C’est un débat houleux pour l’opposition et en même temps serein et fructueux pour le ministre de l’Economie et des Finances. Au cœur de la passe d’armes, le Projet de Loi de Finances rectificative. Voici ce qu’il en a été au Parlement.
A la Chambre des Représentants, pour expliquer et défendre le Projet de Loi de Finances rectificative imposé par la pandémie, le ministre de l’Economie et des Finances, Mohamed Benchaâboun, s’est retrouvé face à une Opposition virulente.
75% d’amendements
Alors que son département a cru avoir réussi à contenter cette Opposition toujours en attente de moult largesses, le ministre Mohamed Benchaâboun s’est vu cloué au pilori et ce, bien que 75% des amendements proposés par l’opposition ont été ceux proposés par la majorité.
Benchaâboun ouvert aux médias
La Commission des Finances et du Développement Economique à la Chambre des Représentants a travaillé d’arrache-pied pour en arriver à adopter le fameux projet de Loi de Finances rectificative N°35.20 au titre de l’année 2020, à la majorité des voix: 67 pour et 44 contre.
Réagissant à ce vote, le ministre de l’Economie et des Finances, Mohamed Benchaâboun, s’est comme à son habitude ouvert aux médias, leur assurant que la préservation de l’emploi a été l’une des priorités de ce texte, de même que «les investissements et l’immobilier ont été inscrits comme autres priorités au titre de cette loi rectificative».
Trois axes
Le projet proposé s’articule autour de trois axes, a précisé le ministre de l’Economie et des Finances, dans une déclaration à la presse. «En premier, pouvoir accompagner l’ensemble de l’économie nationale pour qu’elle puisse se redresser». Ensuite, a poursuivi le ministre, «l’objectif qui est assigné à cette Loi de finances rectificative durant les six premiers mois, c’est de pouvoir voir comment préserver au maximum les emplois comme souci premier».
Pour la classe moyenne
Une bonne nouvelle pour la classe moyenne à inscrire au registre du ministre Benchaâboun, aux côté d’autres points positifs qu’il a, d’ailleurs, tenu à partager avec les médias: réduire les droits d’enregistrement à hauteur, a-t-il précisé chiffres à l’appui, de 1 million de dirhams. «Nous allons relever ce seuil de 1 million de dirhams à 2,5 millions de dirhams de façon à permettre à la classe moyenne d’accéder à la propriété…».
La réponse de l’opposition
Réagissant à chaud au débat sur le projet de Loi de finances rectificative, l’opposition a répondu par une critique acerbe du Gouvernement et est montée sur ses grands chevaux, lui reprochant sa mauvaise gestion de la crise Covid 19. Le Parti de l’Istiqlal par la voix autorisée du Chef du groupe Istiqlalien à la Chambre des Représentants, Noureddine Modyane n’a pas ménagé ses critiques contre la gestion par le Gouvernement de la crise sanitaire. Gestion qu’il a qualifiée d’improvisée, soulignant que les initiatives prises par le Gouvernement actuel ne s’élèvent pas au niveau espéré de traitement de cette crise et se caractérisent aussi par l’absence de coordination et d’harmonisation entre les différentes composantes de l’exécutif, de même que par la faible communication… Et ce qui aggrave encore plus la situation, c’est, dit encore le chef du groupe d’opposition istiqlalien, que près de dix millions de Marocains sont désormais menacés de pauvreté.
Critique acerbe de l’opposition
De son côté, Rachid El Abdi chef du groupe PAM a souligné que le projet de Loi de Finances rectificative présenté par le Gouvernement a mis à découvert l’improvisation qui a prévalu chez le Gouvernement tout au long de la gestion de la crise «Coronavirus-Covid19» et sa capacité limitée à gérer l’investissement public.
Opposition de bonne guerre ? Le fait est que le projet est finalement passé.
Mohammed Nafaa