D’un côté le stress hydrique, de l’autre une politique des barrages qui tente d’anticiper… L’eau potable est au cœur des préoccupations du Maroc.
CESE: rapport alarmant sur le stress hydrique
Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) révèle que les menaces de stress hydrique risquent de s’élargir davantage. En effet, les changements climatiques se traduisent par un manque grandissant des ressources en eau au niveau national. A cela s’ajoute la mauvaise gouvernance dans le secteur.
Le Conseil de Nizar Baraka considère que les attributions du ministère délégué chargé de l’eau et du Conseil supérieur de l’eau et du climat ne sont pas efficientes. En plus, le seul organe de régulation, à savoir la Commission interministérielle de l’eau, est inactif, d’après le rapport du CESE. Pour ce qui est de la loi sur l’eau, elle est «en déphasage avec les réalités et les besoins du moment, surtout qu’elle souffre également d’une faible effectivité de ses textes d’application», relève-t-on dans le rapport.
C’est dans ce sens que les membres du CESE ont divulgué une série de pistes de réforme afin d’améliorer la gouvernance du secteur pour atténuer l’impact du stress hydrique. «Il ne s’agit plus de se contenter de ce que la nature nous permettait traditionnellement de mobiliser», peut-on lire dans le rapport. De ce fait, le CESE recommande de consolider les prérogatives du Conseil supérieur de l’eau et du climat. L’objectif est d’inscrire le processus de gouvernance de cette ressource dans une approche participative qui implique la société civile. Le Conseil appelle également à redynamiser les 9 bassins hydrauliques à travers l’institutionnalisation par décret de leurs comités/forums. S’agissant des contrats de nappe, les membres du Conseil tablent sur la nécessité d’impliquer les utilisateurs, notamment les agriculteurs, les industriels, l’ONEE, les élus et les organisations non gouvernementales (ONG).
D’autre part, le rapport du CESE met l’accent sur l’importance de mobiliser des investissements, sur le moyen et le long termes, pour le développement des eaux non conventionnelles. Il s’agit du dessalement de l’eau de mer, de la déminéralisation des eaux saumâtres et de la réutilisation des eaux usées épurées.
Anas Hassy
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La politique des barrages se poursuit avec le «Kharroub»
Les travaux de construction du barrage Kharroub ont été lancés, vendredi 11 avril, par SM le Roi Mohamed VI. L’ouvrage est situé sur l’Oued Kharroub, à 45 kilomètres de Tanger.
Cet ouvrage hydraulique entre dans le cadre du renforcement de l’infrastructure hydraulique du royaume. Autrement dit, il vise à répondre à la forte demande en eau potable et industrielle de la région Tanger-Tétouan, ainsi qu’à mobiliser de nouvelles ressources disponibles, principalement en eau de surface.
Par ailleurs, ce nouveau barrage a pour objectif de généraliser l’accès à l’eau potable et d’améliorer les conditions de vie et de santé des citoyens de la région. A cela s’ajoutent le désenclavement des populations locales, le développement du tourisme environnemental grâce à l’exploitation de la retenue du barrage et la création de 470.000 jours de travail prévus pour la période de réalisation du projet évaluée à 60 mois.
Nécessitant un investissement de 1,6 milliard de dirhams (MMDH), ce futur barrage aura une capacité de 185 millions de m3 et permettra la régularisation d’un volume de 40 m3 d’eau annuellement. Il sera financé par les Emirats Arabes Unis et le budget général de l’Etat marocain.
Dans ce même contexte, la ministre déléguée marocaine auprès du ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, chargée de l’Eau, Charafat Afilal, a affirmé que le Maroc a mis en place une stratégie pour lutter contre l’insuffisance des ressources en eau lors des prochaines années.
A cet effet, le royaume prévoit de réaliser 59 barrages à l’horizon 2030, notamment 28 de grande capacité, pour un montant de 11,5 MMDH et plusieurs petits barrages pour un coût de 1,7 MMDH.
Le projet comprend aussi le transfert des eaux des bassins du nord vers les régions déficitaires, afin d’acheminer 800 millions de m3 d’eau par an pour une enveloppe de 2,5 milliards de DH.
Le Maroc fait face à un vrai défi en matière de mobilisation des ressources hydriques, puisque la demande en eau atteindra 16,7 milliards de m3 en 2030, contre 13,7 milliards actuellement.
AH