Réservées aux stars fortunées au début des années 2000, mais grande tendance de ces dernières années, les extensions capillaires se sont démocratisées pour devenir un des accessoires incontournables. Un succès grandissant de jour en jour, au point que les mèches de cheveux en «bonne santé» se vendent à prix d’or.
Elles sont deux étudiantes de 22 ans, elles sont guinéennes et se sont dirigées vers ce salon de coiffure spécialisé dans la vente de cheveux véritables. «On nous a parlé de ce salon de coiffure, parce qu’il pratique des prix abordables pour de vrais cheveux», lance l’une d’elle. Elles ne veulent pas que leurs noms soient publiés. «C’est un coiffeur qui vend les cheveux. Il est le propriétaire du salon. Il nous a dit 2.000 DH chaque queue de cheveux». Elles estiment que c’est un bon prix pour la qualité des cheveux qu’elles auront.
Elles s’installent dans un coin, attendant leur tour. Silencieuses, elles regardent le professionnel poser des extensions du même genre à une cliente marocaine. Elle doit avoir la trentaine. Elle est venue avec un foulard sur la tête et une «nurse» pour garder son fils l’accompagne. Son choix s’est porté sur deux grosses masses de cheveux que le coiffeur a préalablement traités. «Je veux avoir des cheveux bouclés», dit-elle moqueuse aux autres clientes attendant leur tour. Le coiffeur a déjà opéré une coloration «marron chocolat» sur les cheveux de la cliente, ainsi que sur les extensions pour pouvoir les confondre.
Je veux avoir des cheveux!
Ce coiffeur ingénieux a deux autres salons de coiffure dans des zones dites «populaires». Là-bas, les clientes ont de longues chevelures très denses qu’elles ne coupent presque jamais. Depuis la mode du «carré plongeant» -en 2012-, qu’elles ont vu chez presque toutes les «citadines», elles ont commencé à envisager de se séparer de leurs longueurs au profit d’une coupe dans l’air du temps.
Profitant de cette mode, le coiffeur ramassait les chutes de cheveux des clientes de ses salons des quartiers populaires pour les revendre à prix d’or aux clientes du salon des quartiers huppés qui, elles, réclamaient des cascades de boucles et étaient prêtes à débourser de belles sommes. C’est ainsi que sa réputation de vendeur de cheveux véritables s’est faite par le bouche à oreille.
«J’ai des cheveux crépus, ils ne poussent pas vraiment vite comme les autres», explique Siham, une jeune fille de 18 ans que son petit copain vient de déposer en moto. Elle est venue faire un brushing. Ses cheveux sont longs et ont tout l’air de lui appartenir, sauf qu’en réalité, ses cheveux sont très courts, une dizaine de centimètres et sont cachés par des extensions. «Les filles comme moi ont honte de dire qu’elles ont des extensions, parce que ça voudrait dire qu’on a des cheveux crépus et donc moches ou qu’on n’a pas assez de cheveux. Mais moi, ça ne me dérange pas d’en parler!», ajoute-elle. Selon elle, il n’y a que les Marocaines qui se sentent complexées par les extensions. Les Subsahariennes, quant à elles, n’y voient aucun problème, elles en parlent ouvertement.
«C’était une aubaine: une fille venait tout juste de couper 40 centimètres de cheveux naturels, jamais colorés, devant moi. Je lui ai tout de suite dit qu’elle pouvait demander le prix qu’elle voulait et que je paierais». Elle s’est dirigée par la suite vers ce salon pour procéder au tissage. Une technique très méticuleuse consistant à coudre des bandes d’extensions capillaires au plus près de la racine pour avoir un résultat naturel et presque indétectable.
Des extensions, pour qui et pour quoi faire?
«Il y a trois types de clientes qui souhaitent se faire poser des extensions capillaires. Celles qui le font pour des raisons de densité, parce qu’elles n’ont pas assez de volume dans les cheveux et celles qui le font pour avoir de longs cheveux», explique Amine le coiffeur. Le troisième type serait celui des femmes ayant, selon lui, une «mauvaise qualité» de cheveux. Des cheveux très abimés par des colorations répétées, l’utilisation abusive de fers à lisser en seraient entre autres la cause. Il ajoute qu’au Maroc, un cheveu crépu est mal vu, ce qui pousse certaines clientes à adopter des extensions de cheveux lisses pour «camoufler» leur nature.
Les extensions peuvent avoir d’autres utilisations plus diverses, notamment un changement de look. Arborer une belle crinière de lionne épaisse peut en effet rajouter une note de charme indéniable à celles qui la portent. «Les cheveux, c’est la féminité chez la femme», lance le coiffeur d’un ton assuré.
Autre utilisation prédominante des extensions, celle de l’Art capillaire. En Afrique, par exemple, l’Art capillaire est célèbre par des coiffures tout en mouvement, débutant dès la racine des cheveux et avec de très longues tresses naturelles ou colorées. Des coiffures très recherchées surtout par les photographes spécialisés dans la photo de mode.
«J’ai porté des tresses pendant longtemps. Maintenant, j’ai envie de changer et d’essayer les cheveux lisses», explique la deuxième Guinéenne qui jusqu’ici était restée muette. Elle avoue, un tantinet hésitante, que les cheveux lisses sont plus beaux à regarder et qu’ils l’ont toujours fait rêver, sauf qu’elle n’a jamais pu s’offrir de vrais cheveux. «J’utilisais des extensions synthétiques à clips. Elles sont moins coûteuses, mais les cheveux sont si brillants que ça se voit que ce ne sont pas des vrais».
Cette nouvelle mode des extensions capillaires qui fait un tabac chez les femmes a sans doute de beaux jours devant elle, à en croire toutes ces personnes souffrant de stress dans le Monde, le mal du 21ème siècle, provoquant d’importantes chutes de cheveux. Les marchands de cheveux, conscients de la demande, rivalisent d’innovation pour satisfaire toutes les franges de la clientèle. Même les petites bourses peuvent désormais se targuer d’avoir des cheveux longs et épais grâce notamment aux extensions à clips qui se posent facilement et par soi-même.
Les hommes, quant à eux, continuent de pencher pour la transplantation contre l’effet disgracieux de leur calvitie. Mais selon certains coiffeurs, il y en a qui s’intéressent aussi à l’extension capillaire… Des jeunes branchés, sans doute!
Mais ne nous moquons-pas, ce monde ne cesse de nous étonner avec ses extrêmes, d’un côté ; et ses légèretés, de l’autre.
Yasmine Saih
Les motivations pour se faire poser (acheter) des extensions ou vendre ses cheveux sont très variables d’une personne à l’autre. C’est en Amérique que ce phénomène est le plus développé. Et c’est un domaine où l’on voit parfois des chiffres hallucinants…
– Des personnes aux USA, d’origines africaines ou non, pas forcément des célébrités de la chanson ou du cinéma, qui dépensent plusieurs dizaines de milliers de dollars par an pour avoir des extensions et en prendre soin.
– Des personnes qui vendent leurs cheveux à prix d’or (cette brésilienne les a vendu 3600 euros… ([url] »http://jevendsmescheveux.com/vendre-ses-cheveux-pour-3600e-elle-la-fait/ »[/url])).