Ramadan est une occasion annuelle en or pour réviser le contenu de son assiette, en vue de rééquilibrer son alimentation.
Les nutritionnistes relèvent avec regret que les appels lancés en faveur d’un rééquilibrage alimentaire durant le mois de jeûne ne trouvent d’écho favorable que très rarement auprès des jeûneurs, surtout les plus gourmands d’entre eux, ceux qui considèrent la mastication comme sport favori.
Ceux qui succombent à l’appel du ventre
Aux yeux des plus boulimiques, l’appel à la prière du crépuscule (Al Moghreb), donnant le feu vert à la rupture du jeûne, est un moment quotidien où tous les excès sont permis, au nom du jeûne. Pour cette catégorie de citoyens, les aliments diététiques et légers n’ont aucune place sur leurs tables du F’tour. Selon eux, un repas de rupture de jeûne n’en est vraiment pas un, s’il n’est pas composé de plats variés, gras et consistants. Ces derniers vont de la Harira 100% marocaine (dont la préparation nécessite des ingrédients difficilement digérables), aux galettes farcies (qu’elles soient salées ou sucrées). Et que du Msemen à la graisse de «khlie» et aux oignons que les plus gourmands ne ratent pour rien au monde! Les plus suicidaires dînent peu de temps après le repas du F’tour. Ils s’attaquent, cette fois-ci, à des plats d’un autre type, comme les tajines, les plats d’œufs au «khlie» ou encore les têtes de mouton cuits à la vapeur, comme on en trouve aux anciens abattoirs de Casablanca et chez les gargotiers de la médina.
Pour les médecins généralistes et les gastro-entérologues, le fait de trop forcer sur son estomac durant le Ramadan peut s’avérer extrêmement dangereux pour la santé et même causer des maladies graves au niveau des systèmes digestif et cardio-vasculaire, particulièrement. Sans parler des cas d’obésité… Le nombre élevé des prises de rendez-vous avec le médecin, tout au long de ce mois, dénote la gravité de la situation qui menace la santé publique au Maroc.
Plaisir gustatif et maîtrise de soi
Face à ceux qui ne parviennent pas à se contenir devant la succulence des spécialités culinaires durant le Ramadan, on trouve, fort heureusement, des individus qui raisonnent de manière logique. Ces personnes deviennent encore plus pointilleuses et regardantes concernant le contenu de leurs assiettes, pendant le mois de Ramadan. Pour préserver leur santé, après une longue journée de jeûne (15 heures actuellement), cette catégorie de jeûneurs préfèrent manger bio en privilégiant les légumes, les fruits et les soupes légères. Au F’tour, considéré aussi comme dîner, pour des raisons de digestion, ils consomment tout ce qui est poisson et fruit de mer. Certes, les prix des produits de la mer au Maroc sont élevés. Mais, les spécialistes des questions diététiques appellent à faire un effort, ne serait-ce que pendant ce mois sacré. L’idéal, expliquent-ils, c’est de manger des sardines deux fois par semaine.
C’est que Ramadan est différent des autres mois. Mais si les uns l’ont réduit à une période de privations et de mauvais comportements alimentaires, d’autres en profitent pour se refaire une santé en béton…
Mohcine Lourhzal