Les engagements pris par les pays signataires de l’Accord de Paris ne permettront pas de limiter suffisamment la hausse des températures, a averti l’ONU, qui souligne l’urgence de redoubler les efforts pour empêcher que la température mondiale n’augmente au-delà de l’objectif de maximum 2°C.
Dans un nouveau rapport de synthèse des contributions déterminées au niveau national (NDC) des pays, ONU Climat relève que « si la tendance est clairement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre au fil du temps, les nations doivent redoubler leurs efforts d’urgence en matière de climat si elles veulent empêcher que la température mondiale n’augmente au-delà de l’objectif de maximum 2°C, idéalement 1,5°C, fixé par l’Accord de Paris, d’ici la fin du siècle ».
Le rapport de synthèse a été demandé par les Parties à l’Accord de Paris pour les aider à évaluer les progrès de l’action climatique avant la conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP 26) qui se tiendra en novembre à Glasgow, en Écosse.
Le rapport comprend des informations provenant de l’ensemble des 191 Parties à l’Accord de Paris sur la base de leurs derniers NDC disponibles dans le registre provisoire des NDC au 30 juillet 2021, y compris des informations provenant de 86 NDC mis à jour ou nouveaux soumis par 113 Parties. Les NDC nouveaux ou actualisés couvrent environ 59% des parties à l’Accord de Paris et représentent environ 49% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES).
Pour le groupe des 113 parties ayant soumis des NDC nouveaux ou actualisés, les émissions de GES devraient diminuer de 12% en 2030 par rapport à 2010. Il s’agit d’un pas important vers les réductions identifiées par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui a estimé que la limitation de l’augmentation de la température moyenne mondiale à 1,5°C nécessite une réduction des émissions de CO2 de 45% en 2030 ou une réduction de 25% d’ici 2030 pour limiter le réchauffement à 2°C.
Au sein du groupe des 113 parties, 70 pays ont indiqué des objectifs de neutralité carbone vers le milieu du siècle. Cela pourrait conduire à des réductions d’émissions encore plus importantes, d’environ 26% d’ici à 2030 par rapport à 2010, note le rapport.
« Je félicite toutes les parties qui ont soumis des NDC actualisés ou nouveaux », a déclaré Patricia Espinosa, secrétaire exécutive d’ONU Climat. « La synthèse montre que les pays progressent vers les objectifs de température de l’Accord de Paris. Cela signifie que le mécanisme intégré mis en place par l’Accord de Paris pour permettre une augmentation progressive des ambitions fonctionne », a-t-elle ajouté.
Un nombre non négligeable de NDC soumis des pays en développement contiennent des engagements conditionnels de réduction des émissions, qui ne peuvent être mis en œuvre qu’avec l’accès à des ressources financières accrues et à d’autres aides, fait observer le rapport qui suggère que la mise en œuvre complète de ces éléments pourrait permettre aux émissions mondiales de culminer d’ici à 2030. En ce qui concerne les mesures d’adaptation aux changements climatiques, qui étaient souvent contenue dans beaucoup des NDC disponibles, le soutien reste particulièrement important, souligne ONU Climat.
« Cela montre à quel point la question du soutien aux pays en développement est centrale. Nous devons atteindre le pic des émissions le plus tôt possible avant 2030 et aider les pays en développement à renforcer leur résilience au changement climatique. La promesse de mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 était essentielle pour renforcer l’action climatique des pays en développement. Cet engagement, pris dans le cadre du processus de la CCNUCC il y a plus de dix ans, n’a pas encore été tenu. Il est temps de le tenir ses engagements, et la COP 26 est le lieu pour le faire. Les pays en développement ont besoin de ce soutien afin d’agir de la manière la plus ambitieuse possible », a insisté Mme Espinosa.
Le rapport contient également des conclusions inquiétantes. Les NDC disponibles de l’ensemble des 191 parties impliquent une augmentation considérable des émissions mondiales de GES en 2030 par rapport à 2010, de l’ordre de 16 %. À moins que des mesures appropriées ne soient prises immédiatement, une telle augmentation pourrait entraîner une hausse de la température d’environ 2,7°C d’ici la fin du siècle, selon les dernières conclusions du GIEC.
« L’augmentation de 16% est un énorme sujet de préoccupation. Elle contraste fortement avec les appels lancés par la science en faveur d’une réduction rapide, soutenue et à grande échelle des émissions afin de prévenir les conséquences climatiques les plus graves et les souffrances, notamment des plus vulnérables, dans le monde entier », a déclaré Mme Espinosa. Le rapport montre clairement que le cadre des NDC aide à ce que les Parties remplissent leurs engagements prévus dans l’Accord de Paris, a-t-elle ajouté.
LR/MAP