Sahara-Algérie-Maroc : Les affres d’un pouvoir d’un autre âge

Le Sahara Occidental «continue de subir les affres d’un colonialisme d’un autre âge», a déclaré le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, devant la 25ème session ordinaire du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA), à Johannesburg (Afrique du sud), où il représentait le président Abdelaziz Bouteflika, le 15 juin dernier.
Cette phrase se voulait «un tir de mortier» contre le Maroc. Si elle a fait long feu, c’est qu’il ne pouvait en être autrement, l’UA, en tant qu’organisation, s’étant exclue de toute recherche de solution au problème du Sahara depuis qu’elle a affiché sa partialité en se rangeant officiellement derrière les séparatistes. De nombreux pays, au sein de l’UA, savent que le Sahara est -et a toujours été- marocain ; que c’est le Maroc qui a inscrit ce territoire à la commission de décolonisation au début des années soixante, après l’avoir sans arrêt revendiqué, aussi bien devant l’Espagne que devant les instances onusiennes (les documents de l’ONU des années cinquante en attestent).

Ces pays savent qu’il n’y a jamais eu de peuple sahraoui, mais de simples Marocains sahraouis faisant partie de la mosaïque du peuple marocain, au même titre que les autres composantes de cette mosaïque: les Marocains rifains, les Marocains soussis, les Marocains doukkalis, les Marocains mzabis, etc. Ils savent que ce sont 40 années de haine et d’acharnement du pouvoir algérien contre le Maroc qui ont transformé une poignée d’opposants marocains en fondateurs d’une république auto-proclamée, entièrement portée par l’Algérie qui a misé sur le temps pour «fabriquer» un peuple sahraoui…
On ne s’attardera pas sur les mobiles du pouvoir algérien. Ils sont archi-connus. On déplorera cependant ce gâchis maghrébin dans lequel le pouvoir d’Alger a une lourde responsabilité.
Un gâchis que prolongent les tenants de ce pouvoir qui ne lâchent rien, depuis 40 ans, ni dans le dossier du Sahara, ni –surtout- dans ce beau pays qu’est l’Algérie dont ils gardent le valeureux peuple sous leur chape de plomb.
Les mots prononcés par le premier ministre Sellal devant l’UA relèvent d’une stratégie aujourd’hui totalement percée à jour. Il s’agit de marteler une thèse et les formules qui vont avec, jusqu’à les graver dans les esprits. Cela s’apparente à la méthode de Goebbels sous les Nazis. D’abord, on martèle que le Sahara est «la dernière colonie en Afrique» et que le Maroc est le pays qui fait subir «les affres d’une colonisation d’un autre âge». Ensuite, on appelle à la mobilisation contre cet état de fait.
Côté marocain, où on a longtemps cherché la conciliation, au nom d’un idéal maghrébin, on se défend aujourd’hui, certes, parfois avec les mêmes armes, mais comment pardonner à ces dirigeants d’Algérie qui s’accrochent au pouvoir depuis 40 ans, d’avoir semé autant de haine entre les peuples marocain et algérien ? Il faut en finir avec cette haine et donc avec ceux qui la provoquent et l’entretiennent. Personne ne le dit ouvertement, mais tout le monde est convaincu que les tenants du pouvoir en Algérie ont fait leur temps et que ce pays a suffisamment souffert des «affres d’un pouvoir d’un autre âge», pour pasticher la harangue de Abdelmalek Sellal. Ce pays, mais aussi la région !

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5 Commentaires

  1. alors qu’en faites-vous avec les conclusions de la CIJ et les résolutions des nations unis – vous les rejetés en bloc et dans ce cas seul le makhzen a raison. Mais nom de Dieu vous étés têtus ! – la Mauritanie, une partie de l’Algérie et pourquoi pas les usa parce qu’ils découvert par Ibn batouta appartiendrait au makhzen.

  2. meilleur broker

    Merci beaucoup pour votre article et votre site de qualité

  3. Qu on vire leur ambassadeur et qu on mette l allié. Israelien a la place.

  4. Il est temps de poser le problème du Sahara en d’autres termes. Rappeler que la partie occidentale du Grand Sahara est marocaine, en s’appuyant sur les preuves qui établissent la légitimité historique de cette appartenance, est à mon avis complètement dépassé. Dans son discours du 6 novembre dernier, le roi Mohammed VI a très nettement balisé la nouvelle démarche qui désormais doit être celle du Maroc. Aussi a-t-il clairement signifié autant à l’adresse de la communauté internationale qu’à celle des gouvernants algériens que le problème du Sahara est une « question d’existence et non de frontières ». Ce que l’on pourrait traduire par ceci : Le Maroc ne se laissera jamais encerclé. Et de marteler fermement que  » le Maroc est dans son Sahara et compte y rester jusqu’à la in des temps ».
    C’est à l’aune de ces affirmations qu’il convient aujourd’hui d’appréhender le conflit du Sahara. Pour l’Algérie, comme tous les observateurs avertis le savent, l’enjeu est éminemment géostratégique. Et c’est dans l’interminable processus de quête identitaire, qu’elle ne peut inscrire, à défaut d’une profondeur historique, que dans une profondeur géographique, que doit être comprise l’inimitié pathologique que l’Algérie nourrit à l’endroit du Maroc…Et sa velléité obsessionnelle à amputer le royaume de son Sahara en est la traduction.
    Enfin, je dirai pour finir que l’ère des Conférences Derbouka initiées par Sellal et autre Laamamra au sein de l’U.A n’auront pas plus d’effet sur la détermination du Maroc qu’en ont eu les Conférences Tam Tam ( Dixit Hassan II) de l’OUA par le passé…Et que s’il faut nécessairement passer par la case guerre si celle-ci est imposée au Maroc…Eh bien, il la fera.

  5. Toutes approches de l’histoire d’un pays est parfois empreinte d’une vision subjective des faits historiques ou autres ; vision subjective liée aux choix des faits et à la manière dont ils sont agencés et interprétés. Mais, nous pouvons revisiter l’histoire du Maroc, toute l’histoire du Maroc… Nous pouvons prendre cette histoire par n’importe quel bout, elle nous mènera non seulement droit aux confins du Sahara, mais aussi à l’unité du Maghreb que certaines dynasties ont réussi parfois à établir à partir de la ville de Fès ou celle de Marrakech.
    L’Algérie parle de décolonisation ? Elle n’est pas à un ridicule près !
    L’histoire contemporaine rappelle partout que c’est l’armée marocaine de libération du Sud, renforcée par des éléments de l’armée marocaine du Nord et par quelques tribus Sahraouies qui ont mené les premiers en 1957 des opérations de guérilla contre les troupes de Franco et ont fait quelques incursions en Mauritanie sous contrôle français.

    Ces opérations de guérilla c’est la guerre d’Ifni, le nom donné aux opérations militaires menées par l’Armée de libération marocaine entre octobre 1957 et avril 1958 contre les troupes coloniales espagnoles pour libérer Ifni, Tarfaya et le Sahara occidental de l’occupation espagnole. En espagnol, cette guerre est dénommée la guerra olvidada qui signifie « la guerre oubliée ».

    Cette guerre est considérée comme faisant partie « DU MOUVEMENT GÉNÉRAL DE DÉCOLONISATION » qui s’étendit en Afrique durant la deuxième moitié du XXe siècle. La guerre fut dirigée principalement par des éléments de l’armée de libération marocaine, la même formation militaire de libération qui lutta pour l’indépendance contre les Français, dirigée par le général marocain Ben Hammou de la tribu des Aït Baamrane. Cette formation militaire marocaine lança des opérations militaires dans tout le Sahara occidental et le sud de la Mauritanie qui étaient à l’époque colonie française. En 1958, des accords sont signés entre le gouvernement espagnol et le Maroc. Celui-ci obtient la rétrocession de la région de Tarfaya (Cap Juby), à l’exclusion de Sidi Ifni et du reste du Sahara occidental.

    C’est à la demande du Maroc en 1963 que Sidi Ifni et le Sahara occidental ont été déclarés par l’ONU territoire non autonome. . L’Espagne a rétrocédé Sidi Ifni en 1969, [u]conformément à la résolution 2072 de l’Organisation des Nations unies (1965), qui appelle à la décolonisation d’Ifni et du Sahara occidentale[/u]. Mais elle a conservé le Sahara occidental jusqu’au début de la marche Verte (1975) qui a bouté définitivement le colonisateur espagnol des terres marocaines.

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