Entretien avec Omar Hjira, député istiqlalien
Pour Omar Hjira, député istiqlalien et fils de la région de l’Oriental, l’Algérie n’apprécie pas que le Maroc se développe. Elle mène donc campagne pour freiner son essor.
Vous êtes député du Parti de l’Istiqlal et fils de l’Oriental. Vous connaissez bien l’Algérie et les Algériens. Quelle appréciation faites-vous de la nouvelle crise dans la région provoquée par Alger?
Je dirais que le problème est devenu aujourd’hui un problème structural dans les relations maroco-algériennes. À savoir que, chaque fois qu’il y a élections dans le pays voisin ou une crise interne en Algérie, les autorités de ce pays font tout pour pointer du doigt un ennemi imaginaire qu’ils n’hésitent pas à appeler le Maroc.
De leur point de vue, en créant une adversité avec le Maroc ou, en cas de déclenchement d’une guerre avec nous, Marocains, le peuple algérien s’unirait autour du régime et oublierait ses problèmes économiques et sociaux.
Quel est l’état des choses aujourd’hui en Algérie?
Notre voisin vit une crise socio-économique assez grave et une crise politique du fait de l’existence d’un président malade qui n’est plus apte à tenir les rênes d’un pays du calibre de l’Algérie.
Que veut le régime en créant de toutes pièces une crise avec le Maroc?
Les responsables de l’Algérie tentent à travers ces pratiques machiavéliques d’orienter le peuple algérien vers un faux problème qui est celui des relations maroco-algériennes.
Et les deux peuples marocain et algérien dans tout cela?
Les deux peuples marocain et algérien sont amis, frères et une même famille que la politique ne peut diviser.
Le régime pourtant fait tout pour les diviser.
C’est sûr que les responsables algériens font tout pour désunir les deux peuples. En attestent cette hargne contre le Maroc et les Marocains et l’utilisation de procédés ignobles.
Et que fait le Maroc?
Le Maroc a vite fait de découvrir le pot aux roses et a envoyé des messages clairs pour que l’Algérie cesse de nous contrecarrer.
Pourquoi cette hargne contre le Maroc?
Nous comprenons tant bien que mal cette jalousie maladive du régime algérien par rapport au Maroc dont les raisons sont les réalisations positives du Maroc dans tous les domaines, politique, économique et social. Mais le Royaume, quel que soit le degré de cruauté et de jalousie des responsables algériens, ne traitera pas un pays frère et voisin avec une telle perfidie.
Comment expliquez-vous le rappel de l’ambassadeur marocain et son retour en Algérie en l’espace de trois jours?
Le rappel de l’ambassadeur ne veut pas dire rupture des relations diplomatiques. C’est juste un signal fort de la part du Maroc, suite à la campagne de dénigrement orchestrée par l’Algérie et plus particulièrement au message de Bouteflika à Abuja. Mais, je crois qu’il y a des signes de l’Algérie qui voudraient dire qu’elle aurait reconnu ses erreurs et égarements. En plus, les contacts présageraient peut-être un retour à la normale, puisque l’ambassadeur marocain est de retour à Alger. La crise pourrait être dépassée.
Mais si la crise persiste parce qu’elle est plus profonde…
Oui, la crise entre le Maroc et l’Algérie ne se résume pas au rappel de l’ambassadeur. Elle date de plusieurs décennies. Je suis persuadé que cette crise durera tant que durera la génération Bouteflika qui gouverne aujourd’hui.
La crise, à mon sens, est en corrélation avec cette génération Bouteflika qui attise la flamme de la haine contre le Maroc et les Marocains. C’est la génération de l’époque de l’Indépendance.
C’est une génération qui connaît pourtant bien les Marocains.
Bien plus, c’est une génération qui a vu les Marocains à l’œuvre, soutenant les Algériens dans leur combat contre le colonialisme et pour le recouvrement de leur indépendance.
De quoi souffre donc cette génération?
Cette génération souffre d’un complexe appelé le Maroc, le Roi et la Monarchie. Bouteflika aurait bien aimé être roi. Malheureusement, le régime et le pays ne peuvent satisfaire ce vœu. En plus, lui et son régime n’arrivent pas à avaler la réalité, à savoir que le Maroc jouit de la stabilité et de la sécurité et fait exception dans la région. En plus du fait que le Maroc jouit de la démocratie et est gouverné par un parti islamiste, avec aussi une forte opposition parlementaire. C’est un Maroc qui se développe au quotidien et dérange nos frères algériens. Ils ont tort…
Interview réalisée par Mohammed Nafaa