Les Marocains, à l’instar des musulmans du monde, lui accordent une grande importance. Durant ce mois pas comme les autres, les liens familiaux se raffermissent et la charité envers autrui se développe. Cette année la situation sera bien différente.
Qui aurait cru qu’un jour, les Marocains allaient accueillir ce mois en étant confinés chez-eux, obligés de présenter une attestation de sortie exceptionnelle pour sortir de chez soi? Et Pourtant, la réalité est là et il va falloir s’y adapter qu’on le veuille ou non.
Prières collectives suspendues
Avec la fermeture des mosquées, les Marocains vont devoir vivre le mois du Ramadan sans rassemblements. Un mois de jeûne sans prières collectives notamment la nuit (Tarawih), sans grandes tablées réunissant plusieurs générations pour le repas du F’tour ni soirées papotage sur les terrasses des cafés. L’idée a d’abord semblé impossible à certains. Et pourtant, l’impensable s’est produit et de la manière la plus cruelle qui soit. A une semaine du début du Ramadan, qui devrait débuter le 25 avril 2020, les citoyens ont fini par se faire une raison. Ce sera donc un Ramadan en mode confinement et visio-conférences, avec l’espoir d’un allégement des mesures avant la fête de l’Aïd Al Fitr qui célèbre la fin de ces trente jours de jeûne. Pendant ce mois sacré, les familles se retrouvent, rompent le jeûne ensemble, avec les parents, les grands-parents, les oncles, les tantes, les cousins. Malheureusement, cette année, les fidèles ne pourront pas inviter leurs proches et devront se limiter à leur cercle familial le plus restreint.
Stress et boulimie
Ramadan peut constituer une période de surconsommation à cause du confinement. Pour faire face aux risques sanitaires liés au confinement, les nutritionnistes appellent à adopter une nouvelle hygiène de vie. Avec le confinement, nombre de repères volent en éclat. Si on y ajoute un manque d’exercice physique, il peut y avoir des conséquences graves sur la santé. L’augmentation du temps passé assis ou allongé, n’est pas sans conséquences sur l’état générale de la personne. Dans un contexte de confinement, les risques sont essentiellement d’ordres musculaire et pondéral.
Activitées physiques…
Pour prévenir l’impact du confinement sur la santé de la population, des applications mobiles de coaching sportif à domicile sont disponibles, notamment pour les personnes âgées. Gratuites, ces applications proposent une panoplie d’exercices à pratiquer à la maison. Des séances conçues et validées par des entraineurs professionnels permettent d’atteindre plusieurs objectifs comme la perte de poids ou le renforcement musculaire.
Le prix du confinement
Pour Mustapha Benhamza, membre du Conseil supérieur des oulémas et président du Conseil local des oulémas (Oujda), tant que le confinement durera au Maroc, les activités quotidiennes, notamment les prières, devront avoir lieu sans rassemblement. «(…) Pendant cette période sacrée, durant laquelle les mosquées sont très fréquentées, les prières quotidiennes du soir pendant le mois du Ramadan ne pourront pas être accomplies à la mosquée, comme c’est déjà le cas actuellement pour les cinq prières quotidiennes. Il faudra se contenter de prier en famille à la maison», estime-t-il, attirant l’attention sur le fait que le confinement s’il est prolongé impactera les fidèles habitués à célébrer un autre évènement annuel. Il s’agit de la nuit du destin, Laylat Al Qadr. C’est avec beaucoup de spiritualité, de recueillement et d’attachement aux traditions,que les Marocains célèbrent cette nuit (du 26ème au 27ème jour du Ramadan). Dès la tombée de la nuit (Salât Al Ichae) jusqu à l’aube (Salât Al Fajr), les fidèles musulmans de part le monde prient et invoquent le Tout Puissant. En raison de la pandémie du nouveau Coronavirus (Covid-19), les fidèles devront se contenter de la célébrer à la maison. Benhamza appelle les familles à faire preuve d’écoute et de compréhension vis-à-vis des enfants qui peuvent ressentir de l’angoisse et beaucoup d’ennui.
Le point sur l’approvisionnement
En toutes circonstances, le marché national doit être approvisionné surtout pendant cette période de l’année. Tel est la priorité rappelée par le ministre de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts, Aziz Akhannouch, lors de la réunion qu’il a présidé par visioconférence, avec le Président de la Fédération des Chambres d’agriculture, les Présidents des 12 chambres régionales d’agriculture et le Président de la Confédération Marocaine de l’agriculture et du Développement Rural (COMADER) représentant les fédérations interprofessionnelles agricoles. A quelques jours du mois sacré qui s’accompagne habituellement d’une hausse de la demande au niveau de plusieurs produits agricoles et alimentaires, le ministre a rappelé que les professionnels du secteur sont mobilisés pour assurer un approvisionnement normal et régulier du marché en ces produits.
Vivre le Ramadan autrement
Ramadan étant vécu comme une expérience de communauté, son déroulement est forcément chamboulé par les restrictions de déplacement et de rassemblement liées au Covid-19. Alors comment compenser l’absence de dimension collective du mois sacré? Il est conseillé de maintenir les liens familiaux au moins grâce aux réseaux sociaux. Face à l’impossibilité pour les familles de se réunir autour du repas de rupture du jeûne, les nouvelles technologies peuvent aider, à par exemple, ajouter une place virtuelle à la table pour les membres de la famille éloignés, notent des sociologues. Pour ce faire, il existe de nombreuses applications comme Skype et WhatsApp. Participer à des collectes de fonds en ligne peut également contribuer à augmenter le sentiment de satisfaction personnelle pendant cette période exceptionnelle. Hormis le renoncement aux retrouvailles collectives se pose aussi le problème de la perte potentielle de l’esprit de générosité et de partage caractéristiques du ramadan. Pour remplacer l’organisation de repas de rupture du jeûne par les mosquées et associations caritatives à l’adresse des personnes dans le besoin, des systèmes de distribution alternatifs respectueux des consignes sanitaires telles que préconisées par le ministère de la Santé.
Le nouveau Coronavirus (Covid-19) ne sera pas éradiqué de sitôt. En attendant un remède efficace contre ce virus mortel ou mieux encore, un miracle qui viendrait à bout du Covid-19, mieux vaut s’armer de patience en espérant une fin proche de cette pandémie qui a ravagé le monde.
LR