nécessaires pour devenir le nouveau président de la première puissance mondiale. Une consécration intervenue après 47 ans de vie politique. Qui est le tombeur de Donald Trump?

Enfance et études

Joe Biden pousse son premier cri le 20 novembre 1942 dans une famille irlandaise modeste de Scranton en Pennsylvanie. Il est le fils de Joseph Robinette Biden Senior et de son épouse Catherine Eugenia Biden, née Finnegan. Sa grand-mère paternelle, Mary Elizabeth Biden, née Robinette, descend de huguenots français ayant émigré en Angleterre puis en Pennsylvanie. Joseph Biden grandit avec ses deux frères et ses deux sœurs, d’abord à Scranton puis, après ses 10 ans, à Claymont dans le comté de New Castle, Etat du Delaware, où son père fils d’un ancien cadre dans le secteur des hydrocarbures vendrait des voitures après que la société dans laquelle il travaillait a fait faillite. Diplômé d’histoire et de science politique en 1965 à l’université du Delaware, il poursuit des études supérieures à la faculté de droit de l’université de Syracuse. Il y rencontre Neilia Hunter qu’il épouse en 1966 et avec qui il aura trois enfants. Après avoir obtenu un diplôme en droit en 1968, il commence une carrière juridique à Wilmington au Comté du Delaware.

Sénateur à 30 ans

Engagé dans la politique locale de l’Etat du Delaware, Joe Biden détrône à la surprise générale un sénateur républicain bien installé lors des élections de 1972. Quelques semaines plus tard, sa femme et sa fille meurent dans un accident de voiture. Il pense démissionner pour s’occuper de ses fils Beau et Hunter, mais le leader du Sénat l’en dissuade et il prête serment le 5 janvier 1973 à seulement 30 ans. Il est réélu à la chambre haute du Congrès américain sans discontinuer jusqu’en 2008. Dans les années 1970, pour satisfaire les électeurs du Delaware, il s’oppose à la politique gouvernementale dite de «busing», qui organise le transport en bus d’enfants noirs dans des écoles à majorité blanche pour favoriser la mixité. Sa future vice-présidente Kamala Harris l’avait épinglé à ce sujet lors des primaires démocrates. En 1977, il épouse Jill Biden, la femme qui l’accompagne et le soutient depuis.

Flop à la présidentielle de 1987

Candidat aux élections primaires démocrates en vue de l’élection présidentielle de novembre 1988, Biden est obligé d’abandonner la course à la Maison Blanche, à la suite du scandale provoqué par son plagiat d’un discours du leader travailliste anglais, Neil Kinnock, qu’il avait prononcé lors de sa campagne électorale au Royaume-Uni, sous la bannière du parti travailliste britannique (Labour).

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Loi contre les violences faites aux femmes

Président de la commission judiciaire du Sénat, Biden supervise en 1991 le processus de confirmation du juge Clarence Thomas à la Cour suprême, quand émergent des accusations de harcèlement sexuel à l’encontre du magistrat. Joe Biden organise alors une audition télévisée de son accusatrice, Anita Hill, qui tourne au fiasco. La professeure de Droit est malmenée par un panel exclusivement masculin, qui questionne sa crédibilité sans aucun tact. Joe Biden s’est depuis excusé. Trois ans plus tard, il rattrape une partie du crédit perdu avec l’adoption, à son initiative, d’une loi contre les violences faites aux femmes. C’est la loi dont il se dira rétrospectivement «le plus fier».

Réforme de la justice pénale

Cette loi sur les violences faites aux femmes n’est qu’un volet de sa réforme beaucoup plus large de la justice pénale qui marque un consensus entre les partis sur une approche très répressive. La «loi sur le crime» de 1994 est aujourd’hui jugée responsable de l’explosion du nombre de détenus aux Etats-Unis mais aussi de la surreprésentation des Afro-Américains dans les prisons, car elle punissait particulièrement sévèrement les utilisateurs de crack, une drogue davantage consommée dans les quartiers pauvres. «C’était une erreur», a-t-il reconnu lors d’un débat télévisé face à Donald Trump.

Guerre en Irak et en Afghanistan

Membre du comité des affaires étrangères du Sénat américain, il en devient le Chef de la minorité démocrate en 1997. En tant que tel, il est l’un des premiers, au milieu des années 1990, à demander la levée de l’embargo sur les armes à destination des musulmans de Bosnie lors de la guerre en ex-Yougoslavie et à qualifier le président serbe Slobodan Milosević de criminel de guerre. Il fut le coauteur en 1999, avec le républicain John McCain, futur adversaire d’Obama en 2008, d’une résolution du Congrès autorisant le président Bill Clinton à utiliser la force nécessaire pour faire cesser les violences contre les droits de l’homme au Kosovo. Après les attentats du 11 septembre 2001, en tant que président du Comité des affaires étrangères à la chambre haute du Congrès américain, Joe Biden se rend en Afghanistan en janvier 2002. Durant la présidence de George Bush Junior, il soutient Hamid Karzai, alors président de l’Afghanistan (2001-2014).  Par ailleurs, Joe Biden organise des auditions sur l’Irak. Il en conclut alors que les Etats-Unis «n’ont d’autre choix que d’éliminer Saddam Hussein» mais soutient une opération menée dans le cadre de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Comme la majorité du Congrès américain, il vote également en faveur du «Patriot Act» et, en octobre 2002, en faveur du déclenchement des opérations militaires en Irak. Joe Biden n’en devient pas moins l’un des plus virulents critiques de la gestion de l’après-guerre, notamment en proposant en 2006 la partition de l’Irak entre chiites, sunnites et Kurdes. Biden considérait que l’administration Bush s’est concentrée sur l’Irak au détriment de l’aide à la reconstruction de l’Afghanistan. Après y avoir été favorable, il s’est opposé, sans succès, au renforcement militaire des troupes militaires américaines en 2007 déclarant que «le renforcement des effectifs sur place n’était pas dans l’intérêt de la nation».

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Numéro deux de Barack Obama

Après avoir essuyé un échec lors des primaires démocrates, il est choisi par Barack Obama comme colistier et entre avec lui à la Maison-Blanche en janvier 2009, en pleine crise financière. Joe Biden facilite l’adoption par le Congrès d’un immense plan de relance de 700 milliards, dont le président lui confie la mise en œuvre. Ce plan est crédité du rebond de l’économie américaine. En 2016, fragilisé par la mort de son fils aîné Beau d’une tumeur au cerveau, il ne se présente pas à la présidentielle malgré sa forte popularité notamment chez les électeurs noirs et les ouvriers.

Le couronnement d’une vie

En 2019, Joe Biden se lance dans la course à la Maison-Blanche pour battre Donald Trump. Après des débuts difficiles, il s’impose dans les primaires démocrates sur une ligne modérée, grâce notamment au soutien d’électeurs Afro-Américains. Biden a réussi son pari en remportant la Pennsylvanie, le Michigan et le Wisconsin, trois Etats industriels traditionnellement démocrates que Donald Trump avait arrachés à Hillary Clinton en 2016. Mais dans une Amérique profondément divisée, et face à un Sénat qui pourrait rester aux mains des républicains, il devra trouver le ton juste.

Dans son premier discours après l’annonce de sa victoire à l’élection présidentielle américaine, Joe Biden a opté pour la réconciliation et l’apaisement: «Je suis honoré et empli d’humilité par la confiance que les Américains m’ont accordée ainsi qu’à la vice-présidente élue» Kamala Harris, a déclaré Biden, samedi 7 novembre 2020.  «Avec la campagne terminée, il est temps de laisser derrière nous la colère et la rhétorique enflammée et nous rassembler en tant que nation. Il est temps que l’Amérique se rassemble et panse ses plaies», a ajouté le 46ème président des Etats-Unis qui devrait prendre officiellement ses fonctions le 20 janvier 2021.

Mohcine Lourhzal

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