La guerre en Ukraine a changé la donne. «On voit bien que l’offensive en Ukraine et l’affaiblissement de la Russie profite à l’Azerbaïdjan», soulève Tigrane Yegavian, chercheur au Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R).
Alors que l’attention de la Russie est portée sur son offensive en Ukraine, l’Azerbaïdjan «avance ses pions dans le Karabakh». Si les incidents entre les forces armées azerbaïdjanaises et arméniennes sont fréquentes, c’est la première fois que l’une des parties est accusée par Moscou d’avoir violé le cessez-le-feu de 2020. Dans ce conflit du Haut-Karabakh, «la Russie s’est positionnée comme arbitre, comme une force ultra-indispensable pour la population arménienne».
En réalité, «Moscou ne veut pas de paix, mais entend geler le conflit suffisamment longtemps pour se maintenir dans sa traditionnelle zone d’influence du Sud-Caucase», estime Tigrane Yegavian. Lorsque, le 26 mars dernier, le Conseil de sécurité du Haut-Karabakh demande au ministère de la Défense russe d’augmenter le nombre de soldats dans la région, le porte-parole du Kremlin rétorque que «cette question doit être posée à nos soldats», rappelle le quotidien tchèque Deník N, traduit par international. Une manière à peine détournée pour faire comprendre que ce plan n’a jamais été sur la table et qu’entrer dans un conflit armé dans le Caucase du Sud n’est pas à l’ordre du jour de la Russie.
Les chefs d’État azerbaïdjanais et arménien ont ordonné à leurs ministres des Affaires étrangères de «commencer les préparatifs aux pourparlers de paix entre les deux pays», a indiqué la diplomatie arménienne dans un communiqué. «C’est très, très positif», a salué le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, tout en soulignant qu’«il est clair que ce processus va prendre beaucoup de temps».
P. Zehr