Russie-OSC | L’isolement très relatif de Poutine

Si l’on en croit les grands médias audiovisuels occidentaux,  rien ne va pour Poutine. Son armée serait battue et même humiliée en Ukraine. Il aurait en fait renforcé l’Otan et se retrouverait totalement isolé diplomatiquement. Tout cela est partiellement vrai, mais doit être relativisé. Explications.

Sur le front militaire, on verra au bout du bout de la guerre. Mais sur l’isolement mondial du «dictateur» russe, c’est assez faux. Ce qui est vrai, c’est que Poutine est mis au  ban du monde occidental pro américain. Les Américains ont réussi à  diviser pour 50 ans l’Europe, éloignant l’Union européenne de la Russie et renforçant son influence militaire sur le vieux continent. Mais le revers de la pièce est de transformer une vague alliance commerciale en un bloc géopolitique militaro-industriel. Il s’agit de l’organisation de coopération de Shanghai dont on ne parle pas assez.

L’Organisation de Shanghai pour la coopération (Shanghai Cooperation Organisation) est une organisation intergouvernementale créée à Shanghai le 15 juin 2001. Elle se compose actuellement de huit États membres (Chine, Fédération de Russie, Inde, Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Pakistan et Tadjikistan), de quatre États observateurs souhaitant devenir membres à part entière (Afghanistan, Bélarus, Iran et Mongolie) et de six «interlocuteurs» (Arménie, Azerbaïdjan, Cambodge, Népal, Sri Lanka et Turquie). En 2021, la décision a été prise de lancer le processus d’adhésion de l’Iran à l’OSC en tant que membre à part entière, et l’Égypte, le Qatar, ainsi que l’Arabie saoudite sont devenus des partenaires de dialogue. Depuis sa création en 2001, l’Organisation de Shanghai pour la coopération s’est principalement concentrée sur des questions de sécurité régionale, la lutte qu’elle mène contre le terrorisme, le séparatisme ethnique et l’extrémisme religieux à l’échelle de la région. Le Sommet historique des dirigeants des États Membres, qui a eu lieu les 8 et 9 juin 2017 à Astana, au Kazakhstan, a lancé une nouvelle  étape dans le développement de l’Organisation, l’un de ses principaux résultats étant l’adhésion complète de l’Inde et du Pakistan. L’adhésion de ces deux États d’Asie du Sud, puissants et influents, a permis à l’OSC de renforcer ses capacités et d’élargir son champ d’action, notamment pour faire face aux nouveaux défis et aux nouvelles menaces.

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La vaste région comprenant les États Membres de l’OSC -qui s’étend du nord au sud, de l’Arctique à l’océan Indien, et de l’est à l’ouest, de Lianyungang en Chine, à Kaliningrad dans la Fédération de Russie- abrite plus de 44 % de la population mondiale. Elle a pour tâche fondamentale de maintenir collectivement la stabilité et de faire face efficacement aux menaces à la sécurité dans nos territoires respectifs, dont la responsabilité incombe actuellement à la plus grande organisation régionale au monde.

En intégrant quatre puissances nucléaires –la moitié des États nucléaires du monde– en une seule organisation régionale, l’OSC est un moyen de dissuasion supplémentaire au sein du système mis en place pour maintenir un équilibre stratégique des puissances et une stabilité politique. En plus des accords des États Membres sur les principales questions figurant à l’ordre du jour régional et mondial, le texte de la Déclaration d’Astana des Chefs d’État de l’Organisation de Shanghai pour la coopération, qui est un document final du Sommet d’Astana, précise les nouvelles mesures que l’organisation prendra pour faire face aux menaces à la paix et à la sécurité internationales.

La loi des crashs

Significatif, tous les Etats membres se sont abstenus lors des votes hostiles à la Russie à l’Onu. 20% du PIB mondial, la moitié moins que l’Otan, mais 40 % de la population mondiale avec plus de 3 milliards d’habitants. Sur le plan militaire plus de 4 millions d’hommes 13 000 chars et 9.000 avions. Ce n’est pas négligeable.

Mais cette organisation reste surtout le maitre international des énergies. 31 % de la production mondiale de gaz, 23 % du pétrole, 67 % du charbon, 50 % de l’uranium et plus de 67 % des réserves en métaux rares. L’OSC a la main sur les leviers énergétiques fossiles, nucléaires ou renouvelables. Tout cela souligne la faiblesse de l’Europe qui a abandonné toute stratégie de puissance minière et se retrouve sous pression ou sous assistance américaine.

La guerre en Ukraine profite donc essentiellement aux Américains. Mais c’est à court terme. A moyen terme, on voit se consolider une alliance mondiale plutôt anti occidentale et une perspective de nouvelle guerre froide. Il n’y a pas que la guerre qui menace l’Europe et le monde il y a la reconstitution de blocs antagonistes. L’alliance américaine se renforce mais suscite elle-même l émergence d’une contre alliance.

L’isolement de Poutine est donc très relatif sauf dans les médias dominants occidentaux qui font peut être les opinions dans  leurs pays respectifs au risque de prendre leurs désirs pour des réalités, mais certes pas l’histoire dont ils devraient être des observateurs plus lucides et nuancés.

Patrice Zehr

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