Les ministres de l’Enseignement et de la Recherche scientifique des pays du dialogue 5+5 se sont mis d’accord à Rabat pour unir leurs efforts, encourager la mobilité et soutenir l’innovation.
Rabat (au siège du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres) a abrité, les 19 et 20 septembre 2013, la première Conférence des ministres en charge de la Recherche scientifique des pays du dialogue 5+5. L’objectif était d’approfondir les recommandations issues du deuxième Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres qui s’est tenue à la Valette (Malte), les 5 et 6 octobre 2012. Ces recommandations visent le renforcement de la coopération en matière de recherche scientifique, particulièrement la création d’un véritable espace intégré de recherche et d’innovation basé sur un pont technologique entre les deux rives de la Méditerranée. Elles préconisent également l’appui aux actions de formation des formateurs et de perfectionnement au profit des enseignants-chercheurs et des chercheurs dans les différents domaines scientifiques et technologiques.
Cette première Conférence a été précédée par une réunion à Rabat au niveau des experts, les 18 et 19 juillet 2013, durant laquelle ces derniers ont déterminé les différents axes de coopération dans le domaine de la recherche scientifique entre les pays en question, dans le cadre d’une feuille de route.
Dépasser le concept Nord-Sud
Dans son discours d’ouverture, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres, Lahcen Daoudi, a rappelé que le monde passe par des transformations majeures, avec des impacts sur les changements climatiques et politiques, ainsi que sur la crise économique qui, à son tour, a un impact sur la société et la région Euromed. Le ministre a appelé à dépasser le concept Nord-Sud de la Méditerranée et se mettre dans le même camp pour pouvoir relever les défis. Il a rappelé que l’économie internationale s’oriente plus que jamais vers l’économie basée sur le savoir.
Mieux gérer le 1%
Pour Lahcen Daoudi, ce n’est pas tant le taux de 1% du budget de l’Etat alloué à la recherche scientifique qui le chiffonne. Avant son entrée au gouvernement, il n’avait pas cessé de déplorer la situation de cette recherche. Mais, aujourd’hui, comment gérer cette infime dotation qui ne dépasse pas le 1%. Rendant hommage à l’initiative marocaine d’organiser cette première rencontre «5+5» à Rabat, le ministre a précisé que cette réunion témoigne de la volonté de tous d’accepter l’innovation dans le domaine de la recherche scientifique. Il a dans ce sens appelé tous les pays à renforcer cette coopération et à mettre en place un espace euro-méditerranéen pour encourager la recherche scientifique, estimant que cette initiative «n’est que le départ pour renforcer la recherche scientifique».
Appuyer la mobilité des chercheurs
Intervenant à leur tour lors de la séance inaugurale de la rencontre de Rabat, les ministres européens et maghrébins ont tour à tour appuyé la mobilité des chercheurs dans le domaine scientifique. «Une tendance internationale qu’il faut encourager», a précisé Nuno Crato, ministre portugais de l’Education, de l’Enseignement supérieur et de la Science, appelant à créer une certaine manière de coopérer. Pour le ministre algérien de l’Enseignement supérieur, Mohamed Mebarki, les enjeux «nous amènent à relever les défis de la qualité qui exige la maîtrise de la technologie». Et d’ajouter: «Notre vœu est de promouvoir la coopération scientifique et technologique régionale pour faire face aux défis sur une base d’équité pour l’ensemble des partenaires».
Les solutions d’abord
La secrétaire d’Etat espagnole à la Recherche et à l’Innovation, Carmen Vela Olmo, est allée droit au but, sans langue de bois. «Nous sommes convaincus que nos citoyens attendent de nous plus que des documents: des solutions», a-t-elle rappelé. Une allusion à la proposition de la Déclaration de Rabat d’installer un comité de suivi pour mettre en œuvre les quatre objectifs de ladite Déclaration.
Réfléchir ensemble
Pour sa part, la ministre française de l’Enseignement supérieur et de la Recherche est revenue sur le volet mobilité. «Il est essentiel et urgent de faciliter la mobilité de formation des étudiants-chercheurs. Nous devons dépasser nos frontières», a-t-elle précisé. Elle a aussi eu une belle pensée pour l’Afrique en mettant l’accent sur l’utilité de réfléchir ensemble sur une dynamique qui doit se tourner vers l’Afrique subsaharienne. Et de conclure: «La mobilité doit être au cœur de nos débats».
Le mot de la fin est venu de la ministre italienne de l’Education, Maria Chiara Carrozza, pour qui la coopération de la recherche scientifique doit s’élargir et être basée sur le partage de la connaissance dans tous les domaines politique, culturel et technologique.
La Déclaration de Rabat
La Conférence des ministres des pays du dialogue 5+5 en charge de la recherche scientifique a clos ses travaux par la signature de la Déclaration de Rabat, qui a consacré le groupe 5+5 pour développer la coopération euro-méditerranéenne et être un modèle de partenariat et de solidarité entre les deux rives de la Méditerranée. Cette Déclaration a également mis l’accent sur l’importance de la recherche scientifique en tant que levier du développement économique durable. Elle a enfin appelé à unir les potentialités des pays membres pour soutenir l’innovation et affronter ensemble les défis sociaux actuels.