Le mois sacré de Ramadan, période de profonde piété et de haute spiritualité prend une toute autre allure pour les membres de la communauté musulmane en Pologne qui tentent tant bien que mal de perpétuer les traditions ancestrales avec une infinie ferveur.
Bien qu’ils soient nostalgiques de la chaleur familiale et l’ambiance conviviale sans pareille à laquelle ils étaient habitués dans leur pays d’origine, les musulmans de Pologne tentent de composer pendant ce mois de miséricorde, de bienfaits, d’entraide et de ferveur spirituelle avec un environnement socio-culturel différent.
Il est tout à fait naturel d’avoir le mal du pays en cette période de jeûne qui, d’habitude vous rapproche davantage de la famille et la communauté. De plus, les horaires stricts du travail durant le mois de Ramadan et l’effort physique qu’exigent certains métiers ne permettent pas en général de rompre le jeûne en groupe ou de prévoir des veillées conviviales, d’où le Ramadan n’est pas très différent des autres mois de l’année en Pologne.
Pour de nombreuses personnes qui résident en Pologne, passer le mois de Ramadan dans un pays d’émigration revient à l’abstinence alimentaire sans ressentir l’atmosphère qui caractérise ce mois sacré au Maroc, même si l’on essaie de recréer l’ambiance du pays d’origine.
”Malgré l’absence de l’ambiance ramadanesque, nous faisons de notre mieux. On essaie comme on peut de perpétuer les traditions marocaines propres à ce mois de miséricorde et de bienfaisance”, affirme Amina, femme au foyer, sur un ton nostalgique.
”Pour garnir la table de l’iftar, j’essaie de servir différents plats et mets qui perpétuent la généreuse tradition culinaire de ce mois sacré”, a-t-elle dit, relevant que contrairement aux pays à forte densité de population arabe et musulmane, ici il faut préparer soi-même les spécialités prisées durant le mois de Ramadan, faute de commerces dédiés à de tels produits.
Si certains parviennent à recréer cette ambiance familiale entourés de leurs familles et amis, d’autres vivant seuls ont du mal à surmonter le sentiment de dépaysement et composer avec la réalité de la distance par rapport à la famille.
Mohamed, un étudiant marocain qui passe le Ramadan pour la première fois en Pologne, a reconnu la difficulté de vivre l’ambiance du mois sacré dans le pays d’accueil, soulignant qu’il ne ressent le climat de spiritualité, de piété et de recueillement qui caractérise le Ramadan qu’au sein de la mosquée.
A l’instar de beaucoup de fidèles, il se rend chaque soir à la mosquée pour la prière d’Al-Ichaa et les prières de “Tarawih”, l’occasion de renforcement des liens sociaux et de débats sur la spiritualité et la quête de perfectionnement de soi, ainsi que sur la dimension authentique du jeûne qui doit primer sur les jouissances culinaires.
Le Ramadan constitue, en outre, pour de nombreuses familles expatriées une occasion idéale en vue d’apprendre aux enfants les valeurs que symbolise ce pilier de l’Islam et de les initier au jeûne et ses multiples vertus.
Malgré l’éloignement et le sentiment de nostalgie, les membres de la communauté musulmane établie en Pologne estimée à 40.000 soit 0,1 pc de la population, veillent, en ce mois de miséricorde, à perpétuer dans leur pays d’accueil les valeurs de partage, d’entraide, de solidarité et de cohésion.
Avec MAP